U-Zine

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Aaah, toutes ces tournées qui ne daignent pas passer par la France… Tenez, rien que pour cette année, on n’a pas eu droit à Sodom et Die Hard, au plateau réunissant entre autres Nile, Melechesh et Dew-Scented… Je sais pas vous, mais moi j’aurais toujours ressenti une pointe d’injustice de me voir privé de ces soirées metal… s’il n’existait pas le pays que nous, métalleux et autres Nordistes amateurs de bière, considérons comme le Saint-Graal : la Belgique.
Et une nouvelle fois, c’est au Biebob qu’on sera régalés ce soir avec la venue des Irlandais de Primordial, les doomeux de While Heaven Wept et le très populaire groupe français Alcest. Mais comme toujours, le problème avec Vosselaar, c’est que c’est loin, et qu’il faut partir tôt pour ne pas louper une miette du spectacle. Autant dire qu’en pleine semaine avec un show débutant à 19h30, c’était peine perdue !

Alcest

Arrivés devant le Biebob, on n’espérait même plus voir quoi que ce soit d’Alcest… Le groupe nous aura attendu avant de jouer son dernier morceau de la soirée, ouf ! Le temps d’écouter « Souvenirs D’Un Autre Monde » et la bande à Neige tire déjà sa révérence, devant une salle bien remplie et qui semble avoir apprécié le spectacle, et applaudit chaleureusement les français. Pour ma part, ne connaissant pas bien la formation, il n’était pas facile de rentrer dans le concert quasiment à la fin. La musique est belle, planante, mais je n’ai pas réussi à me prendre au show. Après avoir loupé le groupe avec Dornenreich en avril dernier (le concert était sold-out !), j’espère avoir une nouvelle occase de me rattraper un de ces jours. En tout cas, les lights et le son étaient juste nickel, et ça augure du meilleur pour la suite de la soirée !

While Heaven Wept

Je ne suis pas fan de doom. Mais alors, pas fan du tout. Donc, à vrai dire, j’avais prévu d’aller prendre l’air, me boire une bière, aller au Metalzone d’à côté (ouvert les soirs de concert, même le dimanche soir, si ça c’est pas la classe)… Et finalement, je suis resté. Je sais pas ce qui m’a poussé à regarder ce show de While Heaven Wept, mais grand bien m’a pris : j’ai passé un très bon moment ! Le groupe entame le set par « The Drowning Years », extrait de leur second album « Of Empires Forlorn », et j’ai rapidement été emportée par leur musique lente, mélodique, assez mélancolique, mais pas linéaire pour autant. On compte beaucoup de moments typiquement doom, mais les compositions de While Heaven Wept possèdent aussi leur lot de passages pêchus, ce qui n’est pas pour me déplaire !

Le groupe est assez statique sur scène (même si on sent sur le visage des protagonistes qu’ils vivent leur concert), mais est emmené par un frontman charismatique en la personne de Rain Irving. Vocalement, il a été impeccable pendant tout le set, avec un timbre assez haut perché rappelant James LaBrie. Enfin, dans l’esprit seulement, parce qu’il y a une grosse différence entre les deux : c’est que Rain Irving chante juste et n’a pas le charisme d’une huître pas fraîche. De plus, il apporte une présence scénique non négligeable au groupe, se déplaçant pas mal sur scène, on le retrouvera même plusieurs fois à genoux. De temps à autres, Michelle Schrotz, la claviériste du groupe, apporte aussi son timbre qui se marie parfaitement à celui de Rain Irving. Ca faisait un peu bizarre par contre de la voir assise derrière son clavier, car quand elle n’a pas de partie de chant ni de clavier à faire, on a un peu l’impression qu’elle est là en spectatrice…

Le public semble un peu moins réceptif que pour Alcest, mais reste présent en grand nombre dans la petite salle du Biebob, applaudissant tout de même régulièrement les Américains entre les morceaux. Dans la lignée de la prestation précédente, et pour le plaisir de nos oreilles, le son est à nouveau de très bonne qualité pour While Heaven Wept. Rajoutons à cela des zicos qui n’ont fait aucune fausse note (il me semble, je ne connais pas bien le groupe) et on obtient un ravissement pour les oreilles.

Niveau setlist, je fus assez surpris : je m’attendais à ce que le concert soit axé sur le tout nouvel album du groupe, « Fear Of Infinity ». Au final, un seul morceau (« Saturn And Sacrifice ») provient de cet album, et la setlist fait affaire de best-of, chaque album du combo ayant son représentant ce soir. Le point d’orgue de ce concert étant, pour moi « Thus With A Kiss I Die », pièce de près de 15 minutes avec ses longs passages instrumentaux rappelant le meilleur de Dream Theater au cours de laquelle j’ai été transporté. On ne pouvait pas rêver meilleur final… enfin, si le concert s’était achevé là. Car While Heaven Wept a choisi de jouer un dernier morceau, « Voice In The Wind », qui s’avère certes beau, mais extrêmement calme et moins intense que son prédécesseur… Le morceau de trop pour moi, ce qui ne m’a pas empêché d’apprécier tout le concert ! Peut-être que désormais j’arrêterai de fuir devant les groupes estampillés « doom », en tout cas promis j’arrête de charrier le doomeux de service de chez U-zine !

Setlist While Heaven Wept :
The Drowning Years
Of Empires Forlorn
Saturn And Sacrifice
Vessel
Thus With A Kiss I Die (!!)
Voice In The Wind

Primordial

Aaah, Primordial… Mon dernier coup de cœur, découvert tout à fait par hasard il y a quelques mois, grâce au morceau de Marduk « Accuser/Opposer » sur lequel vient se glisser la voix de Naihmass Nemtheanga (aka Alan Averill)… Malgré leur présence au Hellfest, je ne pouvais louper l’occasion de voir les Irlandais en salle, qui plus est en tête d’affiche ! Et le Biebob s’est chauffé depuis While Heaven Wept. La foule est un peu plus compacte (sans que ce soit la folie non plus), et les acclamations se font bien plus vigoureuses que pour les groupes précédents !

Pour avoir vu le très bon DVD “All Empires Fall”, j’ai pu constater à quel point le jeu de scène du vocaliste de Primordial était théâtral. Et dès l’introduction sur un extrait de la « Danse des Chevaliers » de Sergueï Prokofiev, le jeu de lumières crée lui aussi cette ambiance particulière, jusqu’à l’arrivée un à un de chacun des membres du groupe Irlandais. Et bien entendu en tête le charismatique leader, grimé comme il se doit au visage, sur le crâne, et vêtu d’un débardeur ensanglanté du plus bel effet. Ce dernier commence déjà à haranguer la foule, avant de lancer « No Grave Deep Enough », morceau d’ouverture du petit dernier « Redemption At The Puritan’s Hand ».
Et le show Nemtheanga peut débuter : regards fous vers le public, headbang furieux, et surtout une prestation vocale excellente (bien que n’égalant pas la perfection des albums). Le chanteur, en plus de retranscrire de belle manière les compositions épiques de Primordial, vit sa musique viscéralement. C’est limite si on ne ressentirait pas la détresse du peuple Irlandais rien qu’en le regardant ! Scéniquement, il apporte également un côté malsain qui, mélangé au côté épique de la musique, donne un alliage savoureux. Seul (tout petit) bémol : le chant black, que je trouve beaucoup moins bon en live.

Le son est plus fort que pour les groupes précédents, mais reste très bon : on distingue parfaitement les mélodies black/folk, fort heureusement puisqu’elles constituent l’essence de Primordial. Le chant est assez mis en avant, ainsi que la basse (très agréable sur « Lain With The Wolf »), ce qui sied bien à la musique du groupe, parfaitement exécutée au demeurant (aucun pain important à signaler).

La setlist est bien choisie, et met logiquement en avant les meilleurs titres des deux derniers albums du groupe. Le groupe Irlandais peut de toute manière se targuer d’avoir assez de bonnes compos pour faire plusieurs concerts, vu la longueur moyenne de ces dernières ! De nombreux moments forts sont donc à relever dans ce show, comme « As Rome Burns » et ses « Sing, sing, sing to the slaves, sing to the slaves that Rome burns » repris en chœur par le public Belge ; le magnifique « Gallows Hymn », « Bloodied Yet Unbowed » et sa montée en puissance progressive pour arriver vers un final qui me hérisse le poil… Sans oublier les quelques morceaux provenant de la discographie antérieure des irlandais, comme le très sombre « Autum’s Ablaze » (personnellement mon morceau préféré de Primordial).

Le groupe reçoit un accueil chaleureux du public de Vosselaar : c’est pas la furie (en même temps, la musique de Primordial est peu propice aux pogos et autres joyeusetés dont on a l’habitude en concert), mais les metalheads presents apprécient le spectacle et acclament les Irlandais comme il se doit ! Certains fans (dont moi un peu j’avoue) étaient même carrément en transe dans la fosse, comme s’ils étaient aussi possédés qu’Alan lui-même !

S’ensuit un discours de remerciement au cours duquel ce dernier évoquera un bel anniversaire : Primordial fête ses 20 ans en 2011 (show spécial à Dublin en septembre au cours duquel U-zine sera présent !) ! Un bon moyen d’introduire la dernière salve de la soirée, un morceau qui est désormais LE « tube » des Irlandais : « Empire Falls », et son refrain au cours duquel Nemtheanga se fera un plaisir de faire participer le public, qui en profite pour chanter à l’unisson : « Where is the fighting man? Am I he? You would trade every truth for hollow victories ». Quoi de mieux pour terminer un concert?

Setlist Primordial :
No Grave Deep Enough
Gallows Hymn
As Rome Burns
Lain With The Wolf
Autumn’s Ablaze
Bloodied Yet Unbowed
The Coffin Ships
Gods To The Godless
Death Of The Gods
Empire Falls

Une seule chose à me dire après cette soirée : j’ai vu Primordial, ça, c’est fait! J’ai beau les revoir très bientôt au Hellfest, puis au Party San, rien ne vaudra la magie d’un concert devant moins de 300 personnes totalement acquises à la cause du groupe ! Même si une formation avec une telle carrière et un son aussi personnel mériterait sans doute d’écumer de plus grandes salles…
Belle découverte aussi avec While Heaven Wept, même si mon grand regret aura été de louper la prestation d’Alcest. Merci à Jérôme pour m’avoir covoituré jusque Vosselaar, et aux groupes pour cette bonne soirée ! Et pour ceux qui iront au Hellfest : ne loupez pas Primordial !