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jeudi 11 décembre 2014

Airbourne + Enforcer + Black Spiders

L'Aéronef - Lille

U-Zine

U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !

Back to the seventies ! Ce soir pas de brutal death qui avoine à 300 à l’heure, ni de black metal true ivôl, j’ai décidé de taper dans un style un peu plus mainstream : c’est du bon son rock’n’roll qu’on va se prendre dans les oreilles ! Une fois n’est pas coutume, c’est à l’Aéronef que ça se passe, et c’est à ma grande surprise que je vois à mon arrivée une horde de fans s’entassant devant la grille pas encore ouverte. Autant dire que la recette hard rock façon AC/DC que nous sert Airbourne ameute toujours plus les foules que le metal, et ne souffre pas face à l’épreuve du temps !
Quelques semaines auparavant, Enforcer (qui suivait Airbourne sur la tournée) avait eu un accident de la route dont le matos n’est pas ressorti indemne… Arrivés dans la salle, la question était donc : aura-t-on droit immédiatement aux jeunes Australiens sur scène, où une première partie ? Sous les coups de 20 heures, c’est un tout autre groupe qui monte sur scène devant un Aéronef quasi-plein.

Black Spiders

Black Spiders, késako ? Inconnus au bataillon ceux-là ! Pourtant, ce groupe qui n’a pas encore d’album à son actif était censé jouer en première partie de Volbeat ce soir ! Ces derniers ayant annulé leur tournée, voilà la raison de la présence des britanniques sur la scène de l’Aéronef. C’est devant un public assez dubitatif (qui s’attendait peut-être à voir débarquer Enforcer) que l’introduction façon « western » retentit, nous rappelant celle d’un certain Metallica, « The Ecstasy Of Gold »… et dès le départ, le hard rock teinté de stoner des Black Spiders mettra tout le monde d’accord.

C’est un groupe bien motivé qui se présente face à nous, et musicalement c’est vraiment pas dégueu : un feeling très rock’n’roll, un son de guitare bien gras, une alternance entre rythmiques plus « rapides » et d’autres plus heavy… On ressent à la fois les influences d’AC/DC, Black Sabbath ou encore Lynyrd Skynyrd, et le tout nous offre des compositions bien sympathiques comme « St Peter », « Stay Down » ou encore « Just Like A Woman ».
Le vocaliste des Black Spiders se débrouille très bien dans son genre, même si on le sent plus en difficulté sur le chant aigu que dans les graves. Le groupe est bien dynamique, communique pas mal et tente de faire participer le public, qui ne s’y trompe pas : les britanniques ont été très bien accueillis à Lille ce soir !

J’aimerais juste tirer un grand coup de chapeau au batteur ! Non pas que son jeu était exceptionnel, mais jouer sans aucune fausse note, tout en haranguant le public régulièrement, dans l’état dans lequel il était, je dis Monsieur ! C’est la première fois que je vois quelqu’un gerber ses tripes entre les morceaux, puis reprendre son jeu (les yeux exorbités quand même) comme si de rien n’était. La grande classe ! Dans tous les cas, le public est conquis par la prestation des britanniques, qui sortent d’ailleurs leur premier album, « Sons Of The North », en février prochain !

Enforcer

« Bah merde, t’es sûr que c’est Airbourne ? Z’ont l’air un peu gays, non ? » Alors que tout le monde pensait voir arriver la bande des frères O’Keeffe, c’est finalement Enforcer qui débarque sur scène. Tout le monde est un peu dubitatif face au look des mecs (des vrais mâles j’vous dit !), et les railleries d’une partie du public commencent déjà, avant même que le groupe ne débute son set… C’est vraiment méchant de leur part, surtout que le groupe a mis tout le monde sur le cul par son jeu de scène époustouflant… nan j’déconne. C’était tout pourri.

Pourtant, à la base, ça pourrait sentir pas trop mauvais, du heavy/thrash, des rythmiques rapides, ouais… sauf qu’on a affaire à du déjà-entendu des centaines de fois, donc quand musicalement ça va moyen, et que visuellement ça pique aux yeux, il nous faudrait un bon chanteur pour remonter le niveau. Et là, c’est le drame : la voix aigüe de Olof Wikstrand (qui portait pour l’occase un t-shirt Morbid Angel, c’est le seul point positif que je trouve à ce set) est vraiment rebutante quand ça chante juste… et c’était pas souvent. Alors quand la mère Olof chante faux, ça en devient carrément insupportable !

Et ça ne s’arrange pas au cours du set, car les musiciens (qui jouent quand même bien faut le reconnaître) se révèlent être des gros poseurs. Alors c’est sympa dix minutes, mais trop de pose tue la pose, ça en devient terriblement agaçant. Le vocaliste troque son t-shirt contre une tenue tout droit sortie des boîtes échangistes sadomaso (enfin, ce que j’en ai vu à la télé, n’allez pas imaginer autre chose les coquinous), mais c’est pas ça qui va l’améliorer vocalement. Alors peut-être que je ne comprends rien à ce style, je demande donc aux personnes qui m’entourent ce qu’elles pensent de ce concert : tout le monde était unanime, c’est médiocre. C’est avec un ouf de soulagement qu’on voit les Village People du metal Suédois débarrasser le plancher. Vivement Airbourne !

Airbourne

Les Australiens se feront légèrement attendre tout au long de cette soirée, mais le public en ébullition trouvera toujours moyen de passer le temps, en s’amusant à répéter tout ce que le roadie gueule dans les micros, par exemple. C’est alors qu’un impressionnant mur d’amplis se dévoile à nous, et on imagine déjà le son qu’on va se prendre dans la tronche ! Et le début du set nous le confirmera : c’est du très gros son ce soir à l’Aéronef (sans être trop fort non plus). Dès le début de « Raise The Flag », c’est la folie dans le public, et on ne peut pas y échapper à moins d’aller se caler au fond ou sur les côtés de la salle ! Je n’avais pas vu le public de l’Aéronef aussi enthousiaste depuis Megadeth en juin dernier !

En même temps, quand on voit la prestation que nous fournit Airbourne, impossible de ne pas l’être : les successeurs d’AC/DC (du moins, c’est ce que tout le monde dit) vont tout simplement dynamiter l’Aéronef avec leur hard rock endiablé. Le groupe livre une prestation excellente, les zicos bougent, haranguent le public… mais le véritable showman, c’est Joel O’Keeffe bien sûr ! Ce dernier va éclabousser la soirée de sa classe et de son énergie : très bon aux vocaux, il n’hésitera pas à rajouter de ses soli toute la soirée : interludes entre les morceaux, voire au milieu des chansons jouées ( « Too Much, Too Young, Too Fast » ), soli rallongés…

Joel ira même faire le tour de la salle sur le dos d’un roadie, tout en continuant à jouer de sa guitare, des filles tombant le t-shirt à son passage (Ahhh le pouvoir du rock’n’roll !). Tout simplement phénoménal, et communicatif avec le public qu’il incitera à participer sur la plupart des titres, parfois avec humour ( « Diamond In The Rough », « No Way But The Hard Way » ).

Au final, on a un groupe qui pourrait se la péter (et qui le fait un peu d’ailleurs), mais surtout qui ne se prend pas la tête, envoie la purée et donne tout ce qu’il a à son audience. Même moi qui ne suis pas fan de hard rock, et donc du groupe (sur album, ça a même tendance à me lasser), je ne peux que m’incliner devant autant de fougue. La fosse restera endiablée du début à la fin du set, même si on a l’impression que les morceaux de « Running Wild » sont ceux qui suscitent le plus de réactions.

Vous êtes morose, triste, et vous avez envie de passer une soirée qui vous file la banane pour toute la semaine ? Allez voir la machine à tubes Airbourne en concert !
“I caaaan’t get enouuuugh of that diamond in the rouuuugh!” (mais sors de ma tête, putain !!!)

Crédit photo : Airbourne France.