Lifeforce Records
Stefan & Arne
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Le metal, c’est des groupes qui passent près de chez vous pour vous botter les fesses et vous faire passer de grands moments. Le metal, c’est des albums remplis de rage et de riffs qui vous restent dans le crâne. Le metal, c’est de l’émotion, de la haine… Mais le metal c’est également des labels, des petites ou des grosses entreprises qui se battent pour faire monter des groupes, pour vous les faire apprécier et pour faire perdurer la passion du metal à travers les années. Le metal c’est tout ça. Et justement, aujourd’hui nous nous intéressons à cette partie de l’ombre qui détient pourtant un rôle majeur dans l’industrie musicale. C’est donc Lifeforce Records, un label allemand, que nous avons choisi de soumettre au jeu des questions réponses, histoire d’en savoir un peu plus sur l’univers d’une maison de disques indépendante et à propos de ce label qui a découvert de gros groupes de la scène metal actuelle tels que Heaven Shall Burn, Caliban, Between The Buried And Me ou bien encore Trivium. Bonne lecture à toutes et à tous !
01. Pour commencer, pouvez vous m’expliquer à quel moment vous avez décidé de monter une maison de disque et tout simplement, pourquoi ?
Sefan : C’était en 1996, lorsque j’ai eu l’idée de sortir une compilation pour soutenir les personnes ayant libérés des animaux en captivité. Elle est sortie en 1997 et avait pour titre « Mother Earth ». A ce moment, et pendant les 3 années suivantes, c’était plus un hobby qu’une activité professionnelle proprement dite. J’ai eu pour idée de lancer le label quand j’ai voulu faire connaître des groupes que j’appréciais et qu’aucun label ne voulait signer. De nos jours, le principe est le même mais on doit réfléchir à davantage de choses pour que le label continue à vivre. Dans le passé, le nombre de ventes n’était pas important et on pouvait continuer tant que l’on rentrait dans nos frais en ce qui concerne le studio et le pressage des albums.
02. Pourquoi avoir choisi le nom « Lifeforce » Records ?
Stefan : Oh, c’est une question que tu n’aurais pas dû me poser parce que ça n’est pas moi qui ait fait démarrer le label en 1995. Moi j’ai commencé avec mon propre label Impression Music et le propriétaire à l’origine se nommait Ruediger Mahn. Celui-ci m’appela en 2000 pour me demander de lui succéder car depuis, il ne désirait plus s’investir parce que ces goûts musicaux changeaient et il ne pouvait par conséquent plus s’occuper du label avec son cœur.
03. Expliquez moi comment créer t’on un label, les différentes étapes, comment avez-vous géré tous ces éléments ?
Stefan : Bien, au sujet de Lifeforce Records, on peut dire que les deux premières années étaient loin d’être les plus faciles pour nous… L’ancien propriétaire n’était pas réputé pour être un excellent homme d’affaire, alors du coup, avec l’acquisition du label, nous avions également hérités de vieilles dettes que nous avions dû payer pour pouvoir réellement démarrer. Heureusement que le succès des groupes comme Caliban ou Heaven Shall Burn nous ont aidés à nous refaire un nom et à commencer dans de bonnes conditions. Lifeforce avait déjà bonne réputation jadis dans l’esprits des fans, avec notamment les sorties des vieux albums de Framwork (ex Earth Crisis), Day Of Suffering ou bien Rancor. Alors nous n’avions qu’à rappeler à tout le monde cela et à faire le meilleur retour possible pour faire en sorte que dans les esprits, Lifeforce redevienne un label de qualité.
Arne : Moi, j’ai rejoins le label afin de participer à la promotion en 2004. J’étais entre les sorties et les groupes pendant des années et ça a été pour moi quelque chose de naturel que d’accepter la proposition de Stefan quand il m’a appelé pour me demander si j’étais intéressé pour l’aider au sein de Lifeforce. Avant tout ça, j’avais déjà fait des interviews avec pratiquement tous les groupes de Lifeforce pour des magazines Allemand comme Slam-Zine, Der Wahschauer ou bien encore le metal mag Legacy. Alors depuis, on avait déjà pas mal d’interviews et pas mal de bonnes critiques et c’était marrant de voir à quel point tout ça nous avait permis de promouvoir tous ces groupes, ainsi on a commencé travailler.
04. Pourriez-vous vous expliquer à nos lecteurs quelles sont les différences entre une Major et une maison de disque Indépendante ?
Stefan : La grande différence pour une major est qu’ils font d’abord attentions au profit, au bénéfice et ensuite vient la musique. Pour une indépendante, selon moi, c’est tout le contraire. Après, bien évidemment une indépendante a également besoin de faire des bénéfices, mais là n’est pas la première attention quand tu signes un groupe. Une autre différence que je perçois est le fait qu’une indépendante cherche à conquérir, découvrir de nouvelles tendances musicales tandis que généralement, une major ne fait que sauter dans le train quand c’est le moment de traire la vache si tu vois ce que je veux dire.
Arne : C’est difficile de parler de major et des compagnies indépendantes dans le contexte du metal et des groupes de hardcore. Evidemment, il y a de grosses major comme Warner ou Universal mais les plus grosses maisons de disques indépendantes comme Nuclear Blast, Century Media, Metal Blade, Relapse, Victory ou Solid State travaillent dur et doivent faire beaucoup de profit tout comme les « vraies » majors le font. Il faut savoir faire la différence entre les maisons de disques qui prennent des risques en supportant de jeunes groupes et ceux qui les engagent en rapport à ce qu’il peuvent leur apporter en max… de fric.
05. N’êtes vous pas triste de voir vos jeunes groupes partir dans d’autres labels ? Je pense en particulier à Trivium, Heaven Shall Burn, Caliban… Comment accepte-t-on cela?
Stefan : Evidemment, ça me rend triste quand un groupe nous quitte. Dans le cas Trivium, nous savions depuis le début qu’ils désiraient quelque chose de complètement différent que de rester chez Lifeforce. Nous avions accepté ceci et avions tout de même sorti leur premier album. Comme tu peux le constater, ça n’était pas la pire décision à prendre quand tu vois à quel point ils sont devenus célèbre. Avant que Caliban nous quitte, nous avions atteint notre maximum dans les possibilités de les faire avancer, c’était donc normal de les laisser partir chez Roadrunner. Pas la peine de se leurrer, il y a une sacrée différence entre eux et nous, héhé. Le cas Heaven Shall Burn est une toute autre histoire, je suis encore écœuré que nous n’ayons pas réussi à les garder… Mais qui sait, peut être qu’un jour, ils reviendront hahaha !
Arne : Tu as raison, c’est triste de voir certains groupes partir vers d’autres labels plus gros, mais nous sommes toujours à la recherche de nouveaux groupes à signer. N’oublions pas le fait que nous avons de très bons groupes tels que Raunchy ou bien encore Nightrage. Quoiqu’il arrive, ça n’est pas la fin du monde, nous avons toujours des contrats et des albums à sortir. C’est toujours une décision qui appartient au groupe le fait de rester ou pas. Nous sommes heureux pour tous les groupes que nous pouvons aider à gagner une certaine popularité dans tel ou tel style. Et puis par exemple, les succès qu’ont remportés Trivium, Caliban ou Heaven Shall Burn nous a également permis de gagner une certaine popularité.
06. Quelles sont vos meilleures ventes depuis vos débuts ?
Stefan : Trivium avec « Ember To Inferno » reste indiscutablement la meilleure vente que Lifeforce ait réalisé, et plus ça va et plus il se vend. Vient ensuite « Self Titled » de Between The Buried And Me et Caliban avec « Shadow Hearts ». Caliban et Heaven Shall Burn ont été en général très bon pour nous.
07. Un problème qui nous concerne beaucoup dans notre pays, ce sont les groupes qui désirent s’exporter plus que tout. Beaucoup de groupes Français n’arrivent pas à signer dans des maisons de disques internationales, pourquoi selon vous ?
Stefan : Je ne sais vraiment pas quel est le problème. En France vous avez actuellement de très bons groupes comme Gojira, Hacride, Scarve ou bien Year Of No Light. Je peux moi-même compter sur les doigts de la main le nombre de démos françaises que j’ai reçu. C'est le problème des groupes qui n’envoient pas leurs démos aux labels étrangers, mais bien sûr, ça n’est que ma propre impression.
Arne : C’est une situation étrange. Malgré tout, quelques groupes attirent l’attention des gros labels grâce à leur audience européenne. Je pense à ce que Stefan a déjà indiqué, je pense aussi à Zuul Fx ou bien Black Bomb A. Le problème principal semble venir du fait que souvent les groupes français ne parlent pas anglais d’après ce qu’on m’a dit. Mais aujourd’hui les choses changent.
08. Que pensez vous à propos de la situation actuelle dans l’industrie musicale?
Stefan : Bien, je pense que 50% des problèmes sont déjà réalisés, si je regarde comment les majors essayent d’escroquer les jeunes avec leurs produits préfabriqués et leurs prix exorbitants, je comprend mieux pourquoi les jeunes téléchargent illégalement. Comment peuvent-ils voir la valeur de la musique si les majors elles mêmes n’y voient qu’un simple produit. Nous on essaye de se battre contre tout ça avec des albums de qualité, des artworks travaillés et des prix modérés, comme ça, les gens en ont un maximum pour leur argent. Malheureusement, nous ne pouvons contrôler chaque Fnac ou Virgin pour voir s’ils vendent nos titres aux prix que nous désirons au départ. Ils font toujours ce qu’ils veulent… Tu penses bien qu’ils s’en moquent pas mal de ce que nous pensons en tant que label.
Arne : Heureusement pour moi (et surtout pour eux, héhé), je ne suis pas trop impliqué dans le côté business de Lifeforce. Mais je sais que c’est devenu très dur de vendre une bonne quantité d’albums. Les gens doivent se rappeler qu’il est important d’acheter des albums s’ils veulent que les labels puissent continuer à supporter les groupes en leur apportant une bonne production et en sortant leurs albums. Le téléchargement illégal et les partages de dossier ne sauvent que l’argent des fans et des consommateurs, mais sur le long terme, ça va tuer les maisons de disques indépendantes. Lifeforce fait beaucoup d’efforts pour vendre ses CDs aux prix les plus accessibles, pour que tout le monde puisse y avoir accès.
09. Et donc j’en viens maintenant à vous demander quels sont vos avis au sujet du téléchargement ?
Stefan : Donc comme je te l’ai dit, quelque part je comprend les jeunes mais la plupart d’entre eux ne voient pas les répercussions que ça a sur les groupes qui débutent. Derrière il y a un label qui enregistre, produit, fait de la promotion et qui bien sûr, a besoin qu’une partie de l’argent dépensée revienne. Qu’est ce qui se passe si le groupe ne vend pas… et bien il part du label, tôt ou tard. Ca n’a pas que des répercussions sur les labels, c’est aussi et surtout les groupes qui en souffrent et les gens ne veulent pas voir ça. D’autre part, les labels devraient également cesser de râler au sujet des ventes et utiliser ce qu’ils gaspillent pour apporter de meilleurs solutions légales à ceux qui téléchargent avec de meilleurs prix. Personnellement, je pense que 9.99€ sur Itunes pour le nouvel album d’un groupe n’est pas trop demandé quand tu vois que les albums coûtent généralement, 15 à 20€ en magasins.
Arne : Personnellement, je n’ai jamais téléchargé de musique ou d’albums. J’ai toujours acheté et collecté des vinyles. J’apprécie le fait d’acheter, de supporter les groupes qui se battent et qui font de la musique. Si les gens payent leurs téléchargements alors ça reste une bonne méthode de distribution. Dans le cas de la promotion par téléchargement, ça peut aussi aider les groupes à se faire un nom un peu partout, car tout le monde peut écouter comme bon lui semble.
10. Changeons un peu de sujet, avez-vous d’autres occupations en dehors du label ?
Stefan : Je m’occupe du label depuis plus de cinq ans maintenant, et définitivement je ne voudrais jamais retourner à un autre job.
Arne : Je m’occupe de la promotion le reste de mon temps libre. Pour vivre, je travaille comme consultant marketing pour une plus grosse boite. A côté de ça, je possède mon propre magazine internet (www.music-scan.de) et je continue d’écrire pour quelques magazines allemands tels que Fuze ou Legacy.
11. Quels sont vos désirs pour le futur de Lifeforce et pour la scène Metal ?
Stefan : Bien, la domination du monde est toujours un objectif (humour), mais plus réellement, je dirais que j’ai l’espoir de pouvoir aider certains groupes à percer comme ça a été le cas pour Trivium, mais aussi d’aider les gens à écouter de plus en plus de styles de metal.
Arne : Que Lifeforce dirige le monde ! Non, je plaisante. J’espère que le label pourra continuer à tourner pour toujours et que nous pourrons sortir de grands albums pour de grands groupes. Quant à la scène metal, je ne sais pas vraiment ce qui se passera. Cette scène a gagnée énormément d’attention et une grosse audience ces dernières années. Espérons que les gens auront une nouvelle conscience et supporteront mieux cette scène. On verra.
12. Il est maintenant temps de nous quitter, un dernier mot ?
Stefan : Hey, vous les groupes français, si vous pensez être rock, n’hésitez pas à nous faire parvenir vos démos et si vous déchirez, nous n’hésiterons pas à vous le faire savoir ! ;-)
Arne : Merci de nous soutenir ainsi que nos groupes !
Merci à Stefan & Arne et à l'équipe Lifeforce Records