Khoma
Johannes Persson & Fredrik Kihlberg
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De passage à Paris, à l’occasion de leur concert avec Dirge à La Loco, les deux membres de Cult Of Luna, fondateur de Khoma ont fait une halte l’espace de quelques heures dans les bureaux de Roadrunner. L’occasion était donc trop belle pour louper l’opportunité de rencontrer les instigateurs de ce projet plus rock, dévoilant une nouvelle facette des Cult Of Luna…
U-zine.net : Avant d’entamer l’interview, je voulais savoir si ce n’était pas trop harassant de cumuler deux promo day en un jour ?
Fredrik Kihlberg : (Guitare, chant, piano) : Non, pas du tout ! C’est une passion la musique, ça ne nous gêne pas.
Johannes Persson : (Guitare) En plus, c’est une occasion unique pour nous de venir faire notre promo à Paris avec Khoma. Sans notre tournée avec Cult Of Luna, on ne l’aurait surement pas fait…
Parlons de Khoma donc… Tout d’abord, pouvez-vous vous présenter pour les français qui ne vous connaissent pas encore ?
Fredrik Kihlberg (FK) : Je m’appelle Fredrik, et je suis guitariste dans Khoma.
Johannes Persson (JP) : Je suis Johannes et je joue aussi de la guitare dans Khoma. En fait, moi, Fredrik et Jan, notre chanteur sommes le noyau dur du groupe. Par rapport à ce noyau gravite deux line-up, l’un de studio avec lequel nous enregistrons nos albums. On y retrouve beaucoup de claviers, mais aussi un bassiste, Jonas Eriksson, et Thomas Hedlund joue le rôle de batteur. Mais nous avons également un line-up pour nos concerts sachant que les membres dont on s’entoure en studio ont bien d’autres choses à faire et ne peuvent nous suivre en tournée. On a donc un bassiste, des claviers en live et une batterie programmée. Khoma, c’est deux groupes en un en fait, mais ça reste le même groupe vu que le noyau dur ne change pas.
Même si vous êtes un noyau dur stable, n’avez-vous jamais souhaité constituer un line-up fixe ?
JP : On ne se pose pas trop la question en fait, on fait avec plutôt ! Les membres avec qui ont collaborent sont souvent occupés, alors on en trouve d’autres pour le live, c’est bien. Même si c’est vrai que ce serait beaucoup plus simple d’avoir toujours le même line-up ! Toutefois, on a une certaine liberté comme ça…
Et ça ne vous frustre pas ?
JP : Non car tout marche parfaitement. Et puis, de quoi se plaindre ? Cela nous donne la possibilité de jouer avec pleins de musiciens tous plus expérimentés les uns que les autres.
Vous avez changé de nom de Koma pour Khoma, quelle en est la raison ?
FK : On ne voulait pas être traînés en justice. Si on avait été attaqué par d’autres groupes, on aurait forcément perdu et on aurait du débourser une forte somme d’argent ! On a donc décidé de réagir avant que le mal n’apparaisse en changeant notre nom car il doit y avoir 4 ou 5 groupes qui s’appellent Koma que ça soit en Russie, en Espagne, l’un en Angleterre…
Quelles sont vos principales influences ?
JP : Je parle pour moi là, mais je pense que notre musique ne s’inspire de personne. Lorsque nous écrivons nos morceaux, je ne veux pas qu’on ressemble à tel ou tel groupe. Je n’arrive pas à être inspiré par d’autres musiciens ou artistes, j’ai besoin de réfléchir par moi-même. Je suis plus inspiré par des réalisateurs de films, par exemple. C’est un challenge différent.
FK : Je suis assez d’accord avec lui, je puise plus mes inspirations en regardant un film qu’en écoutant la musique d’autres.
Contrairement aux groupes suédois de postcore célèbres, votre musique est plus axée rock que vos compatriotes…
JP : Vu que je ne me compare pas aux autres artistes, ce n’est pas facile… C’est une sorte de postrock, mais avant tout c’est une musique qui vient du plus profond de nous. Qu’importe le style, l’étiquette, du moment que ça vient d’un sentiment sincère.
FK : C’est ton boulot de mettre des étiquettes, pas à nous (rires).
Etant donné que vous faites déjà parti d’un groupe de postcore (Cult Of Luna) pourquoi avoir eu cette volonté de créer Khoma ?
JP : Car Cult Of Luna et Khoma ont toujours existé ! Ce n’est pas parce que la renommée de Khoma augmente enfin qu’il faut penser que nous n’existions pas avant. Khoma n’est pas un nouveau groupe vu que nous jouons ensemble depuis des années.
Toutefois, en l’espace de 8 ans, vous n’avez sortis que deux albums studios !
JP : Non, car avant on était dans un autre groupe où nous avons sortis deux albums, un mini-CD, et de nombreuses démos. On a quitté le groupe puis on a enregistré pas mal de chansons qui allaient nous servir pour Khoma en 2001. Mais tu as raison, pendant très longtemps, on n’a pas eu d’actualité, on est resté terré dans l’ombre sans rien faire et puis ces derniers temps, on a largement accéléré la cadence !
En parlant de votre discographie, votre premier album s’appelle Tsunami, celui-ci, The Second Wave… D’où vous vient cette fascination pour la mer ?
JP : J’adore l’océan personnellement, ce qui n’est pas le cas de tous les membres du groupe. Avec ma famille, j’ai passé ma jeunesse au bord de la mer… Mais nos titres sont plus des euphémismes sans aucun rapport concret. L’océan symbolise quelque chose. Le titre Tsunami a été décidé avant le terrible tsunami en Asie et cela représentait quelque chose qui nous entourait… Quant à The Second Wave, il n’y avait pas de rapport avec l’Ocean. Mais, moi, j’adore l’Océan !
FK : Moi je n’aime pas l’Océan !
Pouvez-vous nous expliquer le parallélisme entre votre titre d’album « aqueux » et votre pochette plus « terrestre » ?
JP : Notre objectif principal était de faire un album qui rappelle nos contrées. Notre pochette représente Umeå, notre ville natale… Il y a trop de groupes aujourd’hui qui veulent sonner comme les groupes américains et leur artwork se ressemblent tous les uns les autres ! C’est d’un ennui. En représentant uniquement Umeå, on se montre à nos auditeurs tels que nous sommes.
Vos paroles sont très engagées, pensez-vous que la musique soit un bon vecteur de communication et de propagation de ces idées ?
JP : Vu que c’est notre chanteur qui écrit les paroles et que nous ne sommes pas ce dernier, ce n’est pas facile de répondre. Mais, pour nous, la musique est une manière d’exprimer nos sentiments, nos pensées. Mais notre moyen d’expression va au-delà des paroles… Jusqu’à la manière dont on joue de la guitare… Au final, dans Khoma ma façon de m’exprimer passe par la guitare alors que pour Jan, c’est via les paroles, même si nous avons les mêmes idées.
En écoutant votre nouvel album, on est frappé par la présence d’un violoncelle dessus, tu peux nous en dire un plus sur ce choix peu conventionnel ?
JP : C’était une idée collective. On avait pas mal d’idées et notre but était d’amplifier les émotions à cet endroit-là d’où l’idée du violoncelle. Mais il faut savoir que cet instrument est extrêmement difficile à pratiquer et à utiliser. Il fallait l’utiliser avec parcimonie, sans en faire trop ! Mais ça rend très bien, ce violoncelle, très loin de l’univers musical dans lequel je gravite m’ouvre de nouveaux horizons. On voulait que le son de ce violoncelle soit comme dans un live, on voulait quelque chose de brut.
Justement, allez-vous le jouer en live ?
On l’a déjà fait ! (rires)
Si vous deviez résumer votre album en un mot quel serait-il ?
JP : Je te laisse répondre (rires) !
FK : Pas facile…
JP : C’est même impossible !
FK : Incroyable !
JP : Ouais, parfait !
Comment êtes-vous arrivé à signer chez Roadrunner Records alors que Cult Of Luna était chez Relapse ?
JP : De façon étrange car on a enregistré un premier album, Tsunami, sans avoir trop d’ambitions vis-à-vis elles… C’était plus comme une démo ! Puis, un journaliste a donné notre CD à Anders (Friden), le chanteur d’In Flames qui l’a transmis à son management. Et vu que celui-ci était en contact avec Roadrunner, ça c’est fait !
Plusieurs labels étaient intéressés de nous signer mais Roadrunner était celui qui nous proposait le meilleur deal, voilà tout !
Et qu’attendez-vous de la part de Roadrunner ?
JP : Au niveau des ventes ? Rien du tout ! Je suis très content de là où on est déjà. On ne se soucis pas de vendre 20 albums ou des milliers, même si on a plus d’ambition qu’à l’époque de notre démo. Mais aujourd’hui nous en sommes là, et notre ambition de créer un groupe tous ensemble dont on serait fier a été on ne peut plus satisfaite.
Et pourquoi ne pas avoir signé chez Earache ?
JP : Je vais sauter cette question (rires) !
Je vois, vous avez toujours vos problèmes entre Earache et Cult Of Luna ?
JP : Question suivante, s’il te plait (rires) !
Bon, alors quels sont vos projets de tournée ?
JP : On va faire quelques festivals cet été comme le Download en Angleterre ou un festival en Suède. On travaille également avec plusieurs agents en Europe afin de préparer une tournée Européenne.
Et quand pensez-vous venir jouer en France ?
JP : On ne sait pas encore, mais très rapidement j’espère ! On attend que notre album soit en vente partout pour pouvoir entamer cette tournée. On fera sûrement aussi plusieurs dates en Angleterre. Mais rien n’est encore trop calé pour le moment.
Enfin, pour finir, une petite question Cult Of Luna… Que s’est-il passé au Fury Fest 2005 ?! On vous annonçait à telle heure puis à une autre puis annulé puis finalement vous avez joué !
JK : Ne m’en parle pas, c’est la pire organisation à laquelle j’ai eu affaire.
JP : En fait, ils ont oublié de venir nous chercher à l’aéroport. On a donc attendu des heures pour qu’enfin on puisse arriver sur le site du festival. Le pire c’est que ce n’est même pas un mec de l’organisation qui s’est soucié de nous mais un festivalier ! C’était vraiment incroyable. C’est vraiment dommage car pas mal de personnes qui voulaient nous voir à ce festival, nous ont finalement raté ! Quel gâchis !
Vous voulez rajouter quelque chose ?
JP : On adore la France, c’est toujours un plaisir de jouer ici et on attend avec impatience le moment où nous pourront rencontrer le public français avec Khoma !
Merci à Johannes & Frederik pour leur patience et leur gentillesse ainsi qu'à Karine et Sylvain.