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Herder, dans le petit monde cloisonné du stoner/doom/sludge, est l’une des valeurs montantes dont le public n’entend jamais parler. Et quel tort quand on voit le groupe sur scène. A ce titre, leur prestation sous la Valley du Hellfest a fait grand bruit, un show brut et chaud, le groupe maitrisant ce savant mélange de haine et de douceur qui fait toute la complexité et la magnificence du genre. Et que dire du show scénique offert par le groupe, aussi mobile qu’un groupe de hardcore !
Et pour cause, le groupe néerlandais nous cache bien des surprises. Via le line-up tout d’abord où quelques membres sont loin d’être inconnus. On retrouve donc au chant Ché Snelting, qui s’est par le passé illustré au micro de Born From Pain et ce pendant 10 ans. A la guitare ensuite, tenue par JB Van Der Wal que l’on connait déjà pour être le bassiste de Aborted depuis quelques années, et anciennement bassiste de Atrocity et Leave’s Eyes. Alors imaginez des gens venant d’univers musical aussi différents, se mettre à jouer ensemble du stoner/sludge. Sur le papier, ça sentait clairement le foirage, mais le résultat est bien au-delà de tout ce qu’il était possible d’attendre.
L’album, sobrement intitulé Gods commence par le monstrueux accord initial de Generis 3 :29. Le genre d’accord ultra épais, haineux presque qui, dès la première note, permet au groupe de poser ses couilles sur la table. Ce titre, inspiré du Livre de la Genèse (très en lien avec le titre de l’album donc) est un classique du stoner/doom à la Dopethrone, avec des rythmiques lentes, chaudes, arrosée à l’huile de moteur ! Dur de penser que le groupe est Hollandais tant on ressent cette ambiance poisseuse et terreuse propre au Bayou de Louisiane.
Betrayers Deceiver donne une toute autre couleur à l’album avec une composition à rapprocher au southern metal thrashisant. Le rythme est plus soutenu, les mesures sont marqués via une caisse claire bien baveuse, la voix inspiré de la scène hardcore donne une épaisseur supplémentaire à la lourdeur ambiante. Mais là où est tout le génie de cet album, c’est l’incroyable capacité qu’à le groupe à donner une teinte différente à chacun des titres présent ici, tout en gardant une patte commune. C’est ainsi que l’éponyme titre Gods nous plonge dans la musique du Proche-Orient avec une rythmique principale à la guitare très influencé par la musique orientale. On passe des torrides paysages désertiques américains aux temples Syriens ou aux pyramides égyptiennes. La thématique religieuse s’en retrouve renforcée, et l’album sublimé.
Le titre Stab apporte une nouvelle dimension avec des sonorités presque black’n’roll mid-tempo, à rapprocher à un style proche des sorties récentes de Satyricon. Asylums Of The Forgotten renforce la thématique religieuse via des litanies et autres complaintes de prières. Le répit est de courte durée puisque Herder nous replonge immédiatement la tête dans le sable brulant avec Maelstrom. Ce titre, clairement plus orienté punk/sludge avec une rythmique principal que ne renierais pas Crowbar semble être le parfait exemple de ce que peut donner Herder sur scène tant le titre sent la poussière de circle pit.
Bref, vous l’aurez compris, le point fort de cet album est la diversité. Une diversité d’ambiance pour une composition purement extraordinaire. Venant de musiciens n’ayant initialement aucun lien avec le sludge et le doom, l’exercice n’en est que plus périlleux et sa réussite n’en est que plus brillante. Cet album clair-obscur passe du stoner/doom oppressant au sludge le plus classique jusqu’aux ambiances arabisantes et au black ‘n’roll, tout en gardant une trame commune écrasante. Si vous cherchiez le groupe street cred’ du moment, le voilà, et il s’appelle Herder !
1. Genesis 329
2. Betrayer, Deceiver
3. Gods
4. Pythia
5. Stab
6. Asylums of the Forgotten
7. Maelstrom
8. FOAD II
9. Blood from Life
10. Soul Harvester
