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L'hydre norvégienne refait surface après sept ans de silence. Les années passent et le groupe légendaire scandinave continue de se réincarner. Son nom est définitivement associé aux miasmes pestilentiels des cryptes profanées ainsi qu'aux cendres des églises calcinées par des musiciens possédés. MayheM est passé maître dans l'art du transformisme en proposant à travers les âges des albums résolument différents et novateurs: La pierre angulaire intemporelle De Mysteriis Dom Sathanas, le très controversé mais ô combien cohérent Grand Declaration Of War froid et militariste ou encore Ordo Ad Chao oppressant, sombre et chaotique. En 2014, MayheM déclare sa guerre ésotérique. Après trois décades passées sur le front, voyons si l'élu du mal n'est pas ensevelie par le temps et la poussière.
Comment ne pas évoquer le départ de Blasphemer qui était depuis Wolf's Lair Abyss l'unique compositeur du groupe. Après quelques mouvements, le line-up s'est stabilisé avec l'arrivée de Teloch comme guitariste officiel. C'est donc le héraut norvégien Morten Bergeton Iversen (Nidingr, ex-1349, ex-Gorgoroth) qui a eu la tâche si difficile de succéder au compositeur de génie qu'est Rune Eriksen.
Teloch n'a pas été choisi au hasard, l'état d'esprit et les influences du musicien sont en adéquation avec l'entité MayheM. Il est donc normal que la composition suive. Par ailleurs, on connaissait déjà les qualités d'écriture du bonhomme avec comme référence l'excellent album de NidingrWolf-Father, froid, spontané et expéditif. Teloch n'a rien révolutionné (et c'est très bien), il s'est chargé de développer des éléments présents depuis des années dans la musique de MayheM tout en conservant la substance identitaire.
De premier abord, on remarque l'influence qu'a eu Snorre Ruch sur une grande partie de la scène norvégienne. Satyricon, Dodheimsgard et même EmperoR ont réussi à canaliser l'essence de la musique de Thorns dans leurs compositions. MayheM se place un peu plus en amont comme apôtre et précurseur. Cet opus s'inscrit dans la continuité des albums de l'école norvégienne Black Metal. En ce sens, l'empreinte de Thorns rythme les compositions. Fire Walk With Us d'Aborym a certainement marqué Attila, des réminiscences propres au second opus des italiens se font entendre.
L'immersion dans Esoteric Warfare se fait naturellement. On reconnait les compostions déshumanisées, froides et militaristes de l'escadron nordique, les textures ambiantes et guerrières constituent toujours le file conducteur de leur musique. Avec Esoteric Warfare, MayheM évoque les guerres passées sans chercher à surprendre.
Les hymnes labyrinthiques sont dirigés par les assauts militaristes de Hellhammer, souvent ponctués de séquences plus aérées et de ponts ambiants menaçants. Les textes sont déclamés par Attila l'évangéliste funèbre grâce à un panel de tessitures vocales époustouflant. Ce prophète illuminé répand ses cantiques à travers des émanations mortifères libérées par des riffs cinglants et dissonants. Sournoisement, la peur et l'angoisse s'installent, l'écho lugubre des sombres arpèges active la sérotonine dans nos esprits déjà persécutés.
La production cohérente est particulièrement "soignée" si j'ose m'exprimer ainsi. Elle est en parfaite adéquation avec la musique. Les ambiances menaçantes, conquérantes et froides sont privilégiées. On notera également l'excellence des guitares terriblement organiques et hypnotiques. La basse progresse en ondes spatiales et nébuleuses. La batterie totalitaire se veut plus en avant que sur Ordo Ad Chao et dévoile une nouvelle fois des sonorités étouffées. Le chant singulièrement varié d'Attila s'avance au premier plan comme pour mieux s'immiscer dans nos esprits. A l'inverse de Thorns les claviers et samples sont quasiment inexistants sur cet album, pourtant les atmosphères ne sont pas moins marquantes ou peu familières et c'est le point fort de l'opus.
Avec Esoteric Warfare, MayheM semble trouver son équilibre. Sans être aussi aventureux qu'un Grand Declaration Of War ou un Ordo Ad Chao, l'opus plus "traditionnel" demeure cohérent du début à la fin. MayheM maitrise clairement son sujet et délivre une musique authentique qui ne saura décevoir les amateurs des groupes cités plus haut.
01. Watchers
02. PsyWar
03. Trinity
04. Pandaemon
05. MILAB
06. VI.Sec.
07. Throne of Time
08. Corpse of Care
09. Posthuman
10. Aion Suntelia
