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Pas de répit ! les Sudistes de DxS n’attendent pas une seconde pour vous sauter à la gorge avec Demise Of Time, premier titre de leur nouvel album The Wretched Host. On peut dire qu’ils se sont fait désirer et que l’arrivée de leur progéniture était attendue grâce à une campagne de promotion et de financement menée tambour battant par une formation pour le moins impliquée. Ils avaient eu néanmoins le temps de peaufiner leur style et leur son avec le mini, dont vous pouvez retrouver la chronique dans nos pages, The Musical Box titre repris sur cet album. Si l’évolution avec leur premier album est bien consommée, ils se devaient de maintenir le niveau d’exigence et de composition qui les a amenés à se faire un nom dans le milieu du metal prog extrême.
Cette fois-ci, ce sont huit morceaux, sans intro instrumentale, sans blabla, qui vont vous mener loin dans l’espace pendant une cinquantaine de minutes. A part Demise of Time, dont on a déjà parlé, la barre des cinq minutes est toujours franchie. En même temps, on n’assume pas sa constante progressive sans s’allonger un peu dans le temps et les structures. En parlant de progressif, les surprises sont toujours à l’ordre du jour dans ce style, et quand on lit la présence de trombones et de saxophone, on sait que l’on risque de se retrouver désarçonné à un moment ! et le groupe a su en jouer en cultivant le mystère sur ce point. Donc on n’en révélera pas plus si ce n’est que leur utilisation est plutôt en interlude dans un titre, ce qui lui donne un petit grain de folie fort appréciable.
Mais loin d’être complétement zinzin, DxS connait les gammes du style et fait vibrer les bonnes cordes : celles de l’extrême, avec quelques parties de blasts et de growls sur Demise of Time ou On The Seventh Day. Mais ils n’exploitent pas cette fibre jusqu’à la corde car leur came, c’est plus le metal mélodique avec une bonne dose de technique. Ça groove pas mal avec des finesses bien appréciables comme sur The Devil’s Score et le shred a une belle place sur tous les titres, ce qui fera plaisir à tous nos amis amateurs de gratte. On sent aussi quelques pointes de Symphony X sur Into The Mirror Black autour de 1’40 dans le chant et l’accompagnement qui le pousse, surtout les guitares. On remarque que le chant est parfois doublé ce qui accentue cet effet de proximité avec la bande à Roméo, qui n’en n’a certes pas l’apanage mais en a fait une caractéristique reconnaissable. Cela a pour effet d’accentuer l’aspect dramatique comme sur Wreath Of Ashes qui compte justement sur ce dernier pour prendre de la hauteur, puisque ce n’est pas un titre forcément très rapide ou hyper-technique.
Parfois on sent comme une étrange impression de décalage. Synaesthesia comporte des passages tellement travaillés autour de 3’30 qu’ils en ressortent étrangement. Les lignes vocales semblent comme distordues mais sont vite rattrapées par la musique. On reste bien conscient qu’un tel travail autour de la composition peut laisser certains auditeurs perplexes car tout ne se donne pas à la première écoute. En effet, sans vouloir verser dans le snob ou la démonstration oiseuse, DxS a souhaité travailler la finesse, l’arrondi pour que les morceaux soient homogènes mais pas facteurs d’ennui. On ne se sent d’ailleurs jamais vraiment mal à l’aise en écoutant cet album. Peut-être n’ont-ils pas pris assez des risques pour bousculer les frontières ? ou tout simplement est-il construit de manière assez homogène pour que l’on se laisse porter ?
On ne reviendra que rapidement sur la proximité avec Adagio, qui avait surtout marquée leurs premières productions et dont l’ombre s’éloigne de plus en plus. Certains passages de piano ou la puissance extrême d’autres vous rappelleront que le lien n’est pas encore totalement coupé mais la personnalité de DxS sur The Wretched Host est bien établie et cadrée. On pourrait lui donner l’adjectif d’énergique car les rythmiques sont très souvent enlevées, emmenées par une batterie qui donne un tempo d’enfer tout en insérant des cassures et des syncopes de manière régulière (The Musical Box en est un très bon exemple) ; le deuxième adjectif pourrait être synthétique (sans être péjoratif), le clavier apportant beaucoup d’effets : par exemple Eyes Without A Face comporte des couplets avec une ambiance en fond sonore discret mais essentiel et une rythmique très électro.
Si l’on pourrait trouver encore de nombreuses choses à dire sur The Wretched Host c’est avant tout parce que c’est un bon album pour les amateurs de ce metal progressif avec des pointes de metal extrême. Travaillé, enrobé dans un son équilibré et pas si froid que ça, on a un vrai plaisir à écouter les morceaux qui vont des blasts aux ambiances un peu spatiales. On se dit que DxS a trouvé la voie qui leur convient et su mettre leur talent au bon endroit au bon moment. On peut se demander ce qui leur manque pour percer un peu plus, car ils ont les qualités musicales et la motivation. Alors tout ce que l’on peut faire c’est leur apporter notre soutien en vous recommandant cet album !
01 - Demise Of Time
02 - The Devil's Score
03 - Eyes Without A Face
04 - Into The Mirror Black
05 - Wreath Of Ashes
06 - The Musical Box
07 - On The Seventh Day
08 - Synæsthesia