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Et voila qu’Orphaned Land déçoit. Comme pour Opeth, ce jour devait arriver même si on essaye de se voiler la face au maximum et ce jour, c'est aujourd’hui. En même temps, il fallait s’y attendre devant le succès grandissant des Israéliens dont les actes sur scène ont pu dépasser le cadre purement musical. Rappelez vous donc de l’affaire des drapeaux lors du Hellfest 2011 et des menaces de mort envers la danseuse Johanna qui suivirent ce message de paix et d’amour. Le problème, c’est que combiné au succès grandissant du groupe, le message a finit par dépasser la musique elle-même.
Remettons les choses dans leurs contextes. Orphaned Land et moi, on s’est connu un après midi de juin 2006 lors de la première édition du Hellfest. Une bonne mandale plus tard, j’ai saigné Mabool comme j’ai rarement saigné un album parce qu’au delà du message d’amour, c’était une sortie progressive très très largement au dessus de la mêlée déjà parce que c’est original mais surtout parce que musicalement, on peut difficilement faire plus abouti, où le dosage entre tous les éléments est parfait. Cet album fait parti des grands. The Neverending Way Of ORwarriOR a pris la même direction et c’est en ça qu’il m’a également plu même s’il manquait l’effet de surprise du précédent. Mais là, j’ai vraiment du mal avec la mouture version 2013 d’Orphaned Land, All Is One.
Il semblerait que les ambitions scéniques aient pris le pas sur les ambitions en studio. Ainsi, désormais les morceaux semblent être plus réfléchis pour faire bouger les foules en live que pour vous donner des frissons lors d’une écoute au casque en pleine nuit. Le groupe ne s’en cache d’ailleurs pas et avouait avant que l’album ne sorte que les compositions seraient « plus directes et catchy », perdant une grosse partie de sa personnalité progressive (les structures sont méchamment classiques). Si vous voulez toujours plus de morceaux comme « Norra El Norra » ou « Sapari », vous allez être ravis, par contre si vous êtes un grand fan du toucher de Yossi Sassi en tant que guitariste, vous risquez d’être déçus. Et je fais, bien entendu, parti de ceux qui regrettent que Yossi ait laissé sa panoplie de guitar hero à la maison parce qu’il était, jusque là, l’intérêt numéro un de la formation israélienne. Bon ok, il y aussi le chant si parfait de Kobi Fahri qui jouait mais il n’aurait jamais pu faire décoller le groupe sans son compère de toujours. C’est Yossi l’âme du groupe. C’est Yossi qui te scotche avec des riffs autant influencés par le Metal Progressif que la musique traditionnelle orientale. Sauf que là, le mélange, bah… Il n’existe quasiment plus. Yossi n’est plus qu’un accompagnateur au profit des instruments « traditionnels » qui donnent le la à l’ensemble. En particulier, les violons qui sont omniprésents, jouant souvent le rôle de lead là où par le passé, ils ne faisaient que rajouter de la tension dramatique lors de moments clés.
Mais tout cela ne vaut pas pour l’album en entier qui se réveille le temps de trois morceaux. « Fail » apporte un peu de noirceur dans cette avalanche de bons sentiments et une fois n’est pas coutume, les rôles sont inversés et c’es Yossi qui s’occupe enfin de la lead avec enfin un solo sortant du lot. L’instrumental « Freedom » qui la suit met elle aussi en valeur notre guitariste favori dans un subtil mélange entre guitares acoustique et électrique. Subtil, c’est aussi comme ça qu’on pourrait qualifier « Our Own Messiah » qui renoue quelque peu avec un Orphaned Land roi du Progressif.
Mais, c’est globalement tout pour un album où la majorité des bonnes idées sont tués dans l’œuf par un groupe qui a décidé de faire chanter les peuples plutôt que de créer des albums marquants. Sur All Is One, il y a tous les ingrédients qui ont fait le succès d’Orphaned Land mais dosés différemment pour le rendre plus creux et pompeux que jamais.
1. All Is One
2. The Simple Man
3. Brother
4. Let Truce Be Known
5. Through Fire And Water
6. Fail
7. Freedom
8. Shama'in
9. Ya Benaye
10. Our Own Messiah
11. Children