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Voyage au cœur de la spiritualité, L’Âme, Gris.
À la suite d’« Il était une forêt… » Gris donne naissance à son nouvel album « À L'âme Enflammée, L'âme Constellée... » en juillet 2013. À présent reconnu et apprécié dans le Black Metal Ambiant, depressive and suicidal, le duo Québécois va chercher bien plus loin que le bout de son nez pour ce deuxième album. Entre philosophie et poésie, Gris aborde le complexe concept de l’âme. Ne perdant pas de vue pour autant l’expression mélancolique et sombre à travers musique et écrit, on offre à l’auditeur un voyage spirituel, lentement bercé par les traditionnelles sonorités Black…
L’album commence fort avec « L’aube ». Guitare classique et instruments à cordes commencent notre voyage. Des voix se font entendre. L’auditeur est déjà plongé dans un monde torturé et nébuleux. Le deuxième morceau, long de plus de quinze minutes, forge le caractère de l’album. Le texte est poétique (domaine habilement maîtrisé par le duo Québécois), la musique à l’image de l’intro, déchirée, parsemée de riffs obsédant et d’instrumentations singulières, comme on peut l’entendre dans le final : Somptueux. La batterie s’accélère, et laisse place au trio guitare classique, violoncelle, violon qui reviennent tout au long de l’album tel un « Leitmotiv ». Le violon est joué d’une main de maître, ce qui ne fait que renforcer la désolation exprimée à travers la musique.
« Samsara » nous plonge dans un univers chaotique, dévasté, ou des échos de guitare électrique se mêlent aux cordes. Tout comme « Moksha », c’est un clin d’œil à la culture indienne, le saṃsāra exprimant le cycle des existences assujetti à l’ignorance, l’attachement et la souffrance. C’est un savant mélange sonore, dont l’angoisse du au titre est habilement retranscrit par la musique. La spiritualité est toujours de mise avec « Sem » titre emprunté à un personnage méconnu dans la Genèse de la Bible, ayant joué un rôle dans la malédiction de Canaan.
La quatrième piste « Igneus » intègre quelques paroles en latin chanté par un chœurs d’homme. Elles se montrent sous forme d’un chant lointain d’abord et progressivement de plus en plus en fort, ce qui introduit merveilleusement bien le riff final. Enfin on retrouve sans surprise le fameux « Leitmotiv » guitare classique et cordes introduisant de même « Dil ». La poésie des textes se surpasse avec cette cinquième chanson. Il en va de même pour l’hypnotique « Nadir ». Pas besoin de beaucoup de parole la poésie s’exprime par le court texte et les huit minutes quarante-cinq de musique. Encore une fois, les compositions de guitare classique/électrique répondent présentes. Des chants résonnent par-derrière, sépulcraux, douloureux, tout comme le final, éblouissant.
La magnifique sixième piste se révèle, non pas être la plus longue, mais être une chanson très certainement primordiale dans l’album. Le terme Sanskrit utilisé pour le titre « Moksha » défini la libération finale d’une âme dans la philosophie indienne. « L’âme » un mot d’importance majeure dans cette chanson ainsi que dans tout l’album puisqu’il y est répété de très nombreuses fois. Une fois encore la composition nous régale des harmonies d’instruments traditionnels, de violons et violoncelles. Le chant crié/grunt est comme étouffé, voilé, phénomène récurrent qui réapparait au milieu du neuvième morceau « Une épitaphe de suie » par exemple, ou au début de « Igneus ». Oui l’âme est Enflammée, Constellée, Immense, à la manière de la musique de cet album, à la fois lointaine, consumée, désolée, dispersée…
Une œuvre fascinante qui s’impose dans la continuité d’« Il était une forêt… ». Les riffs sont toujours aussi lancinants, égarés, à l’instar de Nocturnal Depression. Ils se traînent sur une heure et vingt-trois minutes d’écoute, telle une âme perdue, déchirée. Car après tout L’âme est le thème majeur de cette nouvelle œuvre. Le DSBM et Black Metal Ambiant reviennent en force en cette année 2013 (Shining, Sombres forêts, Pensées Nocturnes, Nocte Obducta …) Le talent du duo de Gris s’est une nouvelle fois exprimé. « À L'âme Enflammée, L'âme Constellée... » Poétique et douloureux. Mais ce n’est jamais assez. À écouter et réécouter sans possibilité de se lasser !
1. L'aube
2. Les forges
3. Samsara
4. Igneus
5. Dil
6- Moksha
7- Seizième prière
8- Sem
9- Une épitaphe de suie
10- Nadir