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Florilège de commentaires genre brèves de comptoirs à l'écoute de Aeon's Black :
« Bordel, ils ont ressorti Necrolord de sa cave pour faire leur pochette ! »
Et oui, le premier détail qui saute aux yeux lorsque l'on prend le quatrième album des Suédois de Aeon. D'ailleurs, il n'a pas depuis racheté de nouvelles couleurs puisque depuis presque vingt ans maintenant, il dessine en bleu nuit et noir des personnages inquiétants et diaboliques avec un graphisme reconnaissable entre mille tout comme sa signature, toujours posée dans un coin. Ici c'est une créature de l'enfer, dont on pourrait reconnaître la filiation dans certaines sculptures d'inspiration antique (des déesses sur des chariots partant à la bataille, cheveux au vent), mais bien sûr version nécro, à la peau serpentine et au drapé recouvrant le peu de lumière que produit cette étrange nuit bleue. A moins que ce ne soit pour faire écho à la chanson Neptune the Mystic ? Se référer à un titre d'à peine une minute me semble douteux cependant.
« Bordel, ils se sont pas foutus de notre gueule, quinze titres pour un album, on en a pour notre argent ! ».
Ça c'est clair. C'est vrai qu'on trouvera quelques passages histoire qui remplissent l'album et qui ne font guère plus d'une minute, quatre pour être très précis. Mais quand on voit que chaque composition dépasse les trois minutes trente et deux d'entre elles titillent la barre des cinq minutes trente, on comprend que tout n'est pas torché en deux blasts trois riffs. Pour emballer tout cela, ils se sont rendus à l'Empire Studio avant de confier toute la partie technique à Ronnie Björnström, histoire que tout cela reste en Scandinavie peut-être pour garder un certain esprit voire une certaine façon de faire du death. Car le son qui en sort est personnel qui ne transpire par la modernité. Ca sent même le bon vieux death des chaumières à l'époque où on aimait faire dans le gras, le lourd le pesant et qu'on ne portait pas aux nues ce son découpé au bistouri du death moderne.
« Bordel, ça sent la naphtaline ton truc ! »
Et voilà les mécréants qui ont a peine reniflé le old school et qui commencent déjà à geindre. Bien au contraire, en écoutant Aeon, on repart aux fondamentaux posés par Morbid Angel (pas la dernière mouture, hein?!) ou encore Immolation. Ils s'appuient d'abord sur un batteur solide qui ne fait pas de chichis : la double est rapide et sonne comme une mitraillette et le blast sur la caisse claire est bien grave et le son profond. En dehors de ça, les guitares sont aussi bien écrasantes et la voix est grave à souhait. Le chanteur exploite surtout ce timbre et ne varie guère, imposant une marque sur l'ensemble du disque qui peut faire son effet comme sur Aeon's Black, où la scansion hypnotique et répétitive fait pleinement son effet.
«Bordel, mais le death old school c'est comme le beaujolais : banane ou framboise mais c'est toujours la même chose ! »
Et encore une bêtise au discrédit des râleurs. Aeon sait qu'ils doivent proposer une musique à la hauteur de leur image : brutale et sombre comme Maze of the Damned qui ne descend presque jamais en pression sur tout le titre. On sent un bloc compact, presque un peu trop tellement on prend plein la tête une musique monolithique mais énorme. Mais si cette sensation est latente sur bon nombre de titres, Aeon ne se contente pas de dérouler et savent varier pour intéresser l'auditeur. Ainsi Die By My Hand contient quelques claviers pour nous proposer une ambiance plus grandiloquente.
L'ensemble devient presque martial à la fin de Nothing Left To Destroy, ce qui aurait aussi tendance à nous prouver que les morceaux ne sont pas monotones. D'ailleurs on retrouve un grand nombre de soli, qui ne brillent pas forcément par leur originalité mais qui ont le mérite de venir briser le ronron ou plutôt le poumtchac de la brutalité exposée par Aeon.
« Bordel, mais c'est que ce serait bon ! »
Enfin une remarque sensée. Les musiciens d'Aeon insistent eux-mêmes sur le côté groovy de leur album Aeon's Black. Si on ne peut pas vraiment en arriver à cet extrême, il faut bien leur reconnaître plusieurs qualités. La première c'est de jouer une musique qui en ces temps de core / technique / mélo a presque été oublié ou laissé de côté. On appréciera aussi le côté hommage à Morbid Angel sur pleins de petits moments et sur le nom de la chanson : Maze Of The Damned (comment ne pas penser à Maze Of Torment?!). Enfin, on pourra parler du côté jouissif de leur musique, même si l'objectif est clairement d'emmener le fan six pieds sous terre à travers A Passage To Hell, on se sent vidé après une écoute complète, rassasié de death métal. Bref un album à recommander à tous les amateurs du genre.
01. Still They Pray
02. The Glowing Hate
03. The Voice of the Accuser
04. I Wish You Death
05. Garden of Sin
06. Neptune the Mystic
07. Nothing Left to Destroy
08. Passage to Hell
09. Aeons Black
10. Dead Means Dead
11. Sacrificed
12. Aftermath
13. Blessed By the Priest
14. Maze of the Damned
15. Die By My Hands