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Parfois faire de la musique force à l'humilité. On aurait tendance à croire que c'est ce qui est tombé en force sur les Canadiens de Cryptopsy. Après un échec cuisant avec The Unspoken King, le monde du death brutal n'avait pas vraiment envie de les revoir. Il faut dire que la déception était à la hauteur de ce que l'on pouvait attendre d'un groupe qui n'a jamais déçu tout au long de sa carrière même s'il a créé des débats, en particulier sur ses chanteurs. En franchissant le Rubicon du deathcore et surtout du chant clair, ils ont déchainé les fans qui, déçus, ont craché leur haine au visage du groupe, qui n'avait certainement pas vu venir le tsunami ! Il aura fallu du temps et sans aucun doute de l'introspection pour que la bande à Mounier se remette à... flot (désolé pour le jeu de mots). Il se sont donc tournés sur eux-mêmes, ont connu quelques changements de lineup et se sont fait confiance pour la promotion de leur album. Après tout, tout faire soi-même oblige à croire en son produit.
Et s'ils ont changé de guitariste en reprenant John Levasseur qui a déjà officié dans leurs rangs, ils ont gardé Matt Mc Gachy en tant que chanteur, non sans lui apposer le label « no clean vocals » dans la promo dès le départ. On se sent déjà mieux. Et quand on se prend l'ultra-brutalité des premières notes de Two-Pound Torch dans la tête, notre état s'améliore encore. Cet album est un concentré de brutal death, trente-cinq minutes, huit titres et l'affaire est pliée. Mais ce n'est pas la quantité que l'on va observer à la loupe mais bien la capacité du groupe à faire de la musique avec laquelle l'auditeur va accrocher. Cryptopsy a toujours joué sur deux tableaux qui ont rendu l'accessibilité de leur musique assez difficile : les parties brutales sont touffues et elles peuvent sembler hors de contrôle et d'un autre côté, ils maitrisent une technique propre à leur son, marque d'un groupe dominé par un (excellent) batteur qui ne va pas se contenter de blaster non-stop.
Et c'est sur cet aspect que Cryptopsy fait mal sur cet album : The Golden Square Mile se base sur des éléments solides mais tout y est ciselé pour apporter le détail qui va faire que l'on se souviendra de ce titre : le riff et les blasts se complètent, la partie des « couplets » est bien épique, on retrouve des mosh parts alambiquées à souhait vers la fin. Et à l'opposé Ominous emmène tout sur son passage, un petit break groovy histoire que l'on reprenne son souffle et puis c'est reparti à fond. C'est bien cette folie que l'on recherche avec les blasts ultra rapides de Flo Mounier comme sur Two-Pound Torch ou Red-Skinned Scapegoat. On pourrait objecter que la fin du titre n'est pas nécessaire et qu'elle a tendance à montrer que les Canadiens se perdent parfois dans des considérations un peu trop hors de leur style ou trop mainstream, facile à l'écoute, même si ces mots ne veulent rien dire pour un groupe de death brutal (on pourrait prendre en exemple, aux alentours de 2:00 sur Cleansing the Hosts). En effet, on sent un tel peaufinage dans les chansons que l'énergie primale qui débordait parfois de leurs anciens titres est un peu lissée parfois, mais cette impression demeure très minoritaire.
On ne peut pas passer à côté de Red-Skinned Scapegoat sans en dire un mot. Pour commencer, cette chanson fait partie des titres à trois mots, au nombre de cinq, ou six si vous êtes généreux, qui passeront parfaitement l'étape de la présentation sur scène (oui vous savez ce moment où le chanteur gueule le titre, ici c'est bien équilibré). Ce détail mis à part, ce sont six minutes un peu loin du reste que Cryptopsy nous propose. Un risque calculé qui peut ne pas plaire aux inconditionnels. Plus lent que les autres morceaux, mais sans pour autant exclure sa dose de bottage de cul, les guitares écrasent les rythmiques, jusqu'à ce que tout s'arrête pour un passage jazzy. A vous de juger la surprise.
Difficile de décortiquer chaque aspect de cet album de Cryptopsy tant l'avis que l'on pourra se faire dépend de l'histoire que l'on a avec ce groupe et de sa capacité à passer outre le faux pas du précédent album. Personnellement, j'ai pris un vrai plaisir à écouter ce disque et de ressentir que le son est toujours là, le style ne s'est pas délavé au point de ne plus être reconnaissable et qu'ils sont bien capables de créer des morceaux qui vont en ravir plus d'un. Ce repli sur eux-mêmes, loin du business system du métal est salvateur et ne pas au moins jeter une oreille sur cet album serait à mon humble avis une grosse erreur. Pour finir on pourrait faire un parallèle entre la pochette de cet album et son "personnage" reconnaissable et un célèbre film sorti cette année et dire pour parler de leur disque : the Blast Knight Rises !
1- Two-Pound Torch
2- Shag Harbour’s Visitors
3- Red-Skinned Scapegoat
4- Damned Draft Dodgers
5- Amputated Enigma
6- The Golden Square Mile
7- Ominous
8- Cleansing the Hosts