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L’anesthésie n’avait pas été pratiquée. La chirurgie fut violente, sale et sauvage, sans espoir d’un quelconque retour en arrière ni l’assurance de pouvoir revenir un jour à la surface tant la vague de haine et de nihilisme fut dévastatrice. Le message était pourtant clair, sans appel et négatif : "nOn". La négation absolue sous sa forme la plus simple et pure…le rejet de l’autre, de la société, de l’industrie, de la communication…la dénégation abjecte d’une entité supérieure en laquelle personne ne désire plus croire. The Amenta a marqué les esprits avec son second opus, qui arrivait lui-même après un premier brulot impressionnant de torture et de brutalité auditive.
Mais le mal gangrène et est une nouvelle fois de retour. La maladie se montre plus pugnace et vicieuse…car outre le fait de réfuter l’ensemble dans lequel il vit, The Amenta est désormais prêt à porter l’estocade, le coup final, d’abréger les souffrances…"Chokehold" (« Maintenir Etouffer » littéralement), malgré son simple statut d’ep pour faire patienter, n’en est pas moins un attentat terroriste et masochiste à la société actuelle.
Vivant en marge de toutes scènes, de toutes influences et de tous langages (re)connus par ses pairs, The Amenta continue de faire grandir sa personnalité maladive et torturée au gré d’expérimentations sonores et musicales déchirées et désincarnées.
L’artwork résume à lui-seul la noirceur et la négativité qui émane de ce nouveau rejeton maudit. Cet être grimaçant et agonisant est le simple reflet de la personnalité schizophrénique et au bord du gouffre de l’entité australienne. Le morceau éponyme, unique titre inédit de cet ep (uniquement digital, faut-il le préciser), sème la terreur et le chaos à travers une atmosphère suffocante à l’extrême, lente et industrielle, pour ne pas dire noise. Les vocaux de Cessium sont toujours reconnaissables mais on aperçoit une absence de haine pure pour lorgner vers un désespoir cruel, un écœurement du monde aboutissant à une ode blasphématoire proche de l’incantation démoniaque. Les riffs sont minimalistes, presque absents, complètement en retrait face aux samples glauques et bruitistes qui peuplent cette composition lente et étouffante. Toujours fondamentalement synthétique et sale, la production accentue considérablement cette sensation de malaise et d’étouffement.
Difficile de se faire une idée précise de ce que sera l’album complet mais il est à prévoir que, si "Chokehold" est représentatif de l’opus, il sera parmi les écoutes les plus malsaines et difficiles à entendre que l’année pourra enfanter.
Comme des pères spirituels, l’influence de Godflesh semble encore plus évidente quand la reprise de "Christbait Rising" (tiré du premier album "Streetcleaner") émane. Le son, l’ambiance, l’interprétation se rapprochent du combo mythique initiateur de l’indus dans ce qu’il peut avoir de plus crade et cauchemardesque.
A cela s’ajoutera, pour terminer cet apéritif radioactif, des versions live de "Sekem" (d’"Occasus") et "Vermin" (de "nOn") acceptables mais pas forcément indispensable pour ceux ayant pu voir "VO10", album étrange et auto-produit l’année dernière regroupant des lives, des remix et des vidéos.
"Chokehold" n’a donc comme utilité principale que de présenter cette nouvelle composition. Sera-t-elle le porte-drapeau d’un troisième album encore plus pessimiste et noir que les précédents ? N’est-ce qu’un trompe l’œil comme les australiens aiment le faire, imprévisibles et incontrôlables ? L’histoire même de cet ep est en soi une énigme…vision promotionnelle d’une maison de disque ou nécessité artistique d’un groupe anticonformiste et négationniste à l’extrême ? La réponse se décantera naturellement lorsque naitra ce nouvel immondice déjà porteur du patronyme "Flesh is Heir", et conceptualisant la notion de l’anéantissement du psyché humain. La fin d’année sera d’ores et déjà marquée par le sceau du chaos…celui de The Amenta.
1. Chokehold
2. Christ Bait (Godflesh Cover)
3. Vo1d (Remix)
4. Sekem (Live)
5. Vermin (Live)