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Né des cendres d’At The Drive-In, l’un des groupes fondateurs du mouvement Post-Core qui se reforme justement cette année, The Mars Volta a fait son bout de chemin atteignant des sommets comme sur Frances The Mute, sorti il y a sept ans de cela – Déjà – et récoltant des lauriers justifiés tant par son talent que par sa singularité. The Mars Volta est assimilable à une Salsa endiablée commençant langoureusement mais finissant par vous démembrer avec la plus grande violence. A l’instar d’un Tool, le groupe texan est arrivé à se démarquer de la scène Rock Progressif grâce à un son et des compositions que vous ne trouverez nulle part ailleurs si bien que le groupe, trop hétéroclite, ne peut appartenir à aucun des grands sous-genres. Parce que bon, entre nous, vous en connaissez beaucoup des groupes qui puisent leurs influences autant dans le Metal que dans les musiques latinos, autant dans le psychédélique que dans la Fusion, autant dans la Pop que dans le l’Electro ou le Noisy ? Tout ça dans un joyeux bordel pourtant savamment maitrisé.
Le premier constat de l’écoute de ce Noctourniquet, sixième album du groupe d’El Paso, est pas loin d’être similaire à celui que j’avais eu après avoir découvert Frances The Mute : « C’est quoi ce bordel ? ». Il n’y avait de différent entre mes deux jugements que le fait que le second nommé m’avait tout de suite séduit alors que Noctourniquet me faisait frémir pour une raison toute simple. Avec The Mars Volta, j’étais resté sur un Octahedron très facile d’accès où nous sentions les Texans se contenir sur tous les points. Ici, nous retrouvons la folie furieuse des membres sur des morceaux qui n’ont, dans un premier temps, aucun sens mais qui se révèlent plus vite que nous pourrions le croire. Les influences latinos se font moins entendre que dans le passé du groupe même s’il en reste des réminiscences rien que par l’accent de Cedric Bixler-Zavala, les rythmiques des percussions ou bien encore de quelques accords d’Omar Rodriguez-Lopez. Ce qui n’empêche pas le groupe de partir dans tous les sens notamment au niveau des claviers présents en abondance C’est simple, c’est cet instrument qui donne le la à tout l’album. Quand je vous parle de claviers, je ne vous parle pas d’une nappe bien pompeuse ou d’envolées progressives. Non. Je parle bien de ces claviers aux sons qui dégueulent de partout et qui vous salopent tout comme peu en utilisent dans le Rock. Pour tenter une comparaison, la majorité des claviers sur Noctourniquet (« The Whip Hand », « Lapochka » ou « In Absentia ») ressemblent à celui qui ouvre le « Dressed In Black » d’Ulver sur l’album Blood Inside. Du bien dégueulasse comme nous l’aimons qui donne un aspect malsain à l’album. On ne sait jamais si l’on doit sourire ou se méfier. Noctourniquet a un pouvoir de séduction autant qu’il a un pouvoir de répulsion. Sur « Dislexicon », par exemple, le groupe met un riff de guitare strident à la limite de l’inaudible tellement il agresse nos oreilles et vient, en revanche, placer un petit moment super agréable juste derrière avant de recommencer son manège. De même, « Whip Hand » qui ouvre l’album de manière déconcertante vu comment il est déconstruit et ne sonne pas « bien » pour des esgourdes bercées au son de la Pop entendue à la radio comme beaucoup d’entre nous.
Il vous faudra attendre le quatrième morceau, « Empty Vessels Make The Loudest Sound » pour enfin trouver de la beauté au sein de The Mars Volta avec un Cedric calme et de belles mélodies de guitares (enfin !). Ce titre aurait pu offrir un très beau single. Non, le groupe dans un élan d’auto-flagellation ne cherche pas le succès radio et, à la place, sortira un « The Malkin Jewel » bien trop vicieux pour passer sur les grandes radios même s’il ne trompe évidemment pas sur la marchandise (Au passage, l’interprétation très théâtrale de Cédric est plutôt grandiose). Ce qui n’empêchera pas le groupe d’atteindre la quinzième place du Billboard… Quitte à faire dans le titre vicieux pour promouvoir l’album, j’aurais bien pris « In Absentia », mon titre préféré de l’album, avec du clavier dégueulasse entre Ulver, Vangelis et du Latino, une ambiance glauque et un final qui pourrait faire danser en boîte de nuit, tellement dans l’esprit Dance des 90’s. Allez savoir pourquoi, ce final me fait penser à du Jennifer Lopez (A prononcer : Rrrrrrrenifer) mais avec une vraie ambiance et du talent (Quand même, faut pas pousser !). Si vous voulez de la guitare un peu plus en avant, il vous faudra attendre « Molochwalker » qui possède un vrai riff entêtant et sur lequel, on retrouve un peu plus l’esprit de ce que le groupe jouait sur Frances The Mute, sommet que Noctourniquet n’atteindra pas dans mon cœur, la faute à une seconde partie plaisante mais beaucoup moins clinquante par ses manques de rythme et de folie. On lui retiendra, malgré tout, « Zed And Two Naughts » qui vient conclure admirablement bien l'album avec ce refrain implacable.
Tant de blabla pour, au final, en dire si peu sur Noctourniquet qui est un album qui révèle ses douceurs petit à petit. Il faut savoir prendre son temps. Si vous n’avez jeté une oreille sur The Mars Volta, faites l’effort. Ce groupe mérite tout autant sa renommée qu’un Tool dont le groupe se rapproche dans l’esprit de ne jamais vouloir rentrer dans le moule. Pour ceux qui ont lâché l’affaire avec Octahedron, laissez-vous tenter par Noctourniquet qui revient au genre alambiqué des premiers albums. Ce n'est pas encore ici que The Mars Volta arrêtera de nous surprendre. Qu'on se le dise...
1. Whip Hand
2. Aegis
3. Dislexicon
4. Empty Vessels Make The Loudest Sound
5. The Malkin Jewel
6. Lapochka
7. In Absentia
8. Imago
9. Molochwalker
10. Trinkets Pale Of Moon
11. Vedamalady
12. Noctourniquet
13. Zed And Two Naughts