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Quand on est un jeune groupe de métal, faire son trou est crucial et pour ça les critiques, les concerts et autres apparitions qui pourraient mettre sur le devant de la scène sont primordiales. Surtout si l'on en retire quelque chose, pour le meilleur ou pour le pire. Nous avions déjà rencontré Broken Mirrors dans nos pages à U-zine et déjà on sentait le frémissement de quelque chose de bon. Alors deux grosses années après Seven Years, ils reviennent avec The Universal Disease. Décidément, on ne sent pas une grande joie dans leurs thèmes et l'illustration ne fait que confirmer cette impression : le dessin d'un visage mi-femme mi-tête de mort aux couleurs un peu pastels et entouré de rouge sombre. On perd tout repère, on ne sait qui est ce personnage inquiétant et mystérieux ni dans quelles circonstances on se trouve. Reste juste cette maladie universel, mais quel est-il ? Rien ne nous fera avancer. Dommage que le logo du groupe vienne casser un peu l'harmonie de cette illustration, les couleurs tranchent (gris sur rouge) tout comme le graphisme (tout en angle alors que le dessin est tout en flou).
Un autre des détails que l'on remarque c'est que l'inspiration a été bonne puisque l'album compte douze titres (treize avec Inner Enemy, dans la version digipack) et avec aucune chanson au dessous des quatre minutes trente, on se dit qu'on va en avoir pour son argent ! Et du coup, on commence aussi à avoir des attentes car pour accrocher l'auditeur aussi longtemps, le groupe va devoir sortir quelques jolis coups de son chapeau. Surtout que sans chanson épique, on se demande si l'on ne va pas avoir la redite du même titre avec une petite variante histoire de faire du remplissage de cd. Mais après l'écoute de The Universal Disease, il en ressort plusieurs constats.
En premier lieu, Broken Mirrors a bien travaillé la recette qui est son postulat de base et promeut donc une certaine forme de continuité. Si vous vous plongez dans cette album, vous allez rapidement reconnaître l'influence principale dont nous avions parlé lors de la chronique de Seven Years : Children Of Bodom. Alors, c'est vrai qu'en temps que seul groupe majeur de la scène extreme thrash, on se réfère forcément à eux dès qu'un groupe se lance dans le style, mais bon c'est le risque à prendre, et on peut penser qu'il y a donc un créneau à exploiter tant la concurrence est faible ou inexistante. Les soli de guitares sont toujours aussi chiadés (celui de Heaven Can Wait vaut des points) et les claviers viennent s'interposer sans s'imposer de manière harmonieuse et mélodique comme pousseur d'ambiance sur Holding The Triggers ou élément à part sur Erotic Thirst.
Ça cogne, ça va vite et l'ensemble est soutenu par une batterie rapide et précise, qui ne déborde pas de moments techniques mais qui fait bouger les titres avec force et dynamisme. Et comme ils maitrisent leur sujet, ça donne des titres démentiels comme Aquarius qui donnent envie de sauter partout. Tout y est bien pensé : un bon riff, un rythme de batterie qui cartonne et un clavier qui vient apporte du piment. C'est bien sûr la recette qui prévaut sur l'ensemble de l'album mais les taux de réussite sont différents selon les titres.
Et dans un deuxième temps, une phase a été réservée à l'innovation. Ne vous trompez pas, on ne plonge pas dans un délire complètement inattendu, mais plutôt dans des moyens de canaliser l'attention de l'auditeur sans le perdre. Bien sûr, le thrash est une évolution du heavy dont on retrouve des grosses traces ici notamment sur une grosse partie du titre d'ouverture Strong Enough, mais ce n'est pas tout. On se croirait presque sur un bon vieux morceau de black métal au départ de Heaven Can Wait ou encore sur un titre de néoclassique sur la première partie de Nightmare In Mind. On regrette que ces partis pris ne soient que des leurres et que le groupe ne les exploite pas un peu plus car cela apporterait une surprise supplémentaire à The Universal Disease
On remarque aussi que Broken Mirrors a fait un véritable effort pour que cet album rentre un peu plus dans les esprits avec un son vraiment propre à tous les niveaux et ils ont essayé de chasser les titres qui pourraient faire baisser l'intensité, histoire de garder la barre la plus haute possible et de favoriser les moments rentre-dedans comme la partie centrale de Anthropophobia qui reste malgré cela pour moi un des titres les plus faibles de l'album car manquant un peu de relief.
Comme il a été précisé plus haut, ne vous attendez pas à un album complètement sorti des sentiers battus voire innovant.Broken Mirrors ne vise pas cet objectif. Ils ont réussi avec The Universal Disease à montrer au monde du métal qu'ils sont passés experts dans leur domaine, ils sont précis, puissants et savent faire évoluer une chanson dans le bon sens. Maintenant, ils devront se pencher sur l'épineuse question qui va à mon sens les pousser dans encore plus loin : comment faire pour que les métalleux reconnaissent notre patte du premier coup ? Que peut-on rajouter à notre musique qui fera la différence et nous affranchira de notre pesante influence ? Personnellement je suis impatient d'avoir la réponse !
1. Strong Enough
2. A Thousand Voices...
3. Pig Marmelade
4. Heaven Can Wait
5. Holding the Triggers
6. Aquarius
7. Anthropophobia
8. Erotic Thirst
9. OverDriven
10. Heartsick
11. Nightmare in Mind (part I : Falling…)
12. Nightmare in Mind (part II : A Dream Within a Dream)
13. Inner Enemy (Digipack Bonus Track)