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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Unkind

Harhakuvat

LabelRelapse Records
styleCrust Mélodique
formatAlbum
paysFinlande
sortieaoût 2011
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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Nous, les mecs, avons tous fait croire un jour ou l'autre lors d'une soirée entre potes que nous étions des sans-cœurs. Dans un souci de virilité, nous nous devons d'être macho. « L'amour ? 'Connais pas! », « A la maison, c'est moi qui fais la loi, c'est pas une femme qui va me dire quoi faire, hein les gars ? », « Les préliminaires, c'est vraiment un truc de gonzesses. Si elle me demande de lui caresser les pieds, je lui réponds de me sucer. Non mais caresser, franchement les mecs! » ou encore le fameux « Pleurer, c'est pour les pédales » sont autant de phrases abjectes dites pour frimer et faire genre parce qu'au final, nous sommes des agneaux qui avons aussi un cœur. Nous sommes, en réalité, asservis aux femmes, répondant au garde à vous à chacun de leurs désirs. Par dessus tout, nous sommes des êtres sensibles qui pleurons à la fin d'E.T. et dont le film culte est Lost In Translation. De vraies grosses Pédales. Hé bien, Unkind, c'est un peu tout ça à la fois.

Avant de disserter, revenons sur ce groupe dont il est très dur d'avoir de bonnes informations. D'après leur Bandcamp, il semblerait qu'Harhakuvat soit leur cinquième album mais le premier à atteindre une durée aussi importante (trente-huit minutes). La preuve d'une certaine remise en question pour le groupe finlandais cherchant à aller plus loin que le simple Crust qu'il proposait sur ces précédents opus.

Simple Crust... Heureusement que je m'adresse à un belle bande d'ignar... d'explorateurs de vibrations car réduire Unkind à ce qualificatif, ça serait mal faire son boulot. Il y a, en effet, tellement à dire sur ses influences qui en font un groupe comme j'en ai jamais entendu autre part. Sous ses allures de gros crado qui n'a pas pris de douches depuis quelques semaines, se cache un petit cœur qui souffre qu'on aurait bien envie de prendre dans ses bras du moment qu'il ne respire pas la bouche trop proche de notre nez et qu'on ne tient pas trop aux vêtements que l'on porte. Il ne suffit que des quelques secondes de l'introduction du morceau éponyme qui vient ouvrir l'œuvre pour qu'on se rende compte qu'Unkind est fragile. En effet, quand on commence un album Crust avec l'influence de Doom:VS (le projet solo de Johan Ericson, également guitariste chez Draconian), belle référence de Doom Death, on sent qu'une âme torturée s'est perdue dans nos enceintes. Ce n'est pas parce que le groupe se reprend très vite avec un Crust d'une énergie à revendre qu'il va nous tromper. Au milieu de toutes cette poisse, les mélodies sous-jacentes de guitares en sont la preuve. Unkind, malgré son nom, n'a rien du groupe bête et méchant comme il aimerait nous le faire croire. Unkind a cette double particularité d'être aussi accrocheur que déprimant. Les mélodies sont le nerf de la guerre et donnent toute l'intensité dramatique de la musique. Sur « Kaivannot », comme si la tension n'était pas à son comble, le groupe n'hésite pas à y rajouter des trompettes sur le final. Avec « Johatajat Ja Uhrit », Unkind sort même du carcan du Crust. Les Finlandais voient leur bestialité s'envoler et ne reste que cet être tout ce qu'il y de plus humain devant nous et c'est touchant. Touchant comme du Sólstafir dont l'empreinte est encore bien présente sur « Koulutettu Epäonnistumaan » malgré un rythme plus soutenu.

Je manquerai à ma tache si je terminais ma chronique sans vous toucher un mot sur le chant qui est plus qu'un modeste faire valoir de la musique d'Unkind. Le duo entre Marko (également bassiste) et Tommy (Guitariste aussi) est torturé passant certaines fois dans un chant plus Screamo qu'Hardcore pur comme sur « Laumasielut » et je sais pas pour vous, mais moi, ça ne fait que renforcer ma sensibilité.

Il est juste dommage que parfois le mixage n'est pas toujours à la hauteur. Ok, c'est du Crust mais quans même, je trouve que le batterie est trop sur-mixé au détriment des guitares qui mériteraient un autre statut. Hormis ce petit accroc, le son dégueulasse à souhait. Jouissez.

Trente-huit des plus intenses et c'est déjà fini, on en redemande. C'est assez court pour un album qui est, quand même, bien accrocheur si on passe au dessus de la barrière de la langue (Du Finnois). Harhakuvat est LA belle surprise de cette fin d'année. Celle qui me donne autant envie de foncer contre les murs que de me tailler les veines. C'est surtout celle qui te fait comprendre que tu pourras avoir l'apparence la plus détestable qui soit, ça ne changera en rien ce que tu es au plus profond de toi... Et vice versa...

1. Harhakuvat
2. Kaivannot
3. Laumasielut
4. Ylpeä Perhe
5. Johtajat Ja Uhrit
6. Läsnä
7. Tämä Päivä
8. Koulutettu Epäonnistumaan

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