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Plutôt habitué à un espace de deux ans entre chaque full-lenght, l’arrivée du nouvel album des Belges de Gorath un an seulement après la parution de MXCII avait tout de la surprise empreinte de doutes.
Quiconque connaît Gorath sait pertinemment que la formation n’est pas du genre à bâcler le boulot, peaufinant son univers obscur jusque dans ses moindres détails, et une courte année semblait bien peu face au perfectionnisme manifeste du groupe. Pour autant, ne cachons-pas que le plaisir de se délecter de nouveau des salves occultes de Gorath est à l’avance indescriptible, et c’est les mains fébriles et les tympans affûtés que démarre l’écoute de cet Apokálypsis - Unveiling the Age That Is Not to Come.
Format habituel pour Gorath, et pas d’inquiétude : 7 titres mais 50 minutes au compteur. Le contenu quant à lui ne déçoit pas, bien au contraire et pour plusieurs raisons. La première d’entre elles est simple et se suffit à elle-même : l’identité caractéristique du groupe ne manque pas à l’appel. Les premières notes de Before the Throne of the Demiurge nous positionnent immédiatement dans un territoire connu et apprécié, Gorath est resté Gorath. Le mastering fourni par le talentueux et prolifique Dan Swanö rend justice à la sophistication des structures de Gorath, enrobe l’auditeur dans un équilibre savamment trouvé entre épaisseur des basses et clarté des mélodies, et permet ainsi de mieux percevoir les nuances subtiles d’Apokálypsis.
Car si l’on pouvait reprocher, en dépit de ses indéniables qualités, à MXCII de trop forcer le trait de l’agressivité, occultant au passage les splendeurs acoustiques de (selon moi) l'inégalable Misotheism, Apokálypsis semble rectifier le tir, et regagne des territoires plus atmosphériques, toujours émaillés de sursauts de brutalité dans un élan typé black progressif. Beasts from the Earth and the Sea pourrait représenter ici le meilleur de ce qu’a à offrir Gorath et prouve le potentiel du groupe à écrire de grandes chansons. Ce morceau, très développé porte en exergue toute la fluidité dont fait preuve Gorath lorsqu’il s’emploie à écrire un titre, une architecture dressée en béton armée force le respect, l’intelligent dosage entre technicité et sincérité est poignant, le plaisir de l’écoute décuplé. Parfaitement en place, comme à son habitude, la musique de Gorath rappelle parfois les atmosphères grinçantes et sinistres d’un Deathspell Omega, s’agrémente d’encarts religieux, accentue largement la dimension théologique de son propos, et le rendu final s’en ressent. L’atmosphère est moins dispersée que sur ses prédécesseurs, se montre cohérente d’un bout à l’autre du parcours, jusqu’au final apocalyptique et de haute volée qui conclut un album qui n’est pas parvenu pour autant à me claquer la tronche comme avaient pus le faire certains albums passés de la formation, peut être par son manque de prise de risques. C'est le prix à payer lorsque l'on a toujours tapé dans l'excellence.
Apokálypsis résonne comme une belle digestion des orientations passées du groupe. F.Dupont, toujours aussi en voix donne le ton à une instrumentation de l’apocalypse toujours aussi maîtrisée et cérébrale. La construction est léchée, et Gorath se pose encore une fois en haut du panier des pourvoyeurs de black metal progressif, sans jamais tomber dans de la soupe à riff, parfois indigeste. Non, ici comme avant, le riff est pesé, les successions de rythmes sont distillées avec finesse, bref le songwritting est toujours aussi impeccable et le groupe impressionnant talentueux.
Ce n’est peut-être finalement que le fait qu’il n’y ait pas d’énormes surprises qui fera fléchir la note finale d’un album qui ne doit pour autant en aucun cas être négligé, si vous désirez vous délecter d’un black metal noble et racé, entre beauté et cauchemar.
Un bien bel album pour cette fin 2011.
1. Before the Throne of the Demiurge
2. The Seven Seals
3. Wrath of God
4. Le Porteur de Lumière
5. Beasts from the Earth and the Sea s
6. Whore of Babylon
7. Millennium (Thousand Years of Darkness)
