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Sebastian Bach a bien vieilli. Ce quarantenaire canadien, autrefois héros du hard rock avec les glorieux Skid Row, a multiplié les cordes à son arc pour ne pas tomber dans l'oubli auquel son renvoi du groupe qui a fait sa célébrité le promettait. Entre intervention sur la chaîne musicale VH1 et sa participation à la série Gilmore Girls, il a continué à jouer sur son image de rockeur star à tout jamais. Mais cela ne l'a jamais éloigné de ses premières amours : la musique. En effet sa carrière solo, même si elle n'est pas prolifique, compte quand même trois albums (celui-ci inclus), un EP et un live. Pour nous prouver qu'il est loin d'être mort ou has-been, le revoilà avec Kicking and Sreaming, que l'on pourrait approcher d'une déclaration qui dirait : « je me débats encore, je suis encore vivant ! » (même si le sens courant de cette expression est : à mon corps défendant, contre mon gré). En témoigne la pochette, illustration assez agressive et guerrière entourée de feu, de divinités aux couteaux et d'éléphants pas très proches du sympathique Dumbo. Il semble tout droit sorti d'un enfer aux accents asiatiques. D'un autre côté, on pourrait aussi se dire que Bach se moque un peu de nous, avec un dessin de lui en éternel jeune avec son look tout droit tiré des eighties et son accompagnement de jeune fille pas déplaisante à regarder.
On sait bien que la star c'est lui comme le montre cette illustration, mais l'homme a su s'entourer de musiciens pas manchots et qui vont prouver que leur talent peut aussi exister à côté de celui de leur frontman. Les aides de camp sur Kicking and Sreaming sont Nick Sterling à la guitare et Bobby Jarzombek derrière les fûts, pour ne citer que les plus connus. Et on sent leur poids sur le son, d'une épaisseur rare, l'ensemble est très rock et sait déborder sur le côté hard du genre. Ne vous attendez pas à un album pour minettes avec son lot de ballades et des chansons tirant sur la pop pour faire plaisir au grand public. Non, Sebastian Bach a envie de prouver que ce n'est pas parce que l'on vieillit que l'on doive se ramollir. Poussées par la voix bien aigüe de Bach, des chansons comme One Good Reason ou Dance On Your Grave donnent envie de secouer la tête. Pour faire un petit écart sur le chant, s'il est plus haut perché, les tonalités sont bien variées et Bach maîtrise encore son sujet, en atteignant l'objectif de tout chanteur : transmettre une émotion, et de ce côté la palette est aussi large que dans ses jeunes années, moins la petite folie et peut-être un peu plus convenue.
Ne croyez pas non plus que l'on va vous resservir une énième version de tubes remâchés depuis le milieu des années 90 et leur cortège de groupes stars. L'esprit est là, mais on ne s'ennuie pas, bien au contraire. Foin de complexité technique, ici c'est le feeling qui parle tout comme l'homogénéité du groupe, Bach n'est pas vraiment mis en avant, même s'il représente l'âme du groupe et son identité. Quand on parle de groove, Caught In A Dream fait son effet : refrain super catchy, mélodie qui fonctionne à la première écoute. Et au milieu, une partie instrumentale qui vient justifier de l'aspect moderne de cet album : les musiciens se font plaisir avec des syncopes et un riff monstrueux qui annonce un court solo. Sans en faire trop, ils ont trouvé la méthode pour attirer les esgourdes de tous les genres de musiciens.
L'album se compose de treize titres et la moyenne des durées étant autour de quatre minutes, on reste dans un format accessible, sans grandes fioritures. Comme tout album bien pensé pour plaire, il y a de tout : des chansons pour emballer : I'm Alive, un peu bateau car la construction est tellement revue qu'on la trouve anecdotique; des chansons pour headbanguer : Dirty Power, qui se rapproche de ce que l'on fait de moderne chez Alter Bridge et ses rythmiques super carton; des chansons qui mordent sans être rapides comme Lost In the Light, on y sent une hargne assez bien contenue et des hymnes hard rock comme Caught In A Dream. Bref, vous en avez de toutes les couleurs.
Au vu du succès de Slash, on peut se dire que les fans sont là et qu'ils prendront un plaisir non négligeable à poser une oreille sur Kicking and Sreaming. Sebastian Bach Voilà un bon album à faire écouter en soirée aux non initiés sans entretenir la nostalgie de Skid Row, car nous sommes depuis longtemps dans une nouvelle ère : celle où Sebastian Bach s'est fait un nom, tout seul.
01. Kicking & Screaming
02. My Own Worst Enemy
03. TunnelVision (featuring John 5)
04. Dance On Your Grave
05. Caught In A Dream
06. As Long As I Got The Music
07. I'm Alive
08. Dirty Power
09. Live The Life
10. Dream Forever
11. One Good Reason
12. Lost In The Light
13. Wishin'
