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Fleshgod Apocalypse fait partie de ces groupes à l’identité propre qui ont su amener sur un plateau doré des choses déjà existantes et en faire un pot-pourri efficace et musicalement très correct. Après un excellent premier album intitulé "Oracles" suivi de "Mafia" un EP de moindre qualité, les italiens nous reviennent avec leur tout nouveau second album "Agony".
Fleshgod Apocalypse se reconnaît par un Brutal Death Metal très particulier puisque le groupe insère dans ses compositions de la musique classique dont certains arpèges nous rappelleraient du Mozart... version brutal. Loin du conventionnel: « j’te fous Carmina Burana en intro comme ça les metaleux ils s’ront contents », Fleshgod tourne sa musique saturée autour d’un noyau symphonique, même si celui-ci se réduit à différents sons de clavecin.
Les trues musiciens vont péter des câbles mais par soucis de compréhension, je continuerai d’utiliser nos abus de langages typiques. Histoire de remettre quand même vite fait les pendules à l’heure, la musique classique c’est Mozart, la musique symphonique c’est quand t’as 666 instruments, tout ce bordel c’est de la musique dite savante et le Black Metal Sympho c’est une grosse connerie. Néanmoins voilà, le metaleux a ses codes et il comprendra très bien lorsque que je dirai que ce dernier Fleshgod Apocalypse s’éloigne d’un Brutal Death à consonance Classique forte pour laisser main mise à un Brutal Death Sympho. Autrement dit, le clavier utilisé à outrance perd son ton du premier album pour donner l’impression à l’auditeur d’écouter un Anorexia Nervosa version BDM. Que le lecteur se rassure, c’est très bien fait. Loin d’avoir l’air aussi homosexuel que son compère Black Metal énoncé (attention, j’adore AN), les compositions, « symphoniques » donc, sont assez sombres, tantôt apocalyptique tantôt mélancolique. C’est un gros aspect de la musique de Fleshgod et en faire abstraction serait passer à côté de l’essence même du groupe, et en même temps vachement difficile.
Ces envolées classiques, symphoniques, orchestrales (rayez la mention inutile, voire les trois) trouvent un très bon écho du côté metal du groupe. En effet, c’est avec rage et dévotion que les zicos assassinent (ou honorent) le mouvement de Mozart à travers un tempo des plus soutenus. Ne vous attendez pas trop à une galette parsemée de mid-tempo autres que symphoniques. Ca va vite, très vite et ça ne s’arrête presque jamais. Francesco, ancien chanteur d’Hour of Penance, est une vraie machine de guerre derrière ses fûts et il ne descend au dessous de 200 BPM que sous la torture. Florilège de blast et double endiablée non stop, vous en reprendrez ? Les riffs ne sont pas laissés pour compte bien au contraire, puisqu’ils suivent les mélodies du clavier avec la fureur de les surpasser et de les détruire tel un élève dépassant son maître... ou plutôt retrouvant ses racines. D’une richesse éclatante si la brutalité n’avait pas été la première mise en avant, les compositions semblent malgré tout moins riches que sur Oracles mais diablement plus efficaces. Le choix de la démolition sur l’anticipation ? Je n’y répondrai pas pour vous, tout dépend de votre aspiration musicale. Heureux est le chroniqueur qui ne retrouve pas un clone d’Oracles mais bien une évolution dans un orgasme de violence à la prod surcompressée comme on le fait aujourd’hui chez les copains d’HoP suivant la voie du grand Dieu Behemoth. Vous l’aurez compris ça tape fort, très fort et s’écoute en poussant les basses. De quoi faire pâlir les kékés de l’émission Striptease (référence honteuse mais fédératrice).
Je ne jouerai pas le jeu du piste par piste mais je note quand même l’essai intellectuel d’une avancée dans l’album comme on suivrait une aventure. Une aventure intérieur qui débute sur les trompes de l’enfer pour finir apaisée par le sceau de la débauche consommée. Ce suivi est fortement bien représenté par l’enchaînement des pistes en glissade, le début d’un morceau étant souvent la fin d’un autre. L’album est découpé par chapitre comme on couperait un film cinématographique sur un DVD mais celui-ci s’écoute vraisemblablement d’une traite.
A me lire comme ça on croirait tenir entre ses oreilles un chef d’œuvre de l’industrie musicale exempt de tout défaut de conformité. Malheureusement il n’en est rien. Quelques petits détails viennent obstruer l’écoute, quelques petits détails qui peuvent devenir gros lorsqu’on force la chansonnette. Tout d’abord la pochette est moche. Ok on s’en fout, mais je voulais le dire. La musique de fin « Agony » est très simple, dans le même ton d’approche que la musique de fermeture de Mafia, sauf que celle-ci fait moins piano bar des années 1920 et plus Mozart en manque d’inspiration lors de ses présumés longs soirs d’hiver (interprétation personnelle). Enfin, et c’est bien ce désastre que je veux mentionner en tout dernier, le chant clair (face à une guttu juste exemplaire) !! Cette saloperie de chant clair de mes couilles qui vient pourrir toute la scène metal depuis des années. Quand ça touchait encore que Dimmu Borgir, ça me laissait toujours la possibilité d’écouter une bonne intro et la moitié d’une piste intéressante mais là ?! C’est l’effet on est tous gays d’Anaal Nathrakh qui a décidé les italiens à se la jouer « tiens moi aussi je vais montrer que je sais chanter » ? Alors tant lorsque Fleshgod utilise un joli chant féminin type opéra ça passe (ce qu’ils avaient déjà fait sur Oracles) tant le post-Mafia qui faisait déjà peur a été poussé à la limite du recevable. Du chant clair, tu en as désormais à outrance, sur pratiquement toutes les pistes ; celui-ci est mauvais et respire la catastrophe live. Je m’insurge déjà naturellement contre le chant clair, mais sans vouloir juste faire mon vieux con, là ça va beaucoup trop loin et ça gène énormément l’écoute et gâche très largement mon plaisir. C’est pourquoi j’ai décidé de le dire haut et fort : S’il vous plaît les gars, arrêtez le chant clair - Please guys, stop the clean vocals - Si prega di ragazzi, fermare la voce chiara !!!
Je fini de bouder et de faire mon vieux con neoprogressiste pour quand même avouer que les amateurs de la nouvelle école Brutal Death Metal bas du front devraient malgré tout trouver leurs marques sur ce nouvel album de Fleshgod Apocalypse. Album violent et inspiré qui finalement dépote !
1. Temptation
2. The Hypocrisy
3. The Imposition
4. The Deceit
5. The Violation
6. The Egoism
7. The Betrayal
8. The Forsaking
9. The Oppression
10. Agony