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"Fuck You !
Fuck You !
Fuck Youuuuuuuuuuuuuu !
Yeaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhh !
Suck my dickkk !! "
Les frenchies d’Ile-de-France sont visiblement en colère et revendicatifs, et c’est à grands coups de black/death aux intonations industrielles qu’ils s’apprêtent à venir dévaster nos pauvres contrées isolées de la France reculée et paysanne.
Sans s’empêcher de proférer un léger (très léger) sourire lorsqu’un texte aussi fin et conceptuel que celui de "Fuck You (ode to Gilbert)" surgit, aussi abscons que potentiellement inutile (nous miserons sur un excès de substances), traçant de plus musicalement le sillon le moins intéressant de ce premier ep de trente-cinq minutes, à savoir un thrash/death minimaliste et très traditionnel, à la production trop faiblarde pour le genre et surtout manquant d’un impact immédiat, d’une force de frappe pure et d’un jaillissement de haine expiatoire qui pourrait au moins évoquer une certaine rage à l’évocation du texte (comme le fit Zuul FX avec son "Fuck Them All !!!").
Néanmoins, réduire l’intérêt de ce "Apostasy Beyond Insanity" à ce morceau serait une grossière erreur puisque les parisiens ont des choses bien plus consistantes et intéressantes à nous livrer sous la dent.
Le premier titre, "Thrashing with a Million Legs", distille une tension latente montant progressivement. Un riff minimaliste se répète inlassablement tandis qu’une descente de toms continuelle évoque une longue chute aliénante vers les abysses de la folie, ponctuée par les râles saccadés et malsains de Thomas, à l’instar d’une agonie spirituelle qui laisserait émaner le démon en soi. Le riff gagne en épaisseur en même temps que les râles deviennent des hurlements, qu’une rythmique se met en place pour accélérer à tout moment, prendre l’auditeur à la gorge et la plaquer vicieusement au sol…le malaise se prolonge et se poursuit…presque à la manière d’un Dark Fortress de l’époque "Seance". Et lorsque retentit enfin le patronyme du groupe, un blast vient nous écraser et la rage explose, mais paradoxalement, en détruisant presque toute l’ambiance qui avait été installé. L’insanité et la démence s’échappe au profit d’une agression sonore manquant cruellement de tranchant et d’épaisseur, pour retrouver une once d’inquiétude lorsque des hurlements d’aliénés ressurgissent en superposition du chant les dernières secondes…mais l’on ne peut que rester déçu par une orientation de morceau parfaite, mais qui chute dans l’assaut final.
"Human, Your Mind Keeps Violence" (lorsque l’on parle de clichés…) manque tout autant de tranchant dans l’attaque de riff, ceci étant particulièrement dû à une production manquant d’impact toujours, mais aussi d’épaisseur et d’attractivité. Le style de Scolopendra demanderait excessivement mieux un son ambiancé, varié et sans la platitude qui caractérise "Apostasy Beyond Insanity". Les petites touches plus bruitistes et industrielles apportent certes une atmosphère plus étouffante, mais le manque global d’émotion dans le chant annihile toute tentative irrémédiablement démoniaque. Les quelques aspects narratifs de ce morceau rappelant S.U.P sont ainsi très intéressants, puisque Thomas semble manquer de puissance pour obtenir un growl réellement profond et canal d’émotions. Le très long "God Eats Morphine" (neuf minutes au compteur) détient toujours ce même problème, et les intonations black ne sont pas là pour sauver l’ensemble.
Néanmoins, imputer l’ensemble des carences serait une injustice puisque l’on doit également évoquer un certain manque de créativité dans les riffs qui, rien qu’en six morceaux, parviennent déjà à se répéter et à manquer de distinction entre eux (la prod’ n’aidant pas, certes). Scolopendra, sans s’égarer, au contraire, se cantonne dans des formules éculées déjà répétées maintes et maintes fois qui ne parviennent plus à provoquer le moindre petit frisson ni une infime surprise. Ce conservatisme apporte inévitablement une prévisibilité néfaste pour ce ep qui, il est presque certain, sera écouté et découvert par curiosité pour ensuite aller trôner avec les vestiges de ces nombreux disques que l’on se souvenaient sympathiques mais qui se voulaient bien loin de nos œuvres favorites, et surtout si avares en surprises que les ressortir ne provoquait qu’un certain ennui.
Évidemment, il ne s’agit que d’un premier jet et il est inutile de désespérer pour si peu, la route est encore longue et bien des artistes immenses ont débuté au ras des pâquerettes. Cependant, il serait intéressant de voir, et surtout d’écouter, ce que les parisiens nous offriront après avoir pris conscience des quelques, mais majeurs, défauts qui parcourent l’album, la technique instrumentale semblant en revanche très bien en place.
La suite, au prochain épisode…wait & see…
1. Thrashing with a Million Legs
2. Human, Your Mind Keeps Violence
3. Near Death Experience
4. Fuck You
5. God Eats Morphine
6. Freedom in War