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Mötley Crüe ! Il suffit d’évoquer ce nom et tout un univers se matérialise mentalement : 4 types maquillés, les cheveux crêpés/laqués, le futal en cuir, les santiags blanches et l’inévitable vent de souffre et de débauche qui les précèdent. La triptyque « sex, drugs & rock’n’roll » ne s’est jamais autant appliqué à n’importe quel groupes qu’à Mötley Crüe. Le fin du fin qu’on vous dit ! Le groupe n’est en effet pas connu pour sa sobriété et sa bienséance mais pour des problèmes d’addiction lourde aux drogues, à l’alcool et aux filles de passages.
De nombreux écrits ont vu le jour depuis bien des années sur ce monument du glam métal, mais rares sont les ouvrages retraçant un vécu de l’intérieur. Alors qu’est sorti également aux éditions Camion Blanc une biographie de Vince Neil, le vocaliste, l’éditeur récidive sur Mötley avec un tout nouvel ouvrage : « The Heroin Diaries : Une année dans la vie d’une rock star brisée ». En bref, il s’agit d’une année entière, retracé par Nikki Sixx, leader et bassiste de la formation de Los Angeles. Et, là où certains se serai contenté d’une biographie retraçant une carrière, la tête pensante du groupe nous prend au dépourvu en nous offrant une virée en 1987, année de sortie du mythique Girls Girls Girls, vécu de l’intérieur par Nikki lui-même.
La majorité des écrits proviennent de son journal intime de l’époque, dans lequel il aimait se livrer une fois sorti de scène. On y découvre donc le quotidien de l’icône montante tantôt de manière positive et humoristique lorsqu’il nous fait part de toutes les conneries backstages mises en place pour tromper l’ennui et la monotonie d’une vie de tournée (un exemple pour vous faire saliver : Nikki avait coupé le soutien-gorge d’une strip-teaseuse au couteau de chasse en plein milieu d’un bar avant de se faire éjecter de l’établissement à coup de batte de base-ball par le taulier, mari de la fille en question).
Cependant l’année 1987 n’a pas été choisi au hasard car c’est le 23 décembre 1987 que Nikki fait une overdose qui lui as été fatale car déclaré cliniquement mort pendant quelques minutes avant de revenir à la vie à force de massage cardiaque et d’injection d’adrénaline. Ainsi, sur toute cette période s’étalant de Noel 1986 pour se terminer au Noel de l’année suivante, nous découvrons toute l’ampleur de l’addiction des musiciens à la cocaïne mais plus principalement à l’héroïne. Le parcours sombre et préoccupant d’une star se réfugiant dans les délires paranoïaques que lui offre les drogues, en tentant d’échapper à une enfance douloureuse très mal vécue. On y découvre un Nikki Sixx dans ce qu’il y a de plus malheureux, de plus sombre, et finalement de plus humain. On y vois évoluer un homme rongé par le mal-être, conscient de ses abus mais qui n’arrive pas à trouver une porte de sortie, un homme implorant presque parfois la mort.
Le journal intime de l’époque est entrecoupé de nombreux détails récents rapportés par Nikki lui-même ou pas les acteurs gravitant autour du Crüe (manager, techniciens, petites amis, autres membres du groupes, amis divers, …). Outre l’inévitable participation de Vince, Mike et Tommy, on voit par exemple intervenir un Slash dont un apprendra qu’il pissait énormément au lit lorsqu’il était défoncé (comment casser un mythe !). Le côté direct et brut des écrits de l’époque sont nuancés par des propos plus récents, permettant de détailler certains évènements ou d’apporter un regard nouveau, avec recul.
L’ouvrage nous révèle un homme en péril, abusant de tout (allant par exemple à s’injecter du Jack Daniels à la seringue, oubliant alors qu’il était possible de simplement …le boire !) et se foutant des conséquences. L’image est à des lieux de l’aspect « cool » des larrons de l’époque, révèlant également l’aspect « rock star brisée ». Cependant, il est vrai que le livre n’est peut-être pas à mettre entre toutes les mains tant les abus sont nombreux et livrés de façon très brutes. Pour tout dire, Nikki fait passer Dave Mustaine (voir ma dernière chronique sur l’autobiographie de Mustaine, aux éditions Camion Blanc également) pour un enfant de cœur, sans l’ombre d’un doute. Il faut donc lire le livre avec recul et discernement sans tomber dans l’idolâtrie.
L’ouvrage est par ailleurs rudement bien mis en page, dans un style rarement vu jusqu’alors, avec des illustrations et photos sur quasiment toutes les pages en filagramme, donnant un côté sombre, voir freak à l’ouvrage. On regrettera que certaines de ces illustrations se superposent parfois sur le texte rendant l’exercice de lecture un peu plus complexe, mais ce cas n’arrive que toutes les 40 pages ! De plus, quelques paroles entrecoupent le récit des journées, la plupart des bribes, des griffonnages, et des idées jamais exploitées, donc totalement inédites et exclusives !
Nietzche l’a dit : « Ce qui ne te tue pas te rends plus fort ». Nikki Sixx semble l’avoir pris au pied de la lettre car si le dicton est vrai, il serait aujourd’hui immortel !