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lundi 18 septembre 2017

Jason Netherton : Extremity Retained

Jason Netherton

Pamalach

"Les vrais savent, les vrais font".

Aussi généreux dans son verbe qu'il l'est avec ses grognements gutturaux, Monsieur Jason Netherton a bien voulu répondre à nos questions. En résulte un entretien absolument passionnant où l'histoire du Death Metal se conjugue avec la passion de ceux qui ont contribué à le créer. Remericement à Emilien Nohaic pour la traduction, énorme et superbe taf comme d'habitude !

Pamalach : Salut Jason. Avant tout merci de répondre à nos questions. A titre personnel, c'est un vrai plaisir car Dying Fetus est un groupe que j'adorais (du temps où tu en faisais partie). Qu'est-ce qui t'a amené à te lancer dans un projet comme l'écriture d'un livre comme Extremity Retrained ?

Jason Netherton : L’idée m’est venue à une époque où je tournais ENORMEMENT avec Misery Index, j’avais beaucoup de temps morts. Que tu sois assis dans un bus ou un minivan, à bouffer de la route pendant des heures, que tu attendes ton tour pour monter sur scène, ou en avion ou encore à l’hôtel, tu as du temps devant toi. Un jour, j’étais en coulisses pour un festival je ne sais plus où, et tous les groupes programmés étaient rassemblés, à discuter et raconter des histoires. Ils échangeaient toutes ces histoires et anecdotes, et c’est là que j’ai réalisé que ce serait super de les rassembler. J’ai eu l’idée de faire un livre pour retranscrire l’histoire du death metal underground, un peu comme les scènes punk et hardcore (Please Kill Me, Burning Fight, etc), mais je voulais partir là où s’était arrêté Albert Mudrian dans Choosing Death. Le but était de donner un espace aux artistes et à ceux impliqués dans la scène pour qu’ils puissent raconter leurs histoires avec leurs propres mots, afin d’éclairer un peu les zones d’ombre de l’histoire du death metal (des zones d’ombre qui nous sont pourtant bien familières). J’ai donc commencé avec un magnéto et j’ai discuté avec les gens rencontrés lors des tournées, festivals, au cours d’appels téléphoniques, sur skype et par email. Je les invitais à partager leurs souvenirs, expériences et attentes quant au death metal. Le résultat est le livre Extremity Retained, après avoir retravaillé et édité le matériau brut.

Ton passé de musicien dans Dying Fetus et Misery Index n'est un secret pour personne mais ton implication dans "Send back my stamps" et les archives Fanzines metal online est un peu moins connue. Tu prépares aussi un doctorat à la Faculty de l'Ontario, comment organises-tu ton quotidien pour faire autant de choses ?

Aucune idée, j’essaie de trouver un équilibre. Par exemple, les archives de fanzines ne sont qu’un passe-temps, je n’arrive à en ajouter qu’une par mois maintenant. J’espère que je pourrai m’y remettre plus activement plus tard, quand j’aurai plus de temps (croisons les doigts). Avec l’université, ça suit son cours, il doit me rester encore une année, mais c’est clair que c’est ce qui me demande le plus de temps. Entre temps, nous essayons d’écrire un nouvel album, du coup j’ai l’impression que la vie est sacrément dense, et j’ai souvent l’impression que j’ai plus qu’il ne m’en faut. Il faut apprendre à dire « non » de temps en temps !

Le livre est découpé en plusieurs chapitres qui englobent à la fois les origines, souvenirs de scènes, Studio performances et albums, en tournée, hier aujourd'hui et au-delà. Avais-tu pensé à ce découpage dès les prémisses du livre où s'est-il imposé de lui-même ?

Oui, c’était plus une approche « basée » sur la recherche. Enfin, une fois que j’avais toutes les interviews, je me suis retrouvé avec cette montagne d’histoires, et il m’a fallu rapidement trouver un moyen d’organiser tout ceci et trouver l’ordre dans ce chaos. Le résultat a débouché sur un livre en cinq parties. Je pense que ça donne une image globale de comment les choses étaient avant, comment elles se sont développées, et ce qu’elles sont aujourd’hui et seront demain.

Même si la dernière partie du livre ouvre quelques perspectives sur l'avenir du Death Metal, il y a un ton indéniablement nostalgique dans Extremity Retrained. Il y a même une citation de Tim Yeung qui dit "Dans les 90's il y avait 10 groupes qui étaient tous immédiatement reconnaissables. Dix ans plus tard, il y a une centaine de groupes qui vont tous plus ou moins dans la même direction". Penses-tu que les meilleures années, en tout cas les plus créatives de la musique extrême sont désormais derrière nous ?

Et bien, je pense que chaque genre a son « âge d’or », quand les éléments de base façonnent le style et le son, mais je ne pense pas pour autant que tout a commencé et que tout s’est arrêté dans les années 90… Je pense que tout change et se repositionne continuellement, ce qui amène le death metal dans de nouvelles directions. Même s’il existe certaines limites pour ce qui est des instruments, des effets, de la voix, du physique du batteur… le modèle de base est là. Il ne faut pas non plus oublier que de nouvelles générations arrivent presque chaque année et qu’elles découvrent le death metal du jour. Pour ces jeunes, tout est neuf, et ce qui peut paraître « ennuyeux » ou « déjà entendu des millions de fois » pour les vieux de la vieille, pour ces jeunes oreilles, c’est frais et plein de vie. Pour répondre à ta question, je ne pense pas que les années les plus créatrices sont derrière nous, elles se déroulent là-maintenant, dans le présent… la créativité ne prend pas de vacances, il faut juste bien creuser pour la trouver !

A de nombreuses reprises, des musiciens expliquent que lorsqu'ils parlent du tape trading à des jeunes, ils les regardent comme des extraterrestres. D'autres fantasment cette époque en se disant que cela devait être plus exaltant qu'aujourd'hui car plus difficile d’accès et donc plus précieux. Penses-tu qu'internet a fait perdre à la musique extrême son caractère mystérieux et qu'elle a mis l'underground en pleine lumière ?

Oui, je pense qu’une part importante du mystère de cette culture analogique est perdue, ou en tout cas qu’elle a été démystifiée. L’accès à la musique et l’information sont omniprésents, mais le changement fondamental reste la rapidité de l’information. Le tape trading, l’échange de cassettes, faisait partie de l’underground, tout comme la sensation qui s’en dégageait, tout ceci était dans un espace-temps particulier. Ce n’est pas étonnant que les moins de vingt ans et la génération digitale ont beaucoup de mal à comprendre cette culture « lente », et toutes les incertitudes inhérentes. C’est pareil pour ce qui est de s’asseoir et écrire une lettre, préparer une compilation sur cassette, ou bourrer une enveloppe avec de l’argent, se rendre au bureau de poste, acheter un timbre et l’envoyer à l’autre bout du monde, attendre un mois pour une réponse, quand tu en recevais une. Ça fait partie d’une époque où la musique était indissociable du son dégueulasse d’une cassette copiée d’une copie d’une copie… sans parler des têtes de lecture encrassées… Pour moi, c’est ce qui fait que ces démos de groupes comme Nihilist et Mantas sont si cochonnes, c’était du death metal parce qu’elles sonnaient like death, l’analogique dépendait du média en lui-même et du bruit qui l’entourait. Aujourd’hui, cette partie de l’underground existe toujours, avec un death metal cradingue en pleine ébullition, grâce à des labels comme Extremely Rotten, Dark Descent, Profound Lore, Sepulchral Voice, Me Saco Un Ojo et il en existe des douzaines d’autres. Bref, cet aspect de la musique est toujours présent, il faut juste vouloir le trouver.

Toi qui a fait du tape trading, est ce que tu retiens un envoi de démo ou d'album qui t'a particulièrement marqué ?

Effectivement, même si je me suis joint à la mêlée sur le tard. Vers 1988-89, j’ai d’abord découvert les démos et les fanzines locaux, comme Metal Meltdown, qui venait du Maryland. Un peu plus tard, j’ai commencé à commander des démos par correspondance, vers 1991, soit 3 ou 4 ans après que les premiers groupes de death se soient formés. Je me souviens avoir commandé des démos de groupes comme Imprecation, Sadistic Intent, Cryptopsy, Necrotic Mutation, Nuclear Death, Thergothon, Pestigore, et la liste peut continuer encore et encore. J’avais l’impression d’aller de pépite en pépite, et la franche camaraderie de l’underground était inégalable.

Le nombre de musiciens, producteurs, patrons de labels, fanzines qui interviennent dans le livre est énorme. Comment as-tu fait pour convaincre toutes ces personnes de participer au livre ?

Comme je le disais, je suis allé au-devant des gens ici et là et je leur ai demandé s’ils voulaient participer à une courte interview, que ce soit en coulisses ou via un ami, en tournée, dans les clubs dans la région de Baltimore-DC. A partir de là, j’ai échangé avec les gens autour de moi pour élargir mes contacts, ou bien par email ou skype. Ce processus a bien duré entre deux et trois ans. Certains n’ont pas voulu jouer le jeu, même certains musiciens incontournables de la scène death metal m’ont dit « non » ou n’ont pas répondu (et c’est pour cette raison que certains n’apparaissent pas dans ce livre, contrairement à d’autres). Mais je ne voulais pas avoir que les « grands noms », je voulais une image assez fidèle des groupes et des acteurs de cette scène, même les moins connus.

De nombreux musiciens attestent que la correspondance écrite a fait naître de solides amitiés qui ne se sont jamais démenties malgré les années. Est-ce que ce qui a créé la magie à l'époque n'était pas à la fois l'investissement personnel et le temps passé à attendre ?

Oui, comme je l’expliquais, la « magie » faisait partie intégrale du tout, c’était une relation au temps et à l’espace qui avait un sens et qui était sincère. Ça demandait du temps, de la ténacité et des efforts, c’était sans doute à l’opposé de la culture et des médias digitaux qui sont rapides et jetables.

A de nombreuses reprises sont mentionnées des légendes de la batterie comme Pete Sandoval, Donald Tardy ou Steve Asheim. De nombreux hommages leurs sont rendus, ce qui est évidement et amplement mérité. Dans la mesure où les batteurs actuels jouent beaucoup plus vite qu'eux, comment faire comprendre à la jeune génération combien ils étaient hallucinants dans les 90's et combien leur jeu et leur inventivité ont apporté au metal en général ?

Je crois que ce point-là est traité aussi dans le livre. Beaucoup de personnes ont expliqué à quel point il leur avait été difficile de trouver quelqu’un capable de suivre le rythme à la batterie pour créer le son qu’ils recherchaient. C’était un sacré défi pour le corps humain, et clairement, c’est le corps qui imposait ses limites. Ces jeunes batteurs s’exerçaient avec acharnement et inlassablement pour repousser la musique vers de nouveaux extrêmes, et je pense que Pete Sandoval nous a montré la voie grâce à ce qu’il a fait dans Morbid Angel et Terrorizer. Il a posé les bases pour tous ceux qui aspiraient à devenir batteur de death metal.

Bien évidemment, le modèle est bien établi aujourd’hui, et l’équipement est de meilleure qualité. C’est plus facile d’apprendre les ficelles du métier quand tu commences de bonne heure, et on trouve de nombreuses vidéos sur YouTube qui expliquent tout cela. Mais ces premières années étaient folles ! Il n’y avait qu’une poignée de batteurs dans le monde qui étaient capables de faire du blast beat à des vitesses de malade, tout en frappant fort… mais il ne faut pas oublier qu’ils inventaient tout en s’entraînant et en répétant !

Comment expliquer qu'avec les années, les jeunes groupes se soient tant focalisé sur la vitesse au détriment du relief ?

Je pense que nous avons tous le désir (et c’est d’autant plus vrai pour les jeunes) d’essayer d’égaler et de dépasser ceux qui nous précèdent, pour se détacher, avec le son que tu crées, de ce qui fait le canon de la musique extrême. Cependant, il me semble que ces 15 dernières années environ, la plupart de ces objectifs ont été atteints, et ce qui importe le plus maintenant est l’écriture des chansons et des riffs de qualité, former un bon groupe qui peut jouer comme un seul homme. Ce n’est pas qu’une question de jouer le plus vite et être le plus extrême. Si tout est « extrême » et « brutal », alors finalement, plus rien ne l’est vraiment, le vrai défi est d’être créatif et de faire de meilleurs morceaux.

Extremity Retained bouscule les idées reçues en montrant que les groupes majeurs n'ont pas tous les mêmes influences et que contrairement à ce que beaucoup disent, le Death Metal n'est pas né avec UN album. Il y a eu, quasiment simultanément et partout dans le monde, plusieurs combos qui ont émergé et tous, d'une manière ou d'une autre, ont apporté une pierre à l'édifice de la musique extrême. L'histoire du metal n'est-elle pas plus complexe qu'on essaye de le dire parfois ?

Oui, c’est exactement ce que le livre montre, plus que toute autre chose. Même si nous savons que les principaux groupes ont été les meneurs dans le développement de ce son (Morbid Angel, Death, Nihilist, etc.) il y avait un underground death metal colossal qui, dans sa globalité, a contribué à dessiner et repousser les limites de la musique extrême. On peut dire qu’il y a une sorte de « généalogie » qui a émergé de ces réseaux underground qui montre comment il a progressé naturellement dans l’espace et le temps à force d’échanger des cassettes, des fanzines, de ténacité et d’assister à des concerts improvisés. Tout le monde a joué un rôle dans ce que cette scène était et est devenue.

L'artwork est absolument sublime et ramène à cette époque où les pochettes d'album étaient un argument de vente majeur. Peux-tu nous dire comment tu as pensé cet artwork et quels sont, à ton goût, tes artworks préférés ?

J’avais déjà une idée de ce que je voulais et j’en ai discuté avec l’artiste Matt « Putrid » Carr, qui a dépassé toutes mes attentes. Je cherchais retrouver la même sensation que quand j’étais jeune, quand ma chambre ressemblait à une sorte de forteresse de culture underground, avec les murs recouverts d’horreurs, d’images et artefacts aussi morbides que cultes. Matt s’est complètement approprié le concept et il a ajouté de nombreux détails et des références subtiles à son art. Il faut regarder minutieusement la couverture pour les retrouver toutes. Mes pochettes préférées de cette époque sont un mélange, entre des classiques et d’autres presque inconnues… Ça va de la cover de The Spectral Sorrows de Edge of Sanity, réalisée par Seagrave, à celle classique de Left Hand Path d’Entombed. J’adore aussi les couvertures des compilations At Death’s Door et Death Is Just the Beginning, je ne sais pas si quelqu’un s’en souvient ? Mais aussi : Shedding of Skin de Protector, Choir of Horrors de Messiah et The Awakening de Merciless.

Quel est selon toi le groupe de Death Metal qui n'est pas reconnu à sa juste valeur ?

Il y en a quelques-uns, et je ne pense pas pour autant que ces groupes sont sous-estimés ou mal appréciés, le problème est d’arriver à se faire une place parmi tous les groupes dans le monde. Rien qu’en regardant vite-fait sur internet, tu trouves un paquet de groupes inconnus, et la plupart ont quelque chose d’intéressant à offrir. J’adore le dernier album de Blood Incantation, et toujours dans les groupes francophones, il y a le dernier de Svart Crown, Abreaction. Ces derniers temps, je vis en Finlande et je suis ce qui se fait dans l’underground local et crois-moi, ce ne sont pas les groupes de qualité qui manquent ici : Corpsessed, God Disease, Cult of Endtime, Galvanizer, etc.

Comment imagines-tu l'évolution du Death Metal dans les années qui viennent ?

S’il y a bien une chose à noter, c’est la volonté de toujours porter les conventions du death vers de nouvelles directions; dans le même temps, la dynamique, ou la tradition, demeure la même, à savoir, nous aimons le death metal parce qu'il nous donne quelque chose que nous attendons comme étant du « death metal ». S’il change trop, alors on ne considère plus cette musique comme du death. J’aime les morceaux death metal classiques, qui s’inscrivent dans les structures et le son des années 90, tout autant que j’apprécie les nouveaux groupes qui jouent avec ces différents styles en créant quelque chose de plus dissonant, d’inquiétant et de malsain. Le présent et le futur sont excellents, et il est important de ne pas oublier que des jeunes s’intéressent au death metal, aujourd’hui encore. Pour eux, tout ça est neuf, comme ça le sera pour ceux qui découvriront cette musique dans dix ans.

Le livre et les musiciens font très peu référence à l'occultisme et au satanisme, ce qui est un peu curieux quand on sait l'importance qu'ils ont dans l'imaginaire de cette musique. Comment l'expliques-tu ?

Je suppose que ce n’était pas un problème aussi prégnant pour les groupes de death metal (mis à part pour Deicide et quelques autres), et traditionnellement, peut-être que les paroles en général représentent une sorte d’aspect secondaire du genre. Après tout, c’est la musique qui compte ! Les groupes comme Cannibal Corpse (et d’autres) portent les descriptions graphiques à un autre niveau. Mais je pense que le death metal s’est détaché du thrash et du speed metal uniquement avec ses sons.

Pour terminer, j'ai une dernière question, peut-être un peu bizarre mais qu'avec des amis nous nous sommes posés pendant des années. Sur le morceau "Epidemic of Hate", le débit des paroles, particulièrement sur le deuxième couplet me fait penser à un flow hip hop. Est-ce que c'est nous qui avons un peu halluciné ou est-ce que, d'une manière ou d'une autre, vous avez voulu rythmer d'une manière un peu différente le débit de la chanson ?

Je crois qu’il sonne comme ça, effectivement, mais ce n’était pas intentionnel. On écoutait un peu de rap au début des années 90, comme Geto Boys et NWA. Nous sommes originaires de Washington DC, et notre scène a ce côté touche-à-tout très dynamique, nous la voyons comme une autre forme de musique underground… peut-être qu’elle s’est faufilée dedans inconsciemment !?

Si tu as un dernier mot, il est pour toi. Merci encore pour cette interview. Comme je te le disais au départ, j'ai commencé à écouter du Death en 1992 et suis donc bien old School dans mes goûts. "Destroy The opposition" reste cependant un de mes disques de référence...je suis donc ravi d'avoir pu te poser ces questions !

Merci pour cette interview et trinquons à 30 autres glorieuses années de death metal !

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ENGLISH VERSION

Pamalach : Hi Jason. First of all, thanks a lot for answering my questions. It means a lot to me as Dying Fetus was one of my favourite bands (when you were part of them). Why did you start working on such a project as Extremity Retained?

Jason Netherton : At the time when the idea came to me I was touring a LOT with Misery Index, and when you are on tour, you have a lot of down time. Whether it is sitting in a bus or the van and going down the road for hours and hours, or sitting around waiting for your time to hit the stage, or on an airplane or at the hotel—you got time on your hands. One day I was backstage at a festival somewhere and all the bands playing where sitting around, talking and telling stories. It dawned on me then, that there was all this history being exchanged and talked about, and it would be cool if it was documented somehow. So, I thought of the idea of doing an oral history book for the death metal underground, kind of like how the hardcore and punk scenes already have (Please Kill Me, Burning Fight, etc.), but one that also kind of picked up where Albert Mudrian’s book (Choosing Death) leaves off. The idea was to let the artists and those involved in the scene tell their stories in their own words, as a way of filling in the gaps in the narrative history of death metal (a lot of which we are already familiar with). So, I started with a digital recorder and approaching people on tour, at festivals, phone calls, emails, skype etc. and engaged them in conversation about their memories, experiences and expectations. The result, carved up and edited down, is the book Extremity Retained.

Your past as a musician in Dying Fetus and Misery Index is pretty well-known, however it is less the case regarding your activity in “Send Back My Stamps” and the online metal fanzines archives. You are also working on a thesis at the Faculty of Ontario, how do you manage to do so many different things?

I don’t know. I try to find balance, for example the fanzine archive is a spare time thing, I really only manage to add like one zine a month now, but I hope to return to it more actively in the future when I have some downtime (if ever). The university thing is still going, I think I have about 1 year left, but yeah that is my main thing and it takes the most time, in between that we are trying to write a new album now so life is pretty compressed and I often feel like I have too much on my plate (always learn to say ‘no” when you need to!).

Your book is divided into several chapters that comprise the origins, stage memories, studio performances, albums and tours, from yesterday, today and beyond. Did you plan this from the very beginning of writing your book or did this develop more naturally?

Yes, it was kind of a ‘grounded’ research approach. Meaning, once I had all the interviews it was like this mass of stories and I really had to find a way to categorize them and make some semblance of all the chaos. The result was the 5 sections in the book today (Origin stories, Local Scenes, recording, touring and looking towards the future), I think it gives a good overall picture of how things were, how they developed, and where we are today/where we are going.

Even though the last chapters open on the future of death metal, I feel a strong nostalgia in Extremity Retained. You even quote Tim Yeung: “in the 90s, there were 10 or so bands that were easily recognizable. Ten years later, there were a hundred, all going in the same direction.” Do you think that the best years, or the most creative years of extreme music are now behind us?

Well, I think most music genres have their “golden years” when the basic elements of the style and sound are developed, however I do not feel like it ‘began and ended’ in the 90s…I think there is a constant morphing and reconfiguration going on that takes death metal into new directions, and while there are certain limitations regarding the instruments and effects and the human voice, the drummer’s body etc., the basic template is there. Also, we have to recognize that there are new generations arriving every few years who are only now discovering death metal, and it’s very much new to them, so what might be “tired” and “done a million times” to the old-schoolers, it is something

which is fresh and full of life for the young ears of those now just encountering it. So, to answer your question, I do not think the most creative years are behind us, they are always happening ‘right now’ in the present…creativity is always happening, it just takes a lot of digging duration to find it.

Quite often, when musicians explain to young people what tape trading was, they look at them like aliens. Others fantasize this era thinking that it must have been far more exciting than today as it was more underground and more precious. Do you think that extreme music lost its mysteriousness because of the Internet, and that it made the underground available to all?

Yes, I think a lot of what was “mysterious” about analog-mediated culture has been lost, or at least de-mystified, because there is ubiquity of access, and ubiquity of information and perhaps the biggest change – the speed of information. A lot of that underground tape trading (and the ‘structure of feeling’ around it) was wrapped up in a certain relation to space and time, so it’s no wonder that millennials or so called digital-natives have a hard time relating to ‘slow’ culture and the uncertainty which surrounded it; or what it meant to sit down and write a letter and make a mix tape, or stuff money in an envelope, then go to the post office and pay to send it around the world, then wait a month for a reply (if you get one). It’s very much from a time when the music was inseparable from the bad sound of 4th generation copies and dirty boom box tape heads—to me that is what made those original demos from band like Nihilist and Mantas so nasty, it was death metal because it sounded like ‘death’ and analog media was immersed in noise and the materiality of the media itself. Today there still exists that part of the underground where ‘dirty’ death metal is still thriving (via labels like Extremely Rotten, Dark Descent, Profound Lore, Sepulchral Voice, Me Saco Un Ojo and dozens of others), so that aspect of the music is still there, if one wants to find it.

As you did some tape trading too, do you have a demo or an album that particularly touched you?

I did, although I joined the fray a little bit later. I found out about demos and zines locally at first, through a fanzine called Metal Meltdown from Maryland (USA) around 1988-89. Then I actually started ordering demos through the mail by about 1991, a good 3-4 years after the first death metal bands started forming. I recall ordering demos from bands like Imprecation, Sadistic Intent, Cryptopsy, Necrotic Mutation, Nuclear Death, Thergothon, Pestigore and many many more. It was all like finding gold, and the great camaraderie in the underground at the time was unparalleled.

The number of musicians, producers, label and fanzine owners who give their views in you book is incredible. How did you manage to involve them?

It was a process that involved, as I mentioned, just meeting people randomly and asking them to participate with a short interview, whether it was backstage or through a friend’s, on tour or at a club in the Baltimore-DC area. From there I asked around for more contacts, did some email and some Skype interviews, and it kept going on for a good two to three-year period. Some people I asked declined, even some of the “big names” in death metal just said “no” or did not answer (which explains why some are included and some are not), but the idea was not to get only the ‘big’ names, but to capture the broad spectrum of bands and scene participants—even the smaller ones, in order to paint a deeper picture of views.

Many musicians explain that pen-friendship led to stable friendships that endured the years. Wasn’t the magic of that age due to the personal involvement and the time spent waiting?

Yes, as I mentioned above, the ‘magic’ was tied up in the process itself; it was a certain relation to time and space that was very meaningful and sincere. It took time, dedication and effort, and perhaps was the opposite of the disposability and speed of digital media and culture.

You mention several times drum legends such as Pete Sandoval, Donald Tardy or Steve Asheim. Many pay them homage, which is perfectly understandable and they deserve it. However, nowadays drummers play a lot faster than they did. How can we explain to the younger generation how mind-blowing these guys were in the 90s, and how their playing and creativeness brought a lot into metal music at large?

I think this point is also covered in the book, where a number of people explain how difficult it was to find someone who could even pull off (or “do”) the drumming that was necessary to make the sounds they wanted to hear. It was very much a challenge to the human body, and the human body was what defined the limitations of performance. These young drummers were practicing hard endlessly to make the music more extreme, and I think Pete Sandoval was the standard bearer, once people started hearing what he did on those Morbid Angel and Terrorizer recordings, it set of a new template for all aspiring death metal drummers. Of course, the template is well established now, and also the equipment is a lot better. It’s a lot easier to learn the ropes if you start young enough (plenty of Youtube videos explain the mechanics), but those early years were exciting; only a handful of drummers in the world were capable of playing blast beats at insane speeds, and hitting hard at the same time…but they were also inventing it as they went!

How do you explain that with the years, younger band focus more on speed rather than on the depth of music?

I guess there is always a desire (especially when you are young), to try and challenge and surpass what has come before; to separate yourself and your sound from the established and existing standards of extremity. However, it seems in the last 15 years or so that most of those goals have been reached, so, the important thing now is perhaps songwriting and writing good riffs and being a good band that plays as a tight unit—not just about being the fastest of most extreme. If everything is ‘extreme’ and ‘brutal’ then really nothing is – so the real challenge is to be creative, and make better songs.

Extremity Retained shakes up conventional thinking, showing that key bands do not necessarily share the same influences and that death metal does not come from one unique album. Across the planet many bands appeared more or less at the time and they all contributed to define extreme music. Isn’t metal history more complex than what people want us to believe?

Yes, exactly, that is what I think the book reveals more than anything. While we know the great bands were certainly the leaders in developing the sound (Morbid Angel, Death, Nihilist etc), there was still a massive death metal underground of bands who, ‘as a whole, ‘ also contributed to forwarding and pushing the boundaries of extremity. There was a ‘genealogy’ of sorts that extends through these underground networks that reveals how it grew organically across time and space through tape trading, fanzines and DIY shows and practices. Everyone played a part in making it what it was, and what it is today.

The artwork is beyond words and it makes me think of the time when album covers played an important part in the selling. How did you imagine this artwork? Also, which album covers are your favourite?

I had an initial vision for it and I communicated it to the artist (Matt “Putrid” Carr), who captured it in ways I never could have dreamed of. I wanted to get that ‘feeling’ of what it was like to be caught up in those times, when as a kid your bedroom looked like a fortress of underground culture, just wall to wall horror, morbidity and cult artefacts. Matt went over and above with the concept and added so many details and little subtle references in the art, that you have to look very hard to capture them all. From those days my favourites covers are a mixture of classics and almost-unknowns…I like from Seagrave his Edge of Sanity cover for The Spectral Sorrows and of course Entombed’s Left Hand Path. I also really like the covers for the “At Death’s Door” and the “Death is Just the Beginning” compilations (if anyone remembers them?), Protector’s Shedding of Skin, Messiah’s Choir of Horrors, and Merciless’ The Awakening.

In your opinion, which death metal band is underestimated?

There are quite a few these days, and I guess it’s not a matter of underestimation, or being ‘underrated,’ but of sticking out in the sheer quantity of bands worldwide. A quick browse of bands online will yield a mass of unknown artists, many of which have something interesting to offer. I really like the last album from Blood Incantation, as well as (speaking of French bands) the new one from Svart Crown called "Abreaction." I live in Finland these days so I am also quite tuned in to the Finnish underground, and there are a lot of cool bands making waves here, like Corpsessed, God Disease, Cult of Endtime, Galvanizer and more.

How do you imagine the evolution of death metal in the coming years?

If anything its continuing to push established death metal convention into new directions, but there is also something which keeps things within a certain dynamic, or ‘tradition’- meaning we like death metal because it provides something for us we expect as ‘death metal,’ and if it changes too much, then it’s not death metal anymore. So, I like a good, basic death metal songs rooted in 1990 structures and sound, just like I appreciate new bands who are bending those styles by making things more dissonant, eerie and creepy. There is great present and great future; it’s just important to still remember that there are kids today who are just getting into death metal, so its new for them, just as it will be for kids 10 years from now.

The book and the musicians do not mention occultism and Satanism a lot, which is a bit surprising considering the importance these topics played in the musical imaginary. How do you explain this?

I guess it was not as prevalent of an issue with a lot of the death metal bands (aside from Deicide and a few others) and perhaps the lyrics in general have traditionally represented a kind of secondary aspect in the genre, where the music was always primary. Of course lyrics were important to defining the genre as well, with bands like Cannibal Corpse (and others) really taking the graphic descriptions to another level. But I guess what made death metal so separate from speed and thrash metal was the sound itself.

One last question, it might sound odd, but with some friends we have been wondering about it for several years now. On the track (from Dying Fetus) “Epidemic of Hate”, the speech rate, especially on the second verse, reminds me of hip-hop. Were we completely out of our minds, or somehow, did you want to try out a new rhythm on this song?

I guess it does sound like that, but it was not intentional. We listened to some rap in the early nineties like Geto Boys and NWA etc, and we were from the Washington DC area, so we have that kind of go-go vibe in our scene and we appreciated it as another underground music form…so perhaps it creeped in unconsciously?!

If you have one last word, it is yours! Thank you for this interview. As I have said, I started to listen to death metal in 1992, and my tastes belong to the old school. Destroy the Opposition is one of my reference album… I am really glad I had the opportunity to ask you these questions!

Thanks for the interview, here is to another 30 year of glorious death metal!