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“Don't remember where I was
I realized life was a game”
Dave Mustaine n’a jamais laissé personne indifférent. Pour certains, il n’est que le souvenir déchu d’un Metallica naissant laissé sur le carreau en 83 et qui essaye depuis de survivre tant bien que mal dans l’ombre de ce groupe mythique avec Megadeth. Pour d’autres, il est le leader d’un groupe majeur du thrash métal, encore considéré aujourd’hui comme une composante indispensable du Big Four. Sa technique de guitare et sa voix nasillarde pourraient être reconnue entre 100 tellement sa patte est spécifique. Le rouquin nasillard, comme on a tendance à l’appeler au sein de la rédaction est aussi connu pour sa grande gueule, son coté hautain et ses séjours en cure de désintox. On avait jusqu’alors pu lire beaucoup d’ouvrage sur lui, mais quand c’est l’intéressé lui-même qui se livre à la plume de Joe Layden (connu dans le monde de l’écriture pour plusieurs best sellers et sa collaboration au New York Time), on découvre un coté très humain à ce personnage et on comprend bien mieux l’homme qu’il est aujourd’hui.
En effet, sous la plume de Layden, c’est bien Dave Mustaine qui raconte son histoire. L’histoire de sa vie. Et comme toute histoire a un début, la vie du guitariste chanteur commence par son enfance que l’on découvrira désastreuse, bercé entre un père violent et alcoolique, un divorce brutal qui poussera sa mère à déménager constamment pour fuir son ex-mari. Cette dernière se plongera par la suite dans la religion de manière extrême en rejoignant une communauté de témoins de Jehovas. Je vous laisse donc imaginer dans quel climat peut vivre un enfant essayant de se construire une identité sans père et avec une instruction extrêmement stricte.
On découvrira comment le petit Dave est tombé dans le heavy métal en découvrant des figures de proue que sont Kiss et Judas Priest, comment il s’est ensuite mis à la guitare dans l’objectif de fonder un groupe et de se produire, et ainsi de suite. Plusieurs éléments de sa vie méritent le détour tel sa première rencontre avec Lars Ulrich au domicile du batteur, qui recèle de beaucoup de petits détails croustillants sur l’état d’esprit des musiciens de cette époque. Notez par ailleurs que la rencontre entre ces deux là s’est fait à la base via des petites annonces que Lars avait postées dans le journal local afin de trouver un guitariste manquant au sein de son groupe. La théorie de l’effet papillon n’est pas abordé dans le livre, c’est ici une réflexion purement personnelle, mais on est ainsi en droit de se poser la question : Que serai Metallica si Dave n’avait pas répondu à cette petite annonce ? Que serai Megadeth ? Ou en serai le métal ? Le monde de la musique tien à peu de chose, n’est ce pas !
L’ouvrage aborde bien évidement les balbutiements de Metallica, les premiers concerts, les groupies, la réussite et toute une série d’anecdotes backstage relativement intéressantes. Passage inévitable Dave se livre à propos de son éviction de Metallica alors que ceux-ci étaient à New York. Avoir un point de vue de l’intéressé n’avait été que peu abordé jusqu’alors et il était de bon ton d’avoir enfin les deux versions pour se forger une idée de manière objective. C’est par ailleurs dans le bus retour qu’un tract du sénateur local à propos du nucléaire comportera le mot « megadeath » (mort de masse) qui deviendra ensuite le nom de son groupe. Les premiers temps, l’artiste le reconnait lui-même, il n’a eu comme seul objectif de devenir puis puissant, plus rapide, plus connu que Metallica, en vain …
L’ouvrage abordera trèèèèèèès (trop ?) longuement son addiction aux drogues, de l’utilisation de la marijuana jusqu’à sa découverte de la cocaïne puis de l’héroïne et sa consommation excessive. La vie de rockstar comme il la décrit lui-même : sexe à volonté, drogues à profusion et rock’n’roll. Pourtant, avec la maturité de l’âge, Dave porte un regard critique et mature sur ces épisodes (il est sobre et clean depuis le début des années 2000 seulement), ainsi que ses très nombreux (17) séjours en désintox. Il n’y a quasiment aucune page ou la drogue ne reviens pas comme sujet de fond …
On découvrira bien évidement l’historique de Megadeth, depuis son tout premier album Killing Is My Business … and Business is Good jusqu’à son tout dernier Endgame. L’artiste évoquera comment ont été recrutés, puis virés pour la plupart les membres qui ont composé le groupe depuis presque 30 ans, l’état d’esprit de ceux-ci lors de l’enregistrement, des concerts. En bref, on y trouvera beaucoup d’anecdotes sur tel ou tel concert particulièrement marquant, sur des roadies zélés ou des rencontres fortuites. Tous les éléments qui participent au mythe.
Mustaine aborde bien entendu la dissolution du groupe en 2002 puis son retour en 2004 après une longue cure de désintoxication dans laquelle, après avoir tout essayé, il se laisse tenter par l’Eglise, dernière solution à ses yeux pour trouver une paix intérieur, seul autre refuge que la drogue. Sa sortie de cet univers sera soutenue par Pam, celle qui est depuis devenu sa femme et avec qui il a deux enfants. Il reviendra longuement sur la naissance de leur relation et la venue au monde de ses enfants. C’est un Mustaine repentant qui reconnaitra par exemple avoir loupé beaucoup de la vie de ses enfants avec les tournées et vouloir retrouver un peu de ce temps perdu sur les routes loin de sa famille.
En définitive, Dave Mustaine apporte ici un point de vue interne jusqu’alors manquant à l’histoire de Megadeth et de Metallica. On y découvrira un esprit torturé ne retrouvant la quiétude que dans la drogue et la débauche, n’ayant que pour seule volonté de faire mieux que ses anciens copains Four Horsemen. Même si sur certains passage on sent que le rouquin nasillard ne se prend pas pour une chiure et tente de justifier des actes qu’il a manifestement du mal a assumer (« ne fait pas à autrui ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse » semblait être totalement inconnu de son vocabulaire lorsque l’on voit la manière peu élégante ou les raisons pour laquelle il a viré certains de ses musiciens, lui, le pauvre guitariste déchu de Metallica …). Ainsi, même si certains passages ne transpirent pas la franchise, l’artiste aura eu le mérite de jouer carte sur table et de livrer son point de vue.
En tant que grand fan de Dissection, je ne pouvais pas terminer cette chronique sans aborder un passage en fin de l’ouvrage abordant le différend entre Mustaine et Jon Nödtveidt (leader de Dissection). L’un repentant et chrétien, l’autre profondément sataniste. Leur date commune au Fury Fest2005 avait fait parler d’elle mais la version est intéressante à entendre où l’on découvre un Mustaine totalement paniqué à l’idée de croiser Jon en backstage, l’un et l’autre s’étant défié par presse interposé quelques jours auparavant. Le fait que Jon ai été condamné pour plusieurs années de prison suite a une complicité de meurtre semblait avoir un effet sur Mustaine bien plus fort que toute drogue ou que tout riff. Une anecdote parmi beaucoup d’autres en réalité.
Un must-have pour tout fan de Megadeth. Une très bonne autobiographie pour les autres.
Un fer à cheval dans le cul
1. Mon papa chéri
2. La folie de la fumette
3. Lars et moi, ou dans quoi est-ce que je m'embarque
4. Metallica : fort, rapide, incontrôlable
5. Lâché par "Alcoholica"
6. La création du monstre parfait : Megadeth
7. Mission : enfreindre toutes les lois divines et humaines
8. Trop de familiarités rend méprisant
9. Le déclin de la civilisation occidentale
10. Le cirque ambulant
11. Contre l'ais du corps médical
12. Mes années de vie
13. Je prie Dieu de garder mon âme
14. La fouine au fond de moi
15. Ame à vendre
16. Une sorte de dieu
17. Megadeth ressuscité
Epilogue : trois bateaux et un hélicoptères