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Une chose est certaine : le black métal ne laisse pas indifférent. Les ménagères bien pensantes sont outrées en voyant les reportages de TF1 montrant de jeunes gothiques satanistes de 14 ans et demi, tout de noir vêtus qui écoutent ce genre de musique. Ces mêmes ménagères seront abasourdies par le look extrême des groupes cités : un mélange de macabre et de sanguinolent à base de peinture de guerre, de bracelets de clou et de hurlement. De l’autre coté, les fans de death et de thrash rigolent quant au kitch de ce visuel ainsi qu’à la piètre composition musicale que l’on trouve dans le black métal. Et il y a les puristes, les blackeux, loin d’être le cliché suicidaire pré-pubère dudit reportage, sachant apprécier les nuances de groupes subtiles d’un genre musical aussi riche.
Et si l’on trouve des groupes excellents dans le black métal, on en trouve aussi de très mauvais. Où situer Nargaroth ? A chacun de se faire une idée. Pour beaucoup, le groupe semble dénué d’intérêt, mais pour d’autre il a acquit le statut de groupe culte. Quoi qu’il en soit, pour beaucoup, Nargaroth se résume souvent à un seul titre : Black Metal Ist Krieg. Pour les curieux, j’avais à l’époque découvert le groupe Belzeprout qui reprend ce titre qui aura été renommé « Bob L’Eponge en String » : ça vaut le détour.
Tout le monde le reconnaitra, Nargaroth, au même titre que Burzum, s’est fait une spécialité du son dégueulasse et sous-produit. Beaucoup considérerons (à juste titre ou pas) que c’est précisément ce qui fait le charme de ces formations. Je rejoint par ailleurs cette pensée étant donné qu’il serai dommage que chaque album de black ai la propreté et la puissance d’un Behemoth par exemple. Pourtant, Nargaroth avait fait un effort sur son précédent album Jahreszeiten tournant autour du concept des 4 saisons (d’ailleurs on attend toujours la chronique de Hraesvelg) dont le riff principal du printemps semblait digne d’un générique de oui-oui à la sauce fête du village auvergnate.
C’est donc avec curiosité que j’ai accueilli ce tout nouvel album. Disons le clairement, comme tout album de Nargaroth il ne plaira pas à tout le monde. Le sujet fait d’ailleurs polémique entre les chroniqueurs, certains appréciants, d’autres moins. Je fais justement parti de la première catégorie, pour la simple et bonne raison que le groupe sonne d’une manière originale et peu conventionnelle. En effet, là ou certains stagnent, Nargaroth a un énorme avantage : il innove. On avait au droit au concept album avec Jahreszeiten, nous voici ici avec un album tout en calme et en ambiance. On pourrait même qualifier ce nouvel opus de païen, dans le sens où il est un hommage à la nature et aux forces qui la composent (oui, pas le païen au pipo et aux chansons à boire qui saturent actuellement le marché du pagan metal).
Préparez vous à des ambiances apaisantes au violon, nappes de clavier ainsi qu’un black métal intimiste rappelant parfois le coté personnel et calme de Filosofem. En effet, le clavier semble presque mis plus en avant que les guitares. Quand au tempo, ne vous attendez pas à entendre de blast, il n’y en a pas. Certains titres comme Diving Among The Daughters of the Sea font carement dans l’ambiant et d’autres, à l’image de Journey Through My Cosmic Cells (The Negation Of God) dans une sorte d’électro-ambiant. Les titres sont relativement long et donne un coté funeral-doomesque à l’ensemble de part son aspect calme, presque trop calme en fait, se rapprochant presque des thèmes dépressifs.
En définitive, même si certains cracherons sur le groupe, il est à noter que la formation allemande prend des risques à une époque où peu de groupes semblent prêt à risquer des albums innovant, préférant se complaire à leur style qu’ils recyclent à toutes les sauces. Nargaroth innove avec un album reflétant la complexité des émotions humaines, ainsi que toute sa noirceur. Et rien que pour ça, il mérite le détour.
1. Odin’s weeping for Jördh
2. An indifferent Cold in the Womb of Eve
3. Diving among the Daughters of the Sea
4. Odin’s weeping for Jördh - Part II
5. Journey through my Cosmic Cells (The Negation of God)
6. A Whisper underneath the Bark of old Trees
7. Spectral Visions of Mental Warfare
8. March of the Tyrants