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J’ai tout d’abord eu très, très peur. A la réception de la toute première démo de Blasphemator, quintet du Languedoc-Roussillon, le patronyme du groupe et le petit nom de son bébé, First Blaspheme me laissait entrevoir avant même son écoute une rondelle destinée à se noyer dans la masse des incalculables combos morts-nés, masquant sous couvert de satanisme ou de quelconque philosophie une certaine médiocrité musicale, dans sa mise en œuvre, où son inspiration.
Fort de ces aprioris, inévitables et sans nul doute volontairement suscités, c’est sans grande conviction que ce premier blasphème est inséré dans la platine. Et fort heureusement, nous pouvons affirmer qu’il serait bien dommage de passer à côté de cette démo, quand bien même vous seriez rebutés par ses apparats peu alléchants.
Avec 5 morceaux pour près d’une demi heure de musique, Blasphemator fait exploser les préjugés à mesure que les morceaux se succèdent et propose véritablement une musique de qualité, offrant à mon grand ravissement une démo inscrite dans l’air du temps sans pour autant négliger quelques hommages au black metal plus traditionnel.
L’intérêt pour First Blaspheme s’éveille dès les premiers instants, le morceau-titre ouvre la démo, Blasphemator ne s’encombre pas de fioritures, ni d’introduction fumeuse, le quintet donne le ton immédiatement, balançant un black metal rouleau-compresseur, droit dans ta gueule, foutrement bien produit et qui n’oubliera jamais d’être intelligent. La grande force de Blasphemator est d’ailleurs ici. Pas vraiment original, des relents d’influences surgissent d’un peu partout, me laissant songer que des parrains prestigieux tels qu’Animus Mortis ou Immortal ne sont pas passés loin des esgourdes des montpelliérains.
Mais au-delà de ce manque de personnalité, très timide et surtout excusable pour un premier méfait, c’est à un groupe qui a du talent à revendre auquel nous avons à faire, qui a parfaitement saisi l’essence de leurs influences, garantissant ainsi une indispensable charnière entre tradition pure et modernité, et c'est là généralement l'apanage des albums de qualité. Les riffs sont certes classiques mais toujours inspirés, grinçants et agressifs, soutenus sans coup férir par une section rythmique pugnace et forte d’un relief de tout instant, et le résultat s’avère détonant et dévastateur. D’autant plus dévastateur grâce au très agréable travail vocal que l’on trouvera ici, Blackmass, hurleur en chef est doté d’un bel organe, le fait sentir, et apporte une touche de Death très agréable sur ce fond musical résolument ancré dans le Black. Les interventions sont pertinentes et l’équilibre musique/vocaux est ainsi très bien trouvé. Les variations de riffs et de rythmes forcent le respect et maintiennent l’auditeur alerte si bien que l’on traverse First Blaspheme avec le sentiment de ne pas en avoir assez entendu et l’envie d’y retourner.
Alors en somme et vous l’aurez compris, Blasphemator a frappé d’une force très maîtrisée sa première démo, achevée en 2008 et distribuée il y a un an déjà. Partant de ce principe, que tant de temps s’est écoulé sans que le quintet montpelliérain ne puisse accoucher d’un véritable full-lenght, il nous appartient de lui apporter le soutien qu’il mérite incontestablement, ce ne serait que justice, et je dois avouer que la curiosité de savoir s’ils parviendront à transformer ce concluant essai m’invite à l’impatience d’entendre du nouveau matériel.
Un fois Blasphemator libéré de ses influences, il y a fort à parier que le groupe jouira d’une belle reconnaissance, il en a le potentiel. Alors ne lui restera plus qu’à changer de nom et ce sera parfait.
1. First Blasphem
2. Skin'em
3. Buried
4. Facing The Apocalypse
5. Dunwich
