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Cela fait longtemps que Mercenary attend son heure tapi dans l'ombre des mastodontes du power métal. Les essais précédents lui ont permis de jouir d'une bonne réputation puisqu'ils ont fait un passage chez Century Media, un des labels poids lourds du métal européen. Depuis les choses ont évolué mais les ambitions restent et Metamorphosis se présente en 2011 comme le sixième album des Danois. En lisant le titre et en observant le phœnix sur la pochette, on se dit que le groupe tente un coup de poker : montrer à son public qu'ils sont en phase de renaissance. Et du coup ils créent une attente qui se répartit sur plusieurs niveaux : côté humain, côté musical et pourquoi pas côté conceptuel.
Côté humain, le phœnix est pleinement justifié. En 2009 les deux tiers du groupe ont claqué la porte suite à des divergences musicales. Il aura fallut renouveler le batteur, se débarrasser d'un des chanteurs et du clavier avant de repartir. Le lineup actuel se base donc sur les survivants d'une défection quasi générale. Mais l'esprit reste car les guitaristes compositeurs sont encore présents et fidèles au poste. Du coup, vous pouvez voir le réponse pour le côté musical se profiler. Même si leur promo met en avant un nouveau son, une nouvelle attitude plus novatrice et surprenante, on reconnaît quand même la patte Mercenary. Nous aurons aussi l'occasion de voir que le groupe nous a réservé quelques surprises.
Au rang des points de continuité, on retrouve le son, toujours puissant et bien calibré, l'utilisation des voix claires et celle de nappes de clavier pour appuyer l'ambiance comme sur le départ de The Edge Of Sanity. Le chant est en fait souvent doublé avec deux timbres différents ce qui donne une certaine puissance aux passages comme le refrain de Through The Eyes Of The Devil. L'impression de reconnaître des traces de l'ancien Mercenary est diffuse et on la ressent à différents moments comme le refrain de Velvet Lies dans les lignes vocales et le riff de guitare. Si vous connaissez le groupe, vous avez peu de chance d'être déstabilisé. Ce point n'est pas à prendre comme une critique puisque Mercenary avait réussi avec succès à se forger une identité intéressante. Il eut été dommage de s'en départir.
Mais il faut bien avouer que les compositeurs se sont dits que le salut ne viendrait que d'un renouvellement ou d'un élargissement de leurs registre. Et l'on est surpris par de très nombreux passages de Metamorphosis : The Follower commence à s'y méprendre comme un titre de Scar Symmetry (Mind Machine pour ne pas le nommer). Certes il se développe de manière très différente mais les claviers axés « cyber » et le refrain n'aident en rien à faire le distinguo. On peut aisément comprendre ce rapprochement stratégique entre deux groupes qui ont tout à prouver, même s'ils ne viennent pas de la même scène. Mais le parallèle s'arrêtera là, puisque les Danois iront pêcher d'autres influences sur In A River Of Madness. A ma grande surprise le final de ce titre ressemble à un morceau de black métal sympho avec claviers grandiloquents; voix écorchées et renforts de blast. Puis tout revient à la normale. Un passage hors du temps et du genre. Et que dire de The Black Brigade et son passage à la Megadeth ?!
L'auditeur ne sait plus à quel saint se vouer dans ce saupoudrage qui dans la plupart des cas est pour le mieux puisque l'on ne se retrouve pas choqué par les alternances. Jusqu'à Shades Of Grey, titre en voix claire, mainstream à souhait et à des kilomètres de ce que Mercenary a voulu démontrer jusqu'ici. A moins que ce ne soit pour séduire le public de radios orientées rock et s'assurer une retraite avec un single facile et mielleux où les effets de clavier ressemblent à des cordes, effet suprême du kitsch qui rapporte. Même le solo tombe dans le panneau. Et pourtant ce titre à son utilité : désespérer l'auditeur et lui faire perdre espoir, jusqu'au morceau suivant On The Edge Of Sanity qui poutre comme il faut et revient sur un chemin nettement plus métal.
Bref Metamorphosis est plus une mue pas tout à fait achevée qu'une réincarnation totale. Heureusement Mercenary a compris qu'il ne fallait pas vendre complètement son âme s'ils voulaient profiter du fanbase qu'ils ont réussi à entretenir depuis 11 Dreams qui était et reste leur album de référence. Néanmoins la transition est encourageante car vous entendrez un album plus que plaisant, mélodique et résolument métal avec des soli qui vont bien, des riffs puissants et un chant varié. Finalement que demande le peuple ? Du Mercenary bien sûr !
1. Through The Eyes Of The Devil
2. The Follower
3. In A River Of Madness
4. Memoria
5. Velvet Lies
6. In Bloodred Shades
7. Shades Of Grey
8. On The Edge Of Sanity
9. Black Brigade