
We Metal Fest 2025 - Jour 2
Le Plan - Ris-Orangis

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Aurélie Jungle : Jour 2 du We Metal Fest ! Ambiance beaucoup moins core que la veille, le running order s’apprête à osciller entre du doom, du sludge, du stoner, du prog, du post et du death. Là, j’ai pas mentionné Psykup ni Point Mort, parce qu’ils ne vont nulle part.
On démarre ce jour 2 du We Metal Fest un peu plus tôt cette fois-ci : 15h00. Le soleil est toujours de la partie mais le public, lui, est un peu moins nombreux en ce début d'aprem. Peut-être un peu trop sonné par la veille. Le parking finira évidemment par se remplir au fil de la journée qui s'achèvera sur quelques pointures du game : Klone et Hypno5e (qui vient remplacer Hangman's Chair, suite à l'annulation de leur tournée).
Toujours deux salles et toujours 5 minutes entre chaque concert, je poursuis le pari d'hier : j'enchaîne les 8 groupes.
Dimanche 6 avril - Jour 2
Groupes évoqués : Salace | Point Mort | Homecoming | Psykup | Vestige | Klone | Fange | Hypno5e
Salace
Club
Encore une fois le pari pris par l'orga est osé (ndlr : live report du Jour 1). On démarre avec le seul groupe de doom/sludge : Salace. Mené par le bassiste, le quintet se retrouve vite à l’étroit sur la scène et les enceintes, elles, se trouvent submergées. Disons que le groupe porte bien son nom : c’est crade, poisseux, visqueux, ça dégueule. Le chant est torturé, lancinant et gras. Bref, t’es dans une cave et le côté un peu oppressant, voulu dans la presta scénique j’imagine, c’est que l’arrière de la scène, où se trouve le chanteur, est plongé dans le noir. Seul un puit de lumière vient éclairer sa capuche. Une Maynard, mais version ogre. La menace est invisible, bien qu'un puit de lumière tente vainement de la mettre au devant de la scène. Le point d’honneur se tourne vers le batteur, Maxime Pillard, qui, avec un set plutôt simple, réalise des dingueries. Salace est finalement une bonne entrée en matière sur cette journée, ça vient donner le ton : tu vas pas beaucoup voir la lumière aujourd’hui.
Point Mort
Grande Salle
Ambiance Nag Champa, avec quelques bâtons disposés sur la scène. On passe sur du post-hardcore, et apparemment popcore, lovecore. Point Mort c'est un quintet leadé par une demoiselle : Sam Pillay (au chant). Ça démarre et ça attaque très fort. On est sur des sonorités punk/hardcore et voilà que madame screame. La rythmique change énormément, la basse est ultra présente. Je m’apprête à passer un bon moment. Et là… Le chant mélodique de trois secondes pour ré-enchaîner sur du scream/growl. Ce chant mélodique n'est malheureusement pas à la hauteur du reste. Au lieu d’alimenter le morceau, il vient le casser et ça me tend, je n’arrive pas à comprendre l’enchaînement. Ça me tend d’autant plus que le chant saturé est franchement bien meilleur, ça t’attaque, c’est sauvage. Mais le clean, lui, est moyen, pas à la hauteur. Puis les parties qu’on peut qualifier de “pop”, c’est ambitieux pour le contraste, ça se tente, mais ouais, non, je ne suis pas le public. Même constat pour les samples en playback qui n'apportent pas grand chose. Les morceaux s’enchaînent, les changements de rythmiques sont nombreux et je perds un peu le fil de l’ensemble. Une seconde écoute, posée avec un casque, serait peut-être plus favorable. Au-delà, énergie folle de la chanteuse qui bouge absolument partout et une sacrée technicité des musiciens qui m’a maintenue dans la salle.
Homecoming
Club
ALORS LÀ. MAIS ALORS LÀ. Ok. Y’a quatre monsieurs qui débarquent solennellement, les guitares sont portées haut, les chemises sont un peu plus colorées qu’à l’accoutumée : “Y’avait de l’indé au programme?”- “Surprise motherfucker”. On commence avec un morceau aux sonorités post-rock et un chant un peu cassé. Ça démarre léger et puis bam. Le break sludge, le solo de guitare, le growl. On retourne au post rock. On arrive sur du stoner, ça scream. D’accord. Ah d’accord. Ah y’a de la double pédale aussi ? Blast beat bonjour, chant clair, aérien et puis boom : growl. Ouais, ok c’est le paradis.
Homecoming c’est quoi ? C’est à peu près tout. Du coup on met ça dans le prog non ? En gros : tu prends Psychonaut et tu mélanges ça avec Elder. Par dessus tu rajoutes un chanteur ultra polyvalent (Théo Alves Guiter, également guitariste) et voilà. Sans parler de la monstruosité du second guitariste (Renaud Fumey) et évidemment de celle du batteur (Théo Giotti). Le bassiste (Basile), lui, est au sommet. Il remercie timidement le public entre chaque morceau, alors que bordel : c’est démentiel. Je ne sais pas quand on se revoit, mais une chose est sûre : on se revoit.
Psykup
Grande Salle
À ce jour, je ne sais toujours pas comment qualifier Psykup. Je pense que eux non plus d’ailleurs. En glanant quelques infos sur le net, ils s’auto-décrivent comme de “l’autruche-core”. De mon côté, je vais plutôt appeler ça un buffet musical. Je t’explique. Psykup c’est cinq bonhommes : deux chanteurs avec chacun leur spécialité : Julien (scream, chant clair et guitare), Matthieu (growl, chant saturé); un guitariste (Dorian), un bassiste (Julian) et un batteur (Brice). Et en termes de turnover c’est peu le Mushroomhead français.
Contrairement à tout ce qui est passé jusqu’ici, tu sens déjà la maîtrise du groupe sur le live, les gars sont complètement à l’aise. J’apprendrai plus tard que Psykup, ça date de 95. Le groupe, en arrivant sur scène, te souhaite la bienvenue, littéralement, et t’invite à entrer dans son univers. Et qu’est-ce qu’il est complexe cet univers. Y’a du hardcore, du metalcore, du heavy metal, du jazz, du ska, du funk, du punk, du folk, du death… La fanbase aidant, l’ambiance monte rapidement. Et comme tous les groupes qui se la jouent "buffet musical", eh ben tu peux piocher dedans. Il n’y a eu aucune linéarité dans ce live, et j’imagine que les albums sont dans la même veine. Y’a des morceaux qui franchement me laisseront impassible et d’autres où tu te dis que tu devrais peut-être aller creuser. Bref : Psykup, c’est un projet où les gars se font plaisir en piochant dans ce qu’ils aiment (ça se voit) et te proposent, du coup, des morceaux efficaces et bien exécutés, te promettant à chaque fois une nouvelle aventure, le tout avec une solide base metal. Maintenant reste à savoir si ton appréciation peut rester linéaire sur 1h tant les morceaux peuvent aller d’un extrême à l’autre.
Vestige
Club
On les voit un peu partout en ce moment et il était temps de savoir si le live était à la hauteur de ce qu’ils pondent sur CD. Vestige, c‘est du post, du shoegaze le tout alimenté par un chant aérien avec un petit côté Chino Moreno (Deftones) voire Neige (Alcest). Avec Vestige, on fait notre entrée pour cette journée dans les groupes dit “cinématographiques”, ceux que tu peux mettre en bande son de ta vie, de tes rêves, bref ces groupes qui t’invitent à l’imagination (Klone et Hypno5e, même combat).
Vestige c’est toujours deux salles, deux ambiances. Y’a un scindement clair dans chaque morceau qui fait que tu passes du rêve au cauchemar, pour ensuite revenir sur une partie plus aérienne, pour tomber plus bas que terre ensuite. Les guitares s’alourdissent, la batterie accélère, la basse change de tempo et le chant devient plus saturé voire passe au growl de temps à autre. Toi, t’es juste en lévitation en attendant de savoir à quelle sauce tu seras mangé. Bon, et on en pense quoi en live ? Et ben c’est le CD, et bordel je suis ravie de le constater. C’est un sans-faute savamment orchestré.
Klone
Grande Salle
On enchaîne avec un autre groupe “cinématographique”, un groupe de prog'. Et c’est une session que je redoute. Klone, c’est vu au Motocultor en 2022 et ce fut la douche froide. J’ai détesté… C’était plat, sans émotions, le son n’était pas incroyable, je suis ressortie dégoûtée. Je me suis dit que ce groupe, il ne valait le coup qu’avec un casque pour pouvoir vraiment en apprécier le côté très aérien. Je débarque donc dans la salle sans grandes attentes. Petite scénographie hypnotique mise en place pour accompagner le tout et la revanche est prise. Je n’en ai pas parlé jusqu’ici mais le son des deux salles du Plan est vraiment très bon. Et là bordel, Klone c’était appréciable. Tous les instruments étaient audibles, la voix de Yann Ligner d’une perfection absolue. J’avais mon casque sur les oreilles. Et y’aura pas grand chose à dire de plus sur ce live parce que quand tous les feux sont au vert : Klone, c’est carré. T’es en immersion et t’as juste à te laisser transporter pendant 1 heure.
Fange
Club
Ouais, ben après la mélodie et un peu de lumière, place à la violence, à l’obscurité et aux stroboscopes. Fange c’est du sludge, du noise, du death et de l’indus. C’est macabre, torturé. Une basse très présente et un chant viscéral avec des sessions “parlées” cauchemardesques. Fange c’est angoissant, l’atmosphère est devenue ultra sombre et lourde dans la salle. Mais quelle surprise ! Largement aidée par la scénographie qui amplifie l’angoisse ambiante, la prestation du groupe est envoûtante. J’hallucine. Clairement. Et j’hallucine d’autant plus en découvrant qu’il n’y a pas de batteur en live et que ça change pas mal de choses sur les sonorités ! Pour avoir écouté le groupe en amont, j’étais partie sans grande conviction, pas mon truc. Et au final : si. C’est pesant, tu te retrouves enveloppé dans un nuage épais, sale et soumis aux riffs lancinants des instruments saturés.
Au-delà de l’ambiance, le groupe est dans son rôle, la gestuelle est tourmentée, le corps du bassiste a l’air de subir la gravité, le chanteur a une démarche lascive, souffrante et au moment où vraiment, t’es dans le truc, en mode “c’est bon vas y j’en reprends une heure” : les mecs se barrent. Littéralement. Ils posent leurs instruments sur la fin du dernier morceau, qui est limite écclésiastique, et sortent. Ce goût d’inachevé infernal en quittant la salle !
Hypno5e
Grande Salle
La catharsis pour finir ? Hypno5e c’est vu pour la première fois en 2013 en première partie de Gojira, au Bataclan. À l’époque j’avais qualifié le groupe de “bébé Gojira”, tant tu sentais les mêmes influences, presque la même ligne artistique et c’était déjà très bon. En même temps… Difficile d’arriver où il en sont aujourd’hui par un simple hasard. Le groupe a bien évolué depuis, leadé par l’incroyable Emmanuel Jessua, et a une signature qui lui est propre.
Hypno5e c’est du prog, pour faire simple. On est encore dans la cinématographie avec beaucoup de contrastes et une énorme versatilité. Des morceaux qui font que tu passes par un peloton d’émotions, ponctués par des inserts audio (citation issues de films ou autres). Le live ne déroge pas à la règle. Hypno5e c’est l’ultime voyage de ce fest. Une fin en douceur et techniquement ben… J’ai absolument rien à dire. Y’a rien à jeter, rien à remettre en question, les jeux de lumières sont fous, le son est à la hauteur du bordel, chaque note est perceptible et y’a une ambiance messianique. Au début du moins. Puis a sonné le glas de “Acid Mist Tomorrow” issu du troisième album éponyme du groupe (2011). Si tu ne connais pas Hypno5e, c’est franchement le morceau par lequel je t’invite à démarrer. Ouais, c’était la catharsis, le défouloir. Clôturer ces deux jours sur ce morceau, on ne pouvait franchement pas espérer mieux. Il te chope forcément à un moment et on finit par avoir du mal à quitter le groupe et la salle…
*
Je retiens quoi de ces deux jours ? Déjà l’orga de malade. Le We Metal Fest a de beaux jours devant lui. Les salles étaient combles, le son d’une super qualité et la possibilité d’y assister à distance sur le Twitch de l’Empreinte, avec quelques interviews entre chaque concert, c’est franchement une super initiative. On est également sur un fest à taille humaine où la circulation est encore simple et les temps d’attente hors programmation plutôt courts. Mis à part le soir au niveau des food trucks où on a tous bien senti qu’ils étaient dépassés… C’est peut-être le seul point noir.
Niveau programmation : je reste très étonnée du running order. Mettre du deathcore en ouverture du premier jour alors que tu termines par du punk c'est très osé. Même chose pour le deuxième jour, démarrer par la caverne (Salace) pour finir en lévitation (Hypno5e), j'ai trouvé ça fou. Mais qu'est-ce que j'ai apprécié le voyage ! Il va cependant peut-être falloir songer à plus grand comme lieu ! Plus les journées passaient, plus l’accès aux salles était difficile. Mais ne serait-ce pas le prix du succès ?
Bref un grand bravo ! On se retrouve sans aucun doute pour l'édition 3 !
À nouveau, un grand MERCI à Sonia Sicard - Metal in Paname pour ces superbes photos !