Les Grunge Music Awards 2024
lundi 13 janvier 2025
La caution grunge du webzine.
Au cours des trois dernières années, l’esthétique grunge, qu’elle soit musicale, graphique ou vestimentaire, a connu une percée inattendue chez des artistes pop à majorité féminine (Halsey, Olivia Rodrigo, Paris Jackson, Poppy, Willow...). Si cette version « soft », consensuelle, jouit d’une forte exposition médiatique, la scène underground continue d’évoluer en vase clos, et de produire des nouveautés, comme en France, à l’instar des bâtisseurs que sont Fátima ou Seeds Of Mary. À l’occasion de la 1ʳᵉ édition des Grunge Music Awards (GMA) d'Horns Up, découvrez un classement de cinq albums et EP alternatifs qui ont rythmé 2024, ainsi que deux récompenses spéciales : le Hidden Grungem attribué aux objets rares, originaux, et le Jar of Sighs, décerné aux faits ou sorties les plus déconcertantes. Bonne cérémonie à toutes et à tous !
Disclaimer : La sélection et la hiérarchie des œuvres présentées ci-dessous résultent du nombre d'écoutes effectuées et de mon appréciation personnelle, auxquels s’ajoutent d'autres éléments (quantité de sorties, réception critique et populaire, niveau de médiatisation, représentation des artistes émergents et de leurs pays, etc.).
Artistes évoqué·es : Bala | Gardenhead | Deer Death | Chokecherry | The Smashing Pumpkins | Jonah Goldstein & Nic Koven | Jerry Cantrell
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Bala – Besta ✪✪✪
Riot grrrl – Espagne (Pias Recordings)
Auparavant signé chez Century Media, le duo espagnol de Riot grrrl ravit aisément le haut du classement avec son quatrième opus. Besta offre un concentré d’hymnes punk furieux, chantés (hurlés ?) dans la « langue de Cervantès ». En trente minutes, les enragées de Galice dépeignent une certaine idée de la sororité, que ce soit à travers leurs collaborations majuscule (« Equivocarme », « Ouveo ») ou leurs textes conquérants, fleurant L7.
Gardenhead – Gardenhead ✪✪✪
Grunge metal – Finlande (Drunken Gardener Records)
En juin 2024 à Helsinki, Gardenhead assurait l’ouverture de Rootbrain et Palehørse, à l’occasion de la « Night of Black Grunge ». Une aubaine pour ces Finlandais qui, quelques mois plus tôt, avaient publié leur premier album, marqué par un grunge éclectique, voire orientalisant (« Black Hills », « The Wilderness »). Un essai brillant à plus d’un titre, associant un style de jeu proche du metal progressif à des vocaux incantatoires à la Maynard James Keenan.
Deer Death – Next Death ✪✪✪
Post-grunge – USA (Autoproduction)
Très en vue parmi la Cold Army, le Grand cerf a diffusé pas moins de cinq albums cette année, démos et remasters inclus. Mais Next Death demeure la pièce maîtresse de l’œuvre de Deer Death, pour quiconque cherche un exutoire. Le New-Yorkais exorcise ses démons en musique, via un post-grunge vaporeux et attendrissant, mêlant une intensité d’écorché vif à une sensibilité adolescente, presque gothique. « Feel this moment, disappointment. »
Chokecherry – Messy Star ✪✪
Grunge-gaze – USA (Fearless Records)
Après une année d’attente et de bouillonnement, Chokecherry a sorti son premier EP sous Fearless Records en octobre. Ce supergroupe, né de la womance entre Izzie Clark (Thank You Come Again) et Scarlett Levinson (Fauxes), réaffirme toute la beauté et l’intensité du grunge-gaze. Découvert·es sur TikTok, les Franciscanais·es jalonnent leurs morceaux de cris ardents et d’accélérations fortuites, empruntant au post-hardcore.
The Smashing Pumpkins – Aghori Mhori Mei ✪✪
Grunge metal – USA (Martha's Music/Thirty Tigers)
On le croyait éteint, mais le Billy Corgan Ensemble signe son come-back. Une fois n’est pas coutume, le power trio ravive le souvenir d’albums plus « metalliques », prenant entre autres Black Sabbath et Dio pour références, à l'image de l'oppressante « Edin ». Aghori Mhori Mei opère ainsi un changement stylistique majeur, la dream pop quelquefois anesthésiante des Smashing Pumpkins, cédant la place à des morceaux équilibrés et ambitieux.
— Hidden Grungem —
Jonah Goldstein & Nic Koven – Coffee Shop Grunge ✪
Lounge – Israël/USA (Autoproduction)
Au vu des liens symboliques entre le Seattle Sound et le jazz (Mad Season, Barrett Martin, Candlebox), Coffee Shop Grunge s'avère pleinement légitime. Ce projet, à la fois stellaire et nostalgique, s’attache à réinventer les classiques du mouvement alternatif des années 90 en version instrumentale. Aspirer la rage d’un « Drain You » et la transformer en une musique d’ambiance chill, teintée de bossa-nova, c’est là tout le talent du binôme israélo-américain.
— Jar of Sighs —
Les spoken words de Jerry Cantrell ☂
Cette année, le Jar of Sighs est décerné à Jerry Cantrell (Alice In Chains) pour les versions en spoken word des titres de son quatrième album solo, I Want Blood. À l'origine, seul le single « Vilified » devait être réinterprété, mais sur les conseils de Joe Barresi, l’ingénieur du son, toutes les chansons ont subi le même traitement : de longues narrations sur une musique cinématographique, oscillant entre électronique, country et jazz. Ainsi peut-on les découvrir sur les faces C et D de l'édition vinyle — à réserver aux plus aventurier·es.
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