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« Tout cela s’est transformé en cauchemar
Je me souviens encore
Lorsque tu as dis au revoir, il y a si longtemps »
Revolution Renaissance « Falling to Rise » - 2010
Comme une renaissance…
Si Stratovarius a vécu une seconde naissance avec l’arrivée de Mathias Kupiainen, Timo Tolkki repartait lui aussi de bien bas…peut-être même de plus profondes abysses que l’artiste si renommé qu’il avait laissé derrière lui.
Devenu dépressif, maniaque et invivable humainement, sa collaboration (plus purement professionnelle qu’amicale ou passionnelle) avec Timo Kotipelto ou Jens Johansson avait abouti à un bien décevant "Elements pt II" et un opus éponyme affligeant de banalité, de facilité et de tout ce que l’on pouvait détester chez Stratovarius. Le split fut inéluctable, laissant non pas des cendres fumantes mais plus prosaïquement de nouvelles flammes incandescentes, de part et d’autres des finlandais.
Stratovarius vécut une nouvelle jeunesse avec un "Polaris" acclamé et auréolé (à juste titre) de succès, tandis que leur homologue Revolution Renaissance, nouvelle monture du ‘sieur Tolkki (qui a composé, pour ainsi dire, presque 99% de l’ancien répertoire de Strato), peinait à intéresser les badauds.
Ce fut tout d’abord un semi-échec créatif avec "New Era", agrémenté de guests luxueux (Tobias Sammet, Michael Kiske, Pasi Rantanen) mais d’une inspiration foncièrement hésitante (mis à part quelque coups d’éclats, notamment "Angel", "Keep the Flame Alive" ou "Revolution Renaissance", toutes chantées par Kiske). "Age of Aquarius", si l’on occulte un important échec commercial et critique, releva pourtant fortement le niveau, doté d’une fluidité et d’une grandeur retrouvée. Simplement beau, épique et lyrique, il présentait à ceux qui ne connaissait pas Adagio Gus Monsanto.
Diamétralement opposé à cette débauche symphonique et mélancolique, le troisième album durant le même nombre d’années, mettra fin à cette nouvelle aventure, et ouvrira par la même occasion la voie à Symfonia, projet ambitieux (hédoniste ?) où l’on retrouvera quelques amis du guitariste, dont Uli Kusch et Andre Matos (prétentieux ?).
Volontairement plus agressif, speed et technique, "Trinity" laisse ressurgir les démons de Tolkki et amenuise l’impact spirituel des deux précédents opus. De sa production métallique et sans concession (produit par Thiago Bianchi, dans la même veine que les deux derniers Shaman) aux soli hurlants de ce qui fut il y a une dizaine d’années l’un des meilleurs guitaristes du monde, cet ultime album démontre et dévoile une envie de mordre que l’on ne croyait plus réentendre. Accompagné par Bob Katsionis (Firewind) et Magnus Rosén (ex-Hammerfall), Tolkki se laisse aller dans des accélérations parfois jouissives.
L’intro à la double croche suivie d’une double pédale monstrueuse de "Crossing the Rubicon" procure une sensation de plaisir immédiat trop souvent absente des dernières œuvres du finlandais. Largement plus mis en valeur que dans son ancien groupe, Magnus s’évertue à jouer des lignes de basse épaisses et sans concession, vrombissantes et suivant à merveille des riffs tranchants et surtout un son de batterie impressionnant.
"Marching with the Fools" plaque l’auditeur au mur dès son introduction, d’une puissance rare, aux riffs ciselés d’or fin, à la rythmique impartiale (que cette ligne de basse fait mal !) et démontrant les horizons les plus sombres du vocaliste brésilien. S’il se montrera parfois limite dans sa justesse, poussif et manquera de l’aisance des meilleurs vocalistes du genre (ce qu’il lui a toujours manqué), ce penchant plus brut s’acclimate parfaitement au changement musical opéré. Katsionis se livre à un solo absolument ahurissant dès ce premier morceau (le break est une véritable démonstration technique, comme à la grande époque), rapidement suivi par une œuvre majestueuse de Tolkki, arrachant son vibrato avec fureur.
"A World Doesn’t Get to Me" suit également un schéma rude, aux arpèges magiques et légers évoquant les paysages musicaux de Visions, notamment grâce aux claviers de Bob, parfaits, et à ce solo d’une fluidité typiquement néo-classique, précis et d’une rapidité presque ostentatoire. "Falling to Rise" se taille le refrain le plus « single » de l’album, tuerie prévisible des concerts (si programmés ils sont…), retraçant le chemin de croix d’une reconversion et d’une déchirure probablement encore très ouverte et à vif chez le virtuose. Paradoxalement, c’est dans un refrain très optimiste, lumineux et catchy, que Timo délivre sa rédemption, lui conférant ainsi une émotion et une poésie particulière.
Poétique, le titre-track le sera sans doute, traitant de l’ensemble des doutes, des peurs et d’une délivrance attendue de la part de l’artiste, mais à travers les yeux du jeune Bruno Agra, impérial derrière ses futs sur l’ensemble du disque. Dix minutes somptueuse, mais souffrant d’une trop grande évocation d’un chef d’œuvre passé, le fabuleux "Elements", d’où il reprend beaucoup de thèmes musicaux. Que ce soit la ligne vocale du refrain, l’emphase symphonique (dans lesquelles Katsionis n’excelle pas en revanche) ou les riffs, tout suscite, dans une trop grande proportion, un retour au morceau cité. Objectivement excellent, la magie en disparait au profit d’une sensation mélancolique d’un passé qui nous amènera à réécouter ce Stratovarius en particulier, impartialement supérieur à "Trinity". Par la même occasion, il amorce un léger retour à "Age of Aquarius", seul dans une écume power speed au milieu de la courte discographie de Revolution Renaissance.
Néanmoins intéressant, épique et ambitieux, il amorce un retour musical au premier plan pour Timo, malgré une promotion une nouvelle fois inexistante (merci Napalm Records), et laisse envisager un opus pour le moins épique et clairement ambitieux pour Symfonia.
Après de longues années d’errance, Tolkki semble enfin réellement sorti de sa torpeur, non sans une pointe d’aigreur dans ses propos. De nouveau sain d’esprit (les comprimés disparu, la fluidité retrouvée), il envoie un message fort à Stratovarius qui, avec "Elysium", sera très attendu au tournant dès le premier mois 2011. Les comparaisons, aussi inutiles et futiles soient-elles, seront une nouvelle fois présente, personne ne pourra y échapper…
1. Marching with the Fools
2. Falling to Rise
3. A Lot Like Me
4. The World Doesn't Get to Me
5. Crossing the Rubicon
6. Just Let It Rain
7. Dreamchild
8. Trinity
9. Frozen Winter Heart