Plus c’est bête plus ça me parle, sauf des fois…
A moins de vivre dans une grotte, sans réseaux ni même électricité, c’est quand même difficile d’être passé à côté d’Ultra Vomit ces dernières années. Entre tournées blindées à chaque date, performances remarquées dans les plus grands festivals de France, ou encore leur fameuse vidéo aux côtés d’un certain Emmanuel : ils ont été partout.
Mais voilà, après un long cycle autour de leur méfait précédent Panzer Surprise, il était temps pour le quatuor nantais de remettre le couvert et de revenir sur le devant de la scène. Et si c’était enfin l’album de la maturité ?
Bon… on ne va pas se mentir, c’est toujours assez délicat de chroniquer ce genre d’album : autant à l’époque des premiers enregistrements, à défaut de toujours rire aux blagues « pipi caca » on avait au moins un grind/death plutôt bien effectué à se mettre dans les oreilles. Le côté parodique était déjà présent mais on restait encore dans le domaine du metal extrême.
Puis depuis 2008 et l’album Objectif Thunes, UV est passé sur un côté largement plus parodique/imitation (recette ayant fait leur succès), leur permettant ainsi de toucher un public bien plus large. Avec le temps c’est indirectement ce qui leur a valu une certaine haine d’une frange du public metal : trop beauf, trop nul, trop commercial, Tropico, autant de quolibets qui n’ont pourtant jamais vraiment empêché le groupe d’évoluer comme bon lui semble et ce n’est toujours pas avec cet album que les choses vont changer.
Ultra Vomit et le pouvoir de la puissance, puisque c’est son nom, reprend grosso modo les recettes habituelles : c’est là un des principaux reproches que je ferai d’emblée à l’album, le manque de surprise, le fait d’avoir juste interchangé certains thèmes pour d’autres.
C’est bien gentil de remplacer Tagada Jones par Mass Hysteria ou les Takoyaki par des Patatas bravas mais ça sent malheureusement le réchauffé, au risque de tomber dans l’auto-parodie : un comble quand c’est ton fonds de commerce. C’est d’autant plus dommage car les morceaux « originaux » de l’album sont pour moi les plus intéressants.
Le très bon « Dead Robot Zombie Cop from Outer Space II » en est le parfait exemple. Et ça nous prouve aussi qu’à l’inverse s’il y’a bien un élément que le groupe n’a pas perdu avec le temps c’est sa capacité à nous pondre des morceaux qui restent en tête assez rapidement (« Tikawahukwa » ou encore « Mouss 2 Mass »).
On en revient toujours à la même chose : si Ultra Vomit ne nous sort qu’un album tous les 36 du mois c’est aussi parce que la globalité de sa discographie est adaptée pour le live, c’est assez fou à dire mais ça crève les oreilles dès lors que l’on analyse ça sous le prisme de la composition des morceaux. Principe d’ailleurs très bien expliqué sur le morceau « Auto-thunes » et qui s’applique parfaitement à bon nombre des morceaux de l’album. A commencer par le deuxième single de l’album, le déjà trop agaçant « Doigts de Metal », dont on imagine très bien l’effervescence en live. Derrière une imitation plutôt réussie d’Orelsan on retrouve là tout ce qui fait la recette du groupe depuis une quinzaine d’années, mais aussi ce qui personnellement m’ennuie de plus en plus avec le temps concernant le groupe. C’est bien composé, ça se laisse écouter mais après quelques écoutes on en a vite fait le tour et ce n’est pas nécessairement le type d’album sur lequel on reviendra plus de 4 fois.
Malheureusement, je suis bien obligé de revenir sur le sujet qui fâche tous les Français : le CACA.
Si les déjections en tous genres font partie intégrante du répertoire du groupe et ce depuis leurs débuts, à un moment faut savoir lâcher du lest et savoir passer à autre chose. Le plus terrible sur ce constat c’est que le meilleur morceau de l’album à mes oreilles c’est une ode aux prouts avec « GPT (à l’instant) ». Derrière des paroles d’un niveau de moyenne section, Ultra Vomit nous sort un son qui n’est pas sans rappeler que ce qui peut se faire du côté d’Uppsala et cela ne marche que trop bien. Mais au pire… la prochaine fois, allez-y à fond et appelez ça « Tribulafion » ou « Graves Pet-surs », on ne vous en voudra pas.
Non sans avoir fait une tentative de mea-culpa avec « Mollo sur le caca » le groupe nous ressort encore un morceau sur le trou d’balle avec « A.N.U.S » pour clore son album et rideau…
Alors pour être tout à fait franc, malgré leur amour de l’urée et des excréments, cet album n’est pas une bouse, on est loin du perfect, et niveau concept la taupe continue de creuser mais il a au moins le mérite de donner aux fans du groupe ce qu’ils veulent. Un album efficace, une grosse prod, des morceaux qui restent en tête, le tout teinté d’humour bien beauf. Et dans un pays qui a vu Bigard remplir le stade de France, Franky Vincent être Chevalier des Arts et des Lettres, ou encore Patrick Sébastien être premier du top 50 n’est-ce pas là la preuve ultime de la puissance de leur pouvoir ?