Dans l'équipe car il était là avant.
En février 2008, Ultra Vomit sortait Objectif : Thunes, son deuxième album, via les plateformes de téléchargement légal. Alors que son premier album, Mr Patate proposait un grind humoristique, ce nouvel album se faisait patchwork de toute la scène Metal, parodiant à tour de bras des groupes allant du Hardcore au Black Metal. Et l’album avait mis du monde sur le cul, la justesse de la parodie, l’humour fascinant et surtout un son puissant s’adaptant à toutes les situations ont fait d’Objectif : Thunes un très gros succès où tout s’est enchaîné rapidement : nouveau label, sortie physique et tournée dans toute la France
Pour l’anecdote, en juin de cette même année, Ultra Vomit donnait un concert à la MJC de St André, près de Lille. Ayant un examen de BTS la journée et ne sachant pas trop quand je pourrais me rendre à la salle, j'avais envoyé un mail via Myspace (oui, c’est vieux comme histoire) à l’organisateur pour savoir s’il pouvait me mettre une résa de côté, car il n’avait pas prévu d’en mettre à disposition. Ce à quoi il m’avait répondu un “Ça ne sera pas la peine”. C’était le début de leur tournée et à l’époque personne n’avait prévu le raz-de-marée qui allait en sortir : au final, ils ont du refuser dans les 150 personnes alors que la salle avait une capacité à 350 et je pense qu’ils ont dû pousser à 400 tellement c’était invivable. Pourquoi je vous raconte ma vie alors que vous n’en avez rien à cirer ? Bah déjà pour vous faire remarquer que tout de même, 2008, c’est rudement loin, mais aussi qu’à l’époque Ultra Vomit avait créé la surprise avec son deuxième album, proposant un Metal parodique qui en avait soufflé plus d’un. Du coup, avec ce nouvel album, les Nantais étaient un peu attendus au tournant ! Tout du moins pour ceux qui n'ont pas lâché l’affaire entre deux...
Nous voici donc 9 ans plus tard avec un Panzer Surprise ! qui, avec ses 22 titres, plutôt que des styles de Metal, parodie en général des groupes, annoncés grâce à la typo du nom de celui-ci. Et ce nouvel Ultra Vomit démarre très très bien avec un Entooned qui reprend le générique des Looney Tunes à la Death suédoise et surtout Kammthaar. Parodie de Rammstein extrêmement bien branlée, tant dans l’imitation que la composition du titre, avec des paroles qui prêtent facilement à sourire. On se dit alors qu’Ultra Vomit n’a pas perdu de son mojo et que Panzer Surprise ! va se révéler à la hauteur de son prédécesseur.
Bah en fait non, ça retombe tout rapidement avec Un Chien Géant, qui s’avère méga anecdotique. Je ne renie pas la capacité d’imitation de Fetus, où ici, il a retranscrit à merveille cette capacité à agacer de la voix du chanteur de Tagada Jones, et on pourrait penser que c’est justement à cause du groupe parodié que le titre est bof, mais non. Car c’est là la grosse lacune de cet album, pas mal de titres m’en touchent clairement une sans faire bouger l’autre...
Bon sur Objectif : Thunes, y'avait aussi son lot de morceaux inutiles, mais au moins on se marrait à leur première écoute. Là, prenez Hyper Sexe, vous l’écoutez, bah, c’est nul. Ensuite, vous creusez, la typo Nirvana toussa, vous vous dites “ha oui, impro, Endless, Nameless toussa” mais c’est tout, vous dites “ha oui”, pas “lol jpp”. D’ailleurs, des fois l’humour fait un gros bide, comme sur Pipi Vs Caca où, ché pas, ça n’a pas pris, alors que normalement ça passe hein ! Genre moi aussi, comme tout le monde, la nuit quand je pète sur ma copine, je fais semblant de dormir en me bidonnant.
À d’autres moments, on a une vanne ultra bien amenée, comme l’intro Thunderstruck sur Jésus, mais le morceau perd rapidement de l'intérêt. A contrario, sur Le Train Fantôme, la bonne blague n’arrive qu’à la fin du morceau. Cela laisse d’ailleurs penser qu’ils composent des morceaux pour arriver à placer une vanne. On dirait moi qui fait une vidéo. Bon par contre l’album n'est pas si mauvais que ça hein, excusez-moi, la comparaison est hasardeuse.
Panzer Surprise ! recèle toute de même quelques perles, comme Batman vs Predator, qui reste dans leur ligne de reprise de thème cinématographique, mais cette fois en les propulsant à un autre niveau. On trouve aussi E-tron, Calogira, ou encore l'excellent Keken, parodie géniale du générique français de Ken Le Survivant. Bon par contre, dépêchez-vous de profiter, à partir du Hellfest, ça va surement devenir de la merde à cause de tous les neuneus qui vont la sortir entre deux "Apéros!". On notera aussi La Ch'nille et la dernière version de La Bouillie, qui en plus d’être drôle et efficace, permet aussi de faire le pont avec le vieil Ultra Vomit. D’ailleurs, un petit point sur La Bouillie, running gag de l'album qui pour moi n’a de sens que pour préparer la blague de cette dernière version, la seule qui vaille l'intérêt en fait, parce que celle de Ghost, pardon.
À l’inverse, de ces petites douceurs, ma déception va à Tokoyaki, pas du fait qu’il lorgne plus sur Maximum The Hormone que sur BABYMETAL (surement parce qu’ils n'assument pas, alors qu’on l’a bien vu le Fetus au concert à la Cigale) mais sur le fait, que, putain, il dure une plombe de trop ! Le titre aurait gagné à être raccourci, un comble pour un ancien groupe de Grind qui arrive tout de même à faire tenir 22 morceaux dans son album.
L’album se clôt sur Évier Metal, qui montre que l’on a dans Ultra Vomit de grands littéraires et philosophes, car ils mettent ici en exergue cette vasque que l’on utilise quotidiennement en la mettant en parallèle avec le style musical qui nous fait vibrer, rapprochant ces deux termes quasi-homophones avec ce refrain.
"Il est toujours là pour moi, pour étancher mon désespoir
Il m'éclaire quand il brille dans la nuit
ÉVIER METAL”
Démontrant ainsi que les deux nous font avancer dans la vie, nous permettant de surpasser nos tracas et d'allez de l’avant. Le Metal, comme ton évier, il te juge et sera toujours là pour toi ! Mais putain lui aussi, il dure une grosse plombe et donne bien envie de couper la lecture de l’album avant la fin, ce qui en soit est tout nul.
Alors qu’est-ce qu’il en ressort de ce bouzin ? Bah déjà : “9 ans pour ça ?” Parce que l’attente à été longue pour un résultat plutôt mitigé. Bon, ça ne vaut pas un Duke Nukem Forever, mais c’est bien dommage quand on prend en compte le fait que certains morceaux existent depuis belle lurette. Comme Calogira où ça fait genre 8 ans qu’ils l’ont dans les cartons (comme le prouve cette vidéo où c’est v’la dommage que y avait pas la monétisation à l’époque dis donc). Mais ils l’ont un peu modifiée et ont rajouté des trucs cools (cette mouette !), donc ça va. Par contre, Super Sexe, elle était déjà nulle à l’époque, là elle l’est toujours.
Et c’est peut-être aussi ça le souci, cette longue attente. Car oui, il n’y a plus l’effet de surprise comme à l’époque, mais aussi bah, l’humour change et peut-être que si c’était Objectif : Thunes qui sortait maintenant, bah mon avis serait tout autant bigarré. Pour preuve, si moi, je trouve ce Panzer Surprise ! bien tiède, alternant coups de génie, titres à jeter et morceaux en demi-teinte, il suffit de jeter un coup d’œil aux commentaires youtube pour voir qu’Ultra Vomit a toujours une grosse fan base chez les plus jeunes. Mais dans tous les cas, je pense tristement que cet album à une durée de vie très courte. Par exemple, à l’heure où je sors cette chronique, qui écoute encore l’album ?
En tout cas, ce n'est pas avec ça qu’ils arriveront à la cheville de Gronibard.