Punkach' renégat hellénophile.
Fermez les cahiers et écrivez, vous avez 43 minutes et 25 secondes : « Comment continuer sur sa lancée quand on a été catapulté par ce banger absolu d'album qu'était 666 Goats Carry My Chariot ? ». Les Anversois de Bütcher, qui avaient fait l'unanimité à Méan il y a quelques années, font partie de ces groupes qui, au confluent du speed metal et du black primitif infusé au punk, ont envoyé valser l'encens et les robes de bure pour revenir à quelque chose de plus primitif. Et, osons le dire, de moins chiant – on peut citer Hellripper, ou encore Gravekvlt, pour faire plaisir à nos voisins du sud. Sauf que redonner ses lettres de noblesse au culte de la vitesse, c'est une chose, mais faire preuve d'endurance en est une autre, et cela faisait quand même quatre ans que mes compatriotes se faisaient attendre pour nous démontrer qu'ils n'étaient pas du genre à tomber vite à sec.
Eh bien, me voici rassuré : avec On Fowl of Tyrant Wing, Bütcher nous revient remonté dans l'indice d'octane pour, à nouveau, enchaîner les titres dans les crissements de guitare et le bruit de la tôle qui souffre. Honnêtement, il m'a fallu une seconde écoute, l’œil rivé au chrono, pour tilter que « A Divine Wind », « Speed Metal Samurai » et « Blessed by the Blade » étaient bien trois pistes distinctes, et pas un morceau-fleuve dédié à la voie ancestrale de tout casser au katana.
Si cette entrée en matière tout en plis de kimonos et volées de shurikens installe de solides bases 80's, nos ninjas de l'Escaut partent ensuite pour de nouvelles aventures, avec une superbe doublette « Koraktor's Iron Rule » et « Keep the Steele (Flamin' Hot) » où Hellshrieker se révèle toujours aussi digne de son nom de scène, tandis que les guitares virevoltent dans tous les sens – Bütcher ne fait certes pas de la musique subtile, mais les compositions n'ont rien de simpliste et leur exécution est irréprochable. Notons au passage que KV Bonecrusher, bassiste passé à la gratte, officie aussi dans Cyclone, monument du thrash flamand sur lequel j'ai laissé des lunettes et des neurones à l'Alcatraz. Enfin, on évitera le terme de mid tempo, mais les Anversois lèvent un peu le pied par moment, pour des passages un tantinet plus mélodiques avec « A Sacrifice to Satan's Spawn », tandis que le chant se fait growl particulièrement grave, limite death oldschool, sur « A Gypsy's Tale (Of Sex and Seance) ». Ce qui démontre au passage que nos Anversois ne sont pas du genre à se reposer sur leurs lauriers et s'essaient à de nouvelles sonorités sans rechigner.
Il est temps de ramasser les copies et, vraiment, c'est un sans-faute. Personnellement, je garderai une préférence pour l'album précédent et ses passages qui lorgnaient vers Bathory, sur le morceau-titre ou sur « Viking Funeral » (évidemment...), mais ce troisième album de Bütcher reste une superbe tuerie, que je recommande à toute personne qui déteste la musique qui ne s'écoute qu'assis.
Tracklist :
1. A Divine Wind
2. Speed Metal Samurai
3. Blessed by the Blade
4. Koraktor's Iron Rule
5. Keep the Steele (Flamin' Hot)
6. A Sacrifice to Satan's Spawn
7. A Gypsy's Tale (Of Sex and Seance)
8. An Ending in Fyre
