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dimanche 6 octobre 2024

Symphony X + Edge of Paradise

La Machine du Moulin Rouge - Paris

Varulven

"The sound of falling, when the pictures are moving"

C’est un peu tardivement qu’arrive ce report du premier concert de la rentrée. Me concernant, elle fut synonyme de changements au niveau professionnel qui ont pas mal retardé la sortie de ce compte-rendu. Mais trêve d’excuses et de justifications, et place à la musique.

Une fois n’est pas coutume, c’est d’un concert de metal prog dont Horns Up va vous parler. Si le genre apparaît régulièrement dans notre rubrique chronique grâce à notre spécialiste Storyteller, il est plus rare que notre rédaction couvre des concerts de musique complexes avec signatures en 13/8 et autres soli de 3 minutes à la clé.

Mais le passage à Paris de Symphony X, l’un des fers de lance du genre dans sa version la plus power et mélodique, était l’occasion de disserter un peu sur ce groupe majeur du prog, qui n’était plus passé par chez nous depuis cinq ans. Personnellement, la dernière fois que j’ai vu les Américains remonte à 2016, avec la tournée du dernier album Underworld. Autant dire qu’il y aurait sans doute de quoi dire sur le rendu scénique obtenu huit ans plus tard.

 

Edge of Paradise

Mais avant cela, c’est sur la première partie Edge of Paradise qu’il va falloir débattre. Pour être honnête, je partais avec un énorme a priori, comme avec tous les nouveaux groupes de power mélo/metal symphonique. Car sur 10 « jeunes » groupes évoluant dans le style, les 10 sont au mieux génériques, au pire complètement à chier.

Les cinq musiciens de Los Angeles ne vont malheureusement pas déroger à la règle. Si la motivation et l’envie sont là, l’inspiration manque cruellement. Pendant 40 minutes, on a affaire à tous les mauvais clichés du power moderne à chanteuse. Et c’est d’autant plus triste qu’avec leurs presque 15 ans de carrière, on peut difficilement parler d’un « jeune » groupe quand on évoque Edge of Paradise. Pourtant, on a l’impression d’avoir affaire à un groupe qui débute. Alors certes, le son assez brouillon ne les sert pas vraiment.

Mais on ne peut que constater la pauvreté des riffs inscrit dans cette tendance moderniste du metal. Et surtout, le timbre irritable de la chanteuse, qui ne fait que chanter dans les aigus tout en forçant sur sa voix, ce qui rend ses lignes de chant totalement insupportables. Au départ, je pensais que cela venait du mix, où le chant restait très en retrait. Mais non, car une fois le problème (partiellement) réglé, elle continuait à forcer sa voix comme si de rien n’était. Et je ne parle même pas de l’aspect très tape à l’oeil des costumes, avec des tenues de scènes luminescentes avec des spirales mouvantes. En conclusion, je me suis ennuyé devant une prestation insipide, où l’image et la forme ont pris le pas sur le fond : la qualité de la musique.

 

Symphony X

Alors que les techniciens s’affairent sur la scène, la ferveur et l’impatience du public commence à monter progressivement. Ferveur qui explose lorsque Symphony X finit par faire son entrée. L’audience scande à répétition les noms de Michael Romeo et Russell Allen, qui a toujours ses allures de playboy californien des années 80. On sent que le groupe était attendu, après cinq ans sans jouer en France et une annulation au Hellfest 2022.

Malgré le cachet « 30th anniversary » apposé sur cette tournée, la setlist du soir s’articule majoritairement autour des trois derniers albums. Ceux qui ont vu un durcissement du son néoclassique des débuts vers des horizons quasi thrash progressif à la Nevermore.

La puissance et l’intensité sont donc les émotions qui dirigent le show. Les riffs sont véloces, techniques, le rythme est soutenu et Russell Allen sublime l’ensemble grâce à sa voix ample qui magnifie des refrains déjà très accrocheurs en studio. « Iconoclast », « Nevermore » et « Set The World on Fire » sont de véritables leçons en la matière. Tandis que des touches plus fragiles et émotionnelles trouvent leur place dans le set, grâce aux bijoux d’émotions que sont la très poignante « Without You », « Run With The Devil », « Paradise Lost » ou encore le fleuve « To Hell and Back ».

Seule ombre au tableau, les petit problèmes de son évoqués précédemment semblent persister. Mais cette fois, il ne s’agit pas d’un son trop brouillon, comme ce fut le cas pour Edge of Paradise. Au contraire, si l’ensemble sonore est bien massif, il y a un problème de mixage, avec une batterie qui prend un peu trop le pas sur les autres instruments. Et un chant toujours en retrait. Des petits détails frustrants, certes. Mais la qualité et la nature accrocheuse des compos de base permettent de passer outre et de ne pas voir le concert (trop) gâché par ce petit problème. On est trop occupé à suivre les soli de Michael Romeo et à chanter les refrains avec Russell Allen. On aura même droit à quelques morceaux de la période néoclassique. « Inferno (Unleash The Fire) » et ses envolées lyriques, et surtout les cultes « Of Sins and Shadows » et « Sea of Lies », aux accents Power Metal classieux plus prononcés, nous permettant de finir la soirée dans la joie et l’optimisme.

Malgré un problème de son persistant qui aurait pu être mieux géré, Symphony X nous a gratifié d’un concert plaisant pour son retour dans la capitale. On espère donc les revoir très bientôt, pour un futur concert qui laissera les couacs sonores loin derrière. Avec (enfin !) un nouvel album à la clé ? Nous ne pouvons que l’espérer.

 

 

Setlist :
Iconoclast
Nevermore
Inferno (Unleash The Fire)
Serpent's Kiss
Without You
To Hell and Back
Evolution (The Grand Design)
Run With The Devil
​Out of The Ashes
​Set The World on Fire (The Lie of Lies)
​Paradise Lost
​Of Sins and Shadows
​Sea of Lies

 

Un grand merci à Garmonbozia pour l'organisation de ce concert et pour l'accréditation. Sans oublier les groupes pour leurs prestations.