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mercredi 28 août 2024

Sigh @ Gand

Asgaard JH - Gand

Malice

L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.

Il n'y a pas si longtemps, en novembre dernier, S.A.D.E vous contait le passage de Sigh à Paris, au Backstage by the Mill, pour la toute première date des vétérans japonais dans la capitale française. Un live report qui aurait pu se suffire à lui-même, mais les conditions étaient bien différentes pour ce « UK&EU Summer Tour 2024 », de 6 dates à peine entre le 13 et le 18 août et dont l'ultime date se tenait à l'Asgaard de Gand.

Une petite salle que Horns Up commence à squatter régulièrement et qui vaut la peine qu'on la mette en valeur. J'ai donc décidé de vous narrer à mon tour ma première rencontre live avec Sigh, dans le cadre intimiste (250 places maximum, et je me demande comment ça y tiendrait) de la Maison des Jeunes (Jeugdhuis) Asgaard. Une salle à la programmation étonnamment pointue : il y a quelques mois de cela, j'y voyais Smoulder et Gatekeeper, et je compte bien y retourner fin septembre pour y voir Satan et Haunt. Ajoutez à ça une carte de bières meilleure que celle de pas mal de bars (et de toutes les salles bruxelloises), un son correct et une atmosphère souriante, et cela vaut clairement la peine de faire le trajet depuis le Nord (Lille n'est qu'à 1h de route) pour passer la journée dans la superbe ville de Gand et profiter d'un concert le soir.

La première partie du concert est, comme bien souvent, assurée par un régional de l'étape : Ihloosuhree, groupe de black metal expérimental d'Anvers dont on rate une moitié du set pour aller manger... japonais, ça ne s'invente pas. L'Asgaard a un défaut, c'est d'être très isolée, ce qui limite les options de repas consistant, et le seul resto ouvert un dimanche était un excellent japonais bon marché à 10 minutes de marche. Ihloosuhree, à notre retour, donne cependant un concert puissant, étouffant, avec un gros côté Deathspell Omega qui ne me parle pas forcément mais donnera clairement envie à ceux dont c'est le style d'aller jeter une oreille à Analysis Paralysis, l'unique album sorti en 2018.

 

Sigh

Comme je l'ai dit en préambule, il y a quelques grosses différences entre la date du Backstage et celles de cette mini-tournée estivale. La première, c'est le line-up : fini le trio avec Mirai Kawashima à la basse, place à un Sigh au complet. Une bassiste (dont le nom est impossible à trouver sur les internets, mea culpa...) accompagne donc Mirai, Nozomu Wakai (guitare) et Tomotaka Ishikawa (batterie), ce qui permet au chanteur de parfois s'emparer d'une flûte traversière ou de ce qui me paraît être un sakuhachi, une flûte japonaise en bambou. Il faut malheureusement tendre l'oreille pour vraiment l'entendre, mais c'est toujours plus sympa qu'un sample.

Ensuite, et ça, c'est une sacrée addition : Dr Mikannibal, de son vrai nom Mika Kawashima, la compagne de Mirai, est bel et bien là. Pour assurer le chant sur de nombreux morceaux aux côtés de son mari, amenant un growl plus guttural et surtout un contact bien plus exubérant avec le public que Mirai, qui reste assez souvent derrière son micro dans une attitude sobre, plus proche de la réserve à la japonaise qu'on lui connaît. Dès l'entame du concert sur « Corpsecry-Angelfall », Mika prend le public avec elle et ne le lâchera plus. Elle sort le saxophone sur l'épique et presque kitsch « The Transfiguration Fear » avec ses « oh-oh-oh-oh-oh-ooooh » repris en chœur.

Bien vite, ce petit monde est encore rejoint par un autre « membre » : la... fille de Mirai et Mika, 10 ans à vue de nez, casque antibruit sur les oreilles et qui vient faire (ou mimer) des vocalises dès le second morceau... pour la durée de tout le concert. Bon, c'est super mignon, et le public adore, mais la pauvre gamine a visiblement dépassé l'heure du coucher et passera le très Celtic Frostesque « Kuroi Kage » (déplacé du début au milieu du set par rapport à 2023), issu de l'excellent dernier album Shiki, à bâiller à s'en décrocher la mâchoire. Là encore, Dr Mikannibal s'occupe du saxophone, tandis que Sigh enchaîne trois titres de Shiki, dont un « Satsui » agressif et amputé de son outro planante.

Cette fois, un titre de Scorn Defeat seulement est au programme : l'inévitable « A Victory of Dakini », et ces envolées spectrales de Mirai. À mon grand plaisir, Imaginary Sonicscape est mis à l'honneur à la place, car en plus du classique « Corpsecry-Angelfall » qui a lancé le concert, Sigh exhume les vrais tubes « Bring Back the Dead » et « A Sunset Song ». Concernant la pyrotechnie, on en sera aussi privé que le public parisien 9 mois plus tôt, mais Sigh se rattrape avec des costumes (celui de Nozomu Wakai est digne du visual kei!) et surtout quelques gadgets, comme cette cartouche de faux sang que la cadette du groupe s'écrase sur le visage, visiblement ravie (faut bien qu'elle s'amuse un peu), ou ce katana avec lequel le guitariste fait mine de s'ouvrir les veines, là aussi à grands renforts de fausse hémoglobine.

Après que Mirai ait annoncé une fin de concert consacrée aux morceaux rapides, on a droit à un enchaînement « The Soul Grave / Introitus / Me-Devil », ce dernier étant très clairement l'une des grosses tueries du groupe (« Calling up the Devil in my heart !!! »). Bizarrement, aucun pit ne s'ouvre, jusqu'au final espéré sur la reprise de « Black Metal », que Mirai chante seul et qui déclenche enfin un peu les hostilités. Qu'à cela ne tienne : Sigh a séduit tout le monde, même si le public a parfois donné l'impression de rester un peu circonspect devant un tel spectacle « over the top » et assez éloigné des standards du metal occidental. Du fun, des tubes, de l'âme et de grands sourires : merci aux maîtres du metal extrême japonais !

 

Setlist :

Corpsecry-Angelfall

The Transfiguration Fear

A Victory of Dakini

Kuroi Kage

Mayonaka No Kaii

Satsui

Bring back the Dead

A Sunset Song

The Soul Grave

Introitus

Me-Devil

Black Metal