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mardi 20 août 2024

Left to Die + Mercyless @ Toulouse

145 Live Music - Toulouse

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : Sans trop m’avancer, je peux d’emblée affirmer que le concert de ce soir est un véritable flashback, et ce pour plusieurs raisons. La première est évidemment musicale : Left to Die est une (re)formation ayant pour unique but de rendre hommage à la première période de Death (1984-1989). Et on pourrait se dire qu’il s’agit là d’un énième tribute band si la moitié du line-up n’était pas composée d’ex-membres du groupe en question. En effet, la guitare lead est assurée par Rick Rozz (Massacre) et la basse par Terry Butler (Obituary), tous deux musiciens de Death durant les années 80. Et même si leurs deux comparses, le guitariste/vocaliste Matt Harvey (Exhumed) et le batteur Gus Riot (ex-Malevolent Creation) ne peuvent se targuer d’avoir joué aux cotés de Chuck Schuldiner, ils n’ont tout de même pas à rougir de leur parcours. Je dirais même qu’ils connaissent très bien leur sujet puisque leur projet commun Gruesome est justement un hommage assumé aux premiers albums de Death. Toutes les conditions idéales sont réunies pour un retour direct en 1988 ! Et histoire de fignoler le tableau, l’ouverture sera assurée par l’un des pionniers de la scène death metal française : Mercyless !


Ludovic Fabre © 2024

Comme je le disais en introduction, cette soirée est un flashback pour de multiples raisons. La deuxième est purement personnelle mais je ne peux m’empêcher de l’évoquer. La salle dans laquelle se déroule le show de ce soir est très excentrée. Il s’agit d’un petit club d’à peine 150 places situé dans une zone industrielle perdue au nord de Toulouse. Et lorsqu’on arrive en transports depuis Montpellier, c’est un petit parcours du combattant. Un train, deux métros, un bus puis une bonne vingtaine de minutes à pied sur le bord d’une nationale sans trottoir. Pourquoi serait-ce un flashback ? Eh bien parce que cela me rappelle ma période lycée lorsque je me rendais à la Secret Place dans les mêmes conditions. Une fameuse salle montpelliéraine à la situation géographique très similaire que j’ai souvent évoqué dans les colonnes de ce zine. Heureusement, ce genre de périple rend la récompense finale encore plus belle. Et comme on va le voir, c’est évidemment le cas ce soir !
 

Mercyless


Ludovic Fabre © 2024

Les conditions susmentionnées me font arriver légèrement en retard. Je pénètre donc dans ce club ultra-bondé alors que Mercyless vient de débuter son set. Le quatuor, à peine surélevé de quelques centimètres, joue presque collé aux premiers rangs. Au sein de ce public bien tassé dans ce tout petit endroit, je parviens, non sans difficultés, à me faufiler pour profiter au mieux du concert. La part belle est faite au magnum opus qu’est Abject Offerings, avec évidemment le titre éponyme mais aussi « Without Christ » ou « Burned at the Stake » en fin de set. Le guitariste/vocaliste Max, paré d’un formidable t-shirt Ripping Corpse, ne cesse de remercier les fans qui se déplacent pour certains d’assez loin. De Bordeaux à Marseille, beaucoup ont fait le déplacement pour cette date si particulière. Avec son micro positionné en hauteur, le frontman a presque une allure de Lemmy. Malgré un son beaucoup trop brouillon en ce début de soirée – notamment en ce qui concerne le mix des guitares –, le show fait tout de même un carton. Mention spéciale au final sur « Pathetic Divinity » durant lequel le batteur se met carrément debout lors des interludes aux toms pour faire participer le public le poing levé. Et sous les applaudissements, le gang alsacien se retire pour laisser place aux autres vétérans de la soirée. Je déplore seulement une chose : l’absence de la classique reprise d’« Evil Dead » en clôture de set. Étant donné que Left to Die ne la jouent pas eux-mêmes (malgré la setlist appropriée), cela aurait été la cerise sur le gâteau. Mais ce n’est que partie remise…
 

Left to Die

Enfin, la principale raison de ce flashback que j’évoquais plus haut, c'est une impression de déjà-vu. Car c’est la première fois depuis plus de dix ans (!!) que je revois Matt Harvey chanter du Death. En effet, avant que certains ex-membres de Death période Human (également musiciens de Cynic) ne viennent enchainer les tournées de reprises avec Death to All, souvenons-nous que la toute première date européenne avait eu lieu au Neurotic Deathfest 2013. Et c’est bien Matt Harvey qui avait eu la dure tache d’être le Chuck de service. C’est donc avec une certaine émotion que je revois le frontman d’Exhumed renfiler le costume onze ans plus tard. Accompagné d’un line up tout aussi prestigieux, cette sorte de nouvelle mouture de Death to All est résolument orientée old school. Comme le laisse présager le nom du groupe, Left to Die, la setlist va se concentrer sur ma période préférée : les deux premiers albums !


Ludovic Fabre © 2024

Dès les triples coups sentencieux qui ouvrent « Leprosy », c’est la liesse générale. Je me revois presque, les larmes aux yeux, lors du concert susmentionné qui avait débuté par le même morceau. Le son n’est pas cristallin mais tout de même meilleur que pour Mercyless précédemment. Mention spéciale à la basse de Terry Butler qui sonne, pour le coup, admirablement bien. Les classiques absolus s’enchainent les uns après les autres et le public reprend même en chœur les riffs de « Sacrificial » ou de « Choke on It ». Je déplore tout de même un léger manque d’effervescence dans la fosse, mais il faut dire que ce n’est pas évident avec un tel public massé dans cette toute petite salle. Heureusement, quelques irréductibles finissent par mosher un peu lors des passages skank beats effrénés de « Born Dead » ou « Zombie Ritual ». Petit moment émotion lorsqu’un Sud-Américain à mes côtés se met à pleurer de joie en entendant l’intro d’« Infernal Death ». À l’image des musiciens sur scène, relativement calmes et posés, une grande partie du public demeure assez silencieuse et attentive. L’attitude est quasi-religieuse, comme si certains étaient en train d’assister à un moment historique. Pour ma part, je suis tout simplement intenable dans les premiers rangs. Je n’aurais d’ailleurs pas rechigné à entendre un « Evil Dead » ou un « Beyond the Unholy Grave », mais ne boudons pas notre plaisir. Je remarque d’ailleurs avec amusement que Matt Harvey a "customisé" plusieurs passages à la sauce Exhumed, comme pour « Torn to Pieces » qui, sur certains refrains, devient « Torn to Feces ».


Ludovic Fabre © 2024

Mis à part le son assez discutable et le léger manque de violence dans le pit, cette soirée est une éclatante réussite. Ce tout petit club du 145 Live Music affiche évidemment sold out pour cette soirée 100% old school. Merci à Mind the Gap et Garmonbozia pour ce qui sera l’une des deux seules dates françaises de cette tournée si unique ! On se revoit dans une semaine, cette fois-ci dans ma ville de Montpellier, pour un autre semi-tribute band : le Sepultura de la grande époque !

Un grand merci à Ludovic Fabre pour les photos et les visuels ! Retrouvez ses liens ci-dessous :
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