Khemmis + Suffocation + The Black Dahlia Murder @Lille
The Black Lab - Wasquehal
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
En pleine période de festivals, il n’est pas rare de voir des groupes constituer des tournées – parfois faites de bric et de broc – pour combler leurs calendriers respectifs et combiner plaisir des fans et viabilité économique de leurs tournées. Et ce n'est pas pour nous déplaire, à dire vrai, car cela nous permet de voir nos groupes préférés en club et en festival, ce qui est souvent bien différent.
Cette tournée Khemmis, Suffocation et Black Dahlia Murder est certes un peu bizarre sur le papier - du heavy/doom, du brutal death et du death mélo -, mais le public de chacun de ces groupes n'est, au fond, pas si différent. Si Khemmis fait office d'OVNI, les influences death ne sont jamais très loin. Quoi qu'il en soit, c’était l’occasion rêvée de voir ces différents groupes dans une « petite » salle et, du reste, de découvrir le Black Lab dont on m’a souvent dit du bien pour sa convivialité.
Retour sur cette soirée de chauffe pré-Hellfest qui m’aura ravi.
Khemmis
Khemmis est un groupe assez rare dans nos contrées. J'avais fait pas mal de kilomètres pour les voir au Damnation l’an dernier et ça avait été un excellent moment. Alors, forcément, j’étais ravi de les voir dans une telle configuration pour prendre sur le râble leur « doomed heavy metal » si singulier.
Ce que j’aime avec ce groupe, au-delà de sa musique, c’est sa simplicité. Certains parleront de manque de charisme ou de personnalité, j’y vois plutôt un groupe honnête, simple, pur. N’espérez pas des discours de quinze siècles, n’espérez pas les voir haranguer la foule ou jouer avec elle ; juste du son, et du bon. Et cette date n’aura pas dérogé à la règle.
Aussi à l’aise dans les titres lents aux relents doom prononcés (« A conversation with Death » qui vient clore le set, notamment), que dans les titres plus heavy « à la Maiden » (« Sigil » ou bien encore « Isolation »), les natifs du Colorado (décidément…) ont offert au public lillois venu en nombre un show très réussi. Quelques connaisseurs, beaucoup de curieux ; malgré la différence avec les deux têtes d’affiche du jour, il est probable que Khemmis a marqué des points. En tous cas, de mon côté, j'avais déjà hâte de les revoir quelques jours plus tard au Hellfest…
Setlist :
Avernal Gate
Sigil
Above the Water
Isolation
Three Gates
A Conversation with Death
Suffocation
Ayant passé plus de la moitié du set de Suffocation à interviewer et échanger avec Ben, guitariste de Khemmis, j’ai naturellement raté l'essentiel de la prestation des Américains. Pas forcément frustrant tant j'ai pu voir le groupe en live ces dernières années, mais toujours un petit peu quand même quand on sait que le groupe prend tout sa dimension sur les planches.
Pour le dire synthétiquement, ce que j’ai pu voir a confirmé en tout point ce que je pense du groupe actuellement : « Liege of Inveracity » est une masterclass en live, les titres de Hymns from the Apocrypha sont des bangers et confirment que le groupe est de retour sur le devant de la scène, Eric Morotti est une machine et Rick Myers me fait assez aisément oublier Frank Mullen (hot take ?). En bref : nul doute que Suffocation a ravi tous ses fans ce soir et bien plus.
Setlist :
Seraphim Enslavement
Thrones of Blood
Jesus Wept
Dim Veil of Obscurity
Pierced From Within
Perpetual Deception
Funeral Inception
Hymns From the Apocrypha
Breeding the Spawn
Catatonia
Liege of Inveracity
Infecting the Crypts
The Black Dahlia Murder
Après la terrible nouvelle du décès de Trevor Strnad, charismatique leader de TBDM, je ne donnais pas cher de la peau des natifs du Michigan. Difficile en effet de se remettre d'un tel évènement tragique, a foritori lorsqu'il touche le membre le plus populaire du groupe. Seulement voilà, le principal compositeur de TBDM a toujours été Brian Eschbach ; il me semblait donc presqu'impensable que ce fantasque personnage passe à côté de l'occasion de continuer à vivre sa passion tout en honorant la mémoire de son pote.
Restait à savoir quel serait le line up de ce groupe recomposé. Quand le groupe a annoncé que Brian reprendrait le chant, je n'ai pas été surpris, à vrai dire. Il assurait déjà plutôt bien les back vocals par le passé. La surprise est davantage venue du retour de Ryan Knight, venant désormais composer le meilleur duo de guitaristes que le groupe ait connu (oui, je suis ultra client de la période Deflorate).
Les présentations étant faites, qu’est-ce que ça donne TBDM dans cette mouture 2024 ? Trève de suspense : la réussite est totale. Déjà, le duo Brandon / Ryan fonctionne très bien même si ce dernier est davantage en retrait. Ensuite, Alan Cassidy est toujours aussi monstrueux (on regrette forcément la bonhomie de Shannon Lucas, mais quand même) et, surtout, Brian fait très bien le boulot vocalement. Jamais il ne sera aussi charismatique et présent sur scène, c'est indéniable ; en revanche, il assure de très belle manière cette fameuse alternance de voix typique du groupe, reprenant pour partie le flambeau de Trevor.
Côté setlist, le groupe a régalé. J’ai pris un peu de distance avec la musique du groupe quand il a quitté le terrain du death mélodique pour aller dans des contrées plus extrêmes, post-Ritual. Mais là je dois avouer que TBDM a fait très mal avec la crème de Nocturnal (« What a Horrible Night to Have a Curse », « Everything Went Black », « Deathmask Divine » ) et de Miasma (la géniale « Statutory Ape », « Miasma »). Surtout, immense plaisir du jour, le groupe a rejoué « I Will Return » qui est dans mon top 3 all time du groupe. Ce solo, madre de dios.
« Aftermath », le nouveau titre, passe plutôt bien le test du live, sans toutefois atteindre la puissance d’un « Carbonized in Cruciform » ou d’un « On Stirring Seas of Salted Blood » qui ont remporté la palme du cassage en règle du public. Et si on peut toujours regretter l'absence de tel ou tel titre, la setlist était bien solide.
En bref, devant une audience déter’, TBDM a démontré par A + B que la décision de continuer était la bonne. Honorer Trevor, l'un des plus charismatiques leaders de la scène death américaine, n'impliquait pas de mettre fin à l'aventure. Faire perdurer ce super groupe est la meilleure réponse à apporter dans cette période difficile.
Setlist :
Verminous
What a Horrible Night to Have a Curse
Kings of the Nightworld
Aftermath
Sunless Empire
Carbonized in Cruciform
Statutory Ape
On Stirring Seas of Salted Blood
What a Horrible Night to Have a Curse
Nightbringers
Miasma
I Will Return
Deathmask Divine
Merci à Garmonbozia, à Nuclear Blast Records et au Black Lab pour l'accueil et l'accréditation.