VMO + Gabber Modus Operandi + Førtifem @Paris
Petit Bain - Paris
Les beaux jours arrivent enfin, marquant le retour des après-midi/soirées passées sur la belle terrasse du Petit Bain... Ou presque, car c'était sans compter sur le temps affreux qu'on se tape sur la capitale depuis plusieurs semaines, pas franchement réjouissant dans la perspectives des festivals à venir. Exit les rooftops, donc ; on débute la soirée au rez-de-chaussée de la salle aujourd'hui pour un DJ set exclusif des amis de Førtifem, mixant post-punk, eurodance, black metal et hyperpop pendant un peu plus de 2h ! Rien de surprenant à les voir ici, derrière les machines pour le warm up puis dans le public pour les groupes, quand on sait les liens que le duo entretient avec le collectif japonais Violent Magic Orchestra. Une rumeur court même quant à un autre concert exclusif et secret de VMO début juillet... déjà complet.
On vous avait déjà parlé de VMO dans ces pages à l'occasion de leur dernière tournée européenne, en revenant sur l'histoire du groupe et ses influences. Pas de photos pour cette fois, il fallait être là, mais on vous raconte quand même cette soirée haute en couleur ci-dessous !
Gabber Modus Operandi (GMO)
Hugo : Gabber Modus Operandi, aka GMO (en ouverture de VMO, ça ne s’invente pas), est un duo indonésien formé en 2017. Il est composé de Kasimyn aux machines, qui a notamment bossé sur le dernier album de Björk, et de Ican Harem au chant. Encore davantage que pour VMO, le groupe est clairement ancré dans la scène électronique, bien que sa musique soit à l’intersection de nombreuses autres influences. Il suffit d’écouter l’album HOXXXYA pour s’en persuader : la base est résolument techno hardcore, mais incorpore de nombreuses sonorités extrêmes, aux côtés d’éléments issus de musiques traditionnelles d'Asie du Sud-Est.
Tout cela est particulièrement bien retranscrit en live et les influences orientales se ressentent notamment dans le travail sur les percussions, me rappelant par instant des artistes comme Muslimgauze, ainsi que les différents samples toujours très bien amenés. Si le tout manque un peu de puissance au début, c’est pour mieux grimper en intensité au fur et à mesure que la salle se remplit, les morceaux aux bpm élevés s'enchaînant. La scénographie est relativement limitée, et tient principalement sur la tenue d’Ican Harem et son attitude scénique, le jeu avec les lasers qu’il porte au bout des doigts et qui viennent se refléter sur la boule à facettes au plafond. Pas besoin de plus, c’est déjà du plus bel effet.
Si le gros de l’audience était là pour VMO, je pense pouvoir affirmer que de nombreuses personnes ont pris une petite claque avec le show du duo indonésien, venu compléter ce plateau de la plus belle des façons. L’un des points communs entre les deux formations se trouve dans leur aspect protéiforme, leur capacité à jouer sur plusieurs tableaux, d’être programmés auprès de formations musicalement très différentes. Néanmoins, je reste persuadé que c’est dans un cadre et une ambiance rave que leurs performances ont le plus de sens, et pas forcément aux côtés de groupes de metal par exemple. Force est de constater que Petit Bain a été transformé en petite fête ce soir-là, qui, sans atteindre l’abondance d’un Berghain, a trouvé un écho plus populaire, sans snobisme, capable de réunir pas mal de gens.
Vivement que ces soirées se multiplient, que l'on puisse revoir GMO aussi souvent que VMO !
Violent Magic Orchestra (VMO)
Raton : Il y a de ces groupes dont la réputation scénique les précède. Dont les échos de grandeur dépassent même les performances studio. C'est absolument le cas de Violent Magic Orchestra, surtout connu sous le sigle de VMO, et pour lequel peu vantent les disques mais beaucoup en encensent l'expérience live. Le projet japonais est une curiosité comme seul l'archipel nippon a le secret. Musique téméraire, hybride et hallucinante, elle mélange electro agressive, fureur black metal et bidouillages de machines. Expérience totale qui se traduit aussi en concerts avec un dispositif complet et immersif.
On m'a beaucoup vendu leurs shows mais c'est la première fois que je parviens à les voir. Quatre musiciens-nes font leur entrée sur scène (une chanteuse, un guitariste et deux personnes sur les machines) devant un écran qui diffusent des projections tantôt cosmiques, horrifiques ou ésotériques avec cette délicieuse saveur de cinématique de PS2. La scénographie est sobre, surtout pour ce premier morceau, longue intro bruitiste avec spoken words qui gagne en intensité avant de muter en beat techno sur fond de hurlements noyés et d'évoluer en véritable déflagration black metal.
Avec cet unique rencontre de beats EDM (parfois techno, drum and bass ou claviers cheap happy hardcore), du guttural profond de la chanteuse et des hurlements d'un des machinistes, soulignés par des strobo épileptiques, on dirait la BO d'un bad trip ou d'un slasher du futur de série B. Le public sait accueillir cette expérience totale et transforme la fosse en pit suintant sur lequel vient surfer un des musiciens, habillé de son étrange cagoule à longues épines.
Après 45 minutes de fièvre, le dernier morceau se révèle plus planant, toujours efficace mais aussi réellement beau avec des incantations post-rock qui évoquent inévitablement les compatriotes d'Envy. Lorsque les Japonais se retirent, subsiste une impression tenace, celle d'avoir assisté à quelque chose de grand et de rare ; quelque chose à la hauteur de ce qui en est dit.
Je vous dirais bien de bloquer votre 9 juillet pour goûter à la ferveur de VMO mais leur passage quasi-secret dans la cave du café de Paris est déjà complet.
Merci à Vangelis et Sanit Mils Records ainsi qu'à Petit Bain pour la soirée, aux superbes Førtifem, ainsi qu'aux deux groupes pour les prestations de haut vol.