Di Sab

Paris. Ses jeux Olympiques à venir, ses heures de pointe, ses concerts qui commencent trop tôt. Arrivé en catastrophe pour la fin de Earth Tongue, que j’avais pris le temps de découvrir pendant la semaine, il ne m’est pas facile d’en dire grand-chose de positif. Duo guitare / batterie, le groupe fait partie de la cohorte qui alourdissent un peu leur rock psyché sans réelle aspérité distinctive pour un résultat qui se veut trippy, un peu à la Sleep. Références à des films 70’s, vocaux légèrement incantatoires avec une toute légère touche soul, le genre à beau être assez codifié, on est tout de même face à une accumulation de poncifs qui ne m’émeut pas plus qu’elle ne m’intéresse. Au vu du nombre de premières parties qu’ils font (Ty Segall l’été prochain), je dois être le seul à le penser, tant mieux pour eux. Si vous voulez me donnez tort, le titre titre « Pentagram Moon » est assez représentatif de ce qu’ils proposent, je vous le mets ci-dessous :

Acid King

Acid King n’est pas un groupe auquel il est aisé de proposer un report intéressant. Pour une raison qui m’échappe, décrire ce qu’est et ce que fait Acid King ne me semble pas captivant. Groupe ricain évoluant depuis 30 ans dans la scène « stoner / doom » (terme que rejette assez fréquemment Lori S, frontwoman et tête pensante du projet), sa discographie, pourtant peu fournie au vu de sa longévité, a façonné cette approche psychédélique du riff lourd et a inspiré nombre de formations dans le renouveau du genre qui a eu lieu entre 2010 et 2020. Après une tentative de passage en quatuor avec le guitariste de Black Cobra, le groupe vient défendre Beyond Vision (écrit à 4 mains) en trio. L’album, que je trouve à titre personnel extrêmement réussi, à pour particularité d’avoir des plages de synth que la retranscription live en configuration guitare/chant – basse – batterie ne permettra pas. Mais, dès le premier accord de « One Light Second Away », on sait immédiatement que ce qu’on perdra en profondeur et en subtilité sera compensé par la puissance du son. A cet égard, il convient de faire un léger aparté sur ce qu’est Acid King.

Acid King est peut-être le groupe le plus équilibré de toute cette scène. Ce que je veux dire par là c’est que la « patte » de la formation consiste en l’intégration subtile de pas mal d’éléments distinctifs du genre sans jamais pousser un potard trop loin. Le son est massif sans jamais aller vers le côté over the top d’un Monolord, les compos restent en tête mais le groupe ne cherche pas le banger stoner/doom comme l’a cherché Electric Wizard dans la période 2007-2010, c’est mélodique mais le truc n’est pas porté par les leads comme Pallbearer. Vous voyez l’idée. Il y a de tout en quantité raisonnable et cette façon d’être au centre de plusieurs dimensions explorées par d’autres formations donne à Lori une saveur particulière : il serait peut-être exagéré de qualifier la musique proposée de subtile mais en tout cas il y a un travail sur le dialogue entre les éléments qui a, je pense, participé à la renommée du groupe. En revanche, ce qui est extrêmement particulier, c’est que cet équilibre fait qu’il y a une réelle ressemblance entre les titres et que quelqu’un d’un peu hermétique au genre peut facilement se moquer en remarquant que tout ressemble. Et il est impossible de nier, c’est factuel, rien ne ressemble plus à un titre d’Acid King qu’un autre.

Mais alors, le concert était éclaté non ? Absolument pas. Et c’est pour cela que décrire un live d’Acid King c’est super compliqué. Car sur le papier, rien ne fait envie et pourtant, c’est tellement bien exécuté, tout est tellement bien pensé que le résultat est sensationnel. Et ok, tu as l’impression d’écouter le même titre depuis 1h30 si tu n’es pas familier mais il n’empêche que ta nuque ne pourra que ployer lors du break qui précède la reprise de CE riff hyper bien trouvé et juste assez groovy pour te faire perdre toute objectivité. Et surtout, il y a désormais, derrière Lori, une section rythmique de tout premier ordre. Un bassiste (Bryce Shelton) qui a joué pour Hawkwind associé à un batteur (Jason Willer) issu de la scène punk qui abat un taff absolument monumental. Sa frappe sèche contraste parfaitement avec le groove épais des riffs et donne une vraie profondeur à l’ensemble.

Une heure quarante de générosité, de voix pleine de reverb devant un public ni compact ni clairsemé mais qui sait avoir pris la bonne décision. Carton plein pour une valeur sûre de la scène qu’on espère recroiser le plus rapidement possible. Cheers.