Death metal et science-fiction : une oreille dans les étoiles, une autre dans les enfers.
Avec son troisième album Lifeless Birth, sorti en avril dernier, Necrot s'est retrouvé classé dans plusieurs charts Billboard (le magazine US dont les classements hebdomadaires font référence outre-Atlantique). Je vous passe les détails parce que c'est des trucs d'américains, mais il n'empêche : peu de groupes relevant de l'underground du metal extrême se retrouvent de nos jours dans un classement Billboard. Encore plus rares sont ceux à avoir fait le coup deux fois d'affilée... et Necrot fait partie de ceux-là : à l'été 2020, Mortal avait déjà reçu un succès commercial inattendu pour un album de death metal, sorti qui plus est dans le giron de Tankcrimes, un label underground et à l'éthique punk bien établie.
Bref, quatre ans après l'exceptionnel Mortal, Lifeless Birth marque une nouvelle étape dans la carrière de Necrot : le groupe solidifie sa place dans la scène, sans faire de compromis sur la recette qui a fait sa réputation.
Le power trio d'Oakland base toujours ses compositions sur un death metal hyper-efficace. Comme ses références des années 90, Necrot tient à jouer des riffs dépouillés, mais pas pauvres, simples mais pas simplistes. La montée en puissance mid-tempo tout au long de « Drill the Skull » nous prouve une fois de plus la maîtrise dont fait preuve le groupe. De la même manière que « Sinister Will » et « Asleep Forever » vous sont restées en tête de longs mois après la sortie de Mortal, « Cut the Chord » et le titre éponyme risquent bien de tourner en boucle un moment chez vous.
Les sept chansons qui composent l'album sont (presque) toutes accrocheuses et efficaces : « Winds of Hell » fait un peu figure de filler, mais c'est peut-être à cause de son placement dans la tracklist : tout pile entre « Drill the Skull » et l'incroyable « Dead Memories », où Sonny Reinhardt nous livre un des meilleurs soli de la discographie du groupe. Ca n'est d'ailleurs pas le seul solo mémorable de l'album, puisqu'on a aussi droit à une petite incursion mélodeath entre deux refrains de « Superior ». Pas de quoi altérer le death metal brut de décoffrage de Necrot, et c'est tant mieux. Comme il y a quatre ans, l'album se termine sur un final de huit minutes, « The Curse », moment épique qui élève un peu la musique terre-à-terre des californiens.
Lifeless Birth ne contient pas (ou peu) de prise de risque, mais ça n'est pas ce qu'on attend du quatuor d'Oakland : qu'importe le succès commercial, ce qui compte c'est que le groupe maintienne son cap artistique. Necrot continue de faire plaisir aux fans de Benediction, Cancer et Obituary (les débuts), tout en restant l'un des groupes death metal actuels les plus créatifs et efficaces.
Tracklist :
1. Cut the Chord
2. Lifeless Birth
3. Superior
4. Drill the Skull
5. Winds of Hell
6. Dead Memories
7. The Curse