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Album

27 janvier 2024 - Matthias

Panopticon

The Rime of Memory

LabelBindrune Recordings
styleAtmospheric Black/Folk Metal
formatAlbum
paysUSA
sortienovembre 2023
La note de
Matthias
7.5/10


Matthias

Punkach' renégat hellénophile.

« Le Cascadian black metal est devenu l'USBM » m'avançait l'été dernier un habitant du Nouveau-Monde que j'avais eu l'opportunité d'interviewer. Et on ne peut pas lui donner tort : cette scène, portée d'abord par des formations comme Wolves in the Throne Room, a largement dépassé son ancrage géographique originel des montagnes du nord-ouest des USA. En témoigne l'omniprésence outre-Atlantique d'un black atmo' porté sur la communion avec la nature, mais aussi, de plus en plus, sur les thématiques indigènes. Mais une autre école subsiste à l'est : celle de M. Austin Lunn qui, s'il professe une philosophie assez proche, a délibérément ancré son projet Panopticon sous les cieux du Kentucky et du Tennessee.

Or voilà qu'après une de ses rares tournées en Europe – à laquelle on a pu assister – Lunn nous a offert à la fin de l'année dernière un nouvel album, The Rime of Memory, comme ça, sans se soucier plus que ça de faire monter la hype. De mémoire, tout au plus, avions-nous eu un single en avant-première, qui aurait toutefois bien fait la longueur d'un EP pour un autre groupe. Un nouvel album pour lequel je n'ai pas vu passer beaucoup de retours, et c'est dommage. Il est vrai que chroniquer du Panopticon n'est guère un exercice facile ; Lunn nous embarque à chaque fois dans des albums fleuves, quand ce ne sont pas des doubles, et qui dépassent allègrement du cadre black metal pour se mêler aux sonorités de la folk américaine de sa région d'origine. Un apport qui définit en fait le style Panopticon, mais qui s'avère parfois fort mis en avant, et (trop) souvent absent. Comme si le groupe avait deux faces, sur une même pièce au vol parfois inégal.

Mais je m'égare dans ma métaphore. Car justement, The Rime of Memory représente un excellent compromis entre le black atmosphérique et les tendances plus folks de Panopticon. Le violon et le bottleneck donnent tout de suite le ton, forcément mélancolique, sur un « Winter's Ghost » des plus apaisants, avant une virée dans le growl-blizzard le plus caverneux. La touche d'Americana est présente ; sans doute pas assez, certes, pour celles et ceux qui, comme moi, ont accroché à cet aspect des compositions de Panopticon. Mais l'album a d'autres surprises, comme les guitares déchaînées, qui se permettent même quelques soli, sur un surpuissant « Cedar Skeletons » qui m'a pétrifié sur place. La preuve est faite qu'on peut encore jouer un black atmosphérique et épique à la fois. Bien sûr, toutes ces pistes font entre neuf et près de vingt minutes, pour un album d'une heure et quart, mais les transitions sont fluides, et je n'ai pas l'impression que l'une se révèle plus faible que les autres – allez, « An Autumn Storm » et son accordéon, peut-être.

Alors certes, on est loin d'un nouveau Kentucky, et je ne pense pas que cet album mette tout le monde d'accord. Mais quand même : si Panopticon n'évite pas ses tics habituels, comme sa tendance aux longueurs, on a là une sortie très solide, qui devrait raviver la flamme de celles et ceux qui aiment se perdre dans les forêts, dans leur esprit ou avec leurs jambes.

Tracklist :

I erindringens høstlige dysterhet
Winter's Ghost
Cedar Skeletons
An Autumn Storm
Enduring the Snow Drought
The Blue Against the White

 

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