Non.
Si l’on me demandait maintenant quel album j’aimerais écouter lors d’une balade en montagne, le choix serait vite fait. D’abord parce qu’un double album permet quand même une promenade plus longue, avec les presque deux heures de The Scars of Man on the Once Nameless Wilderness. Ensuite car dans mes écoutes récentes, peu d’albums se sont aussi bien prêtés à la création d’une atmosphère aussi propice.
Pour revenir un peu en arrière et pour ceux qui n’auraient jamais écouté le groupe, Panopticon est le projet d’Austin Lunn, originaire du Kentucky aux Etats-Unis. Il n’est pas anodin de le préciser puisque l’un des albums du groupe a pris le nom de cet Etat, et que la discographie du groupe est largement axée sur les thématiques de la nature et de sa protection, et d’approches plus spirituelles et philosophiques. Ce nouvel album ne déroge pas à la règle et après avoir évoqué divers paysages, saisons et approches de sa musique, Austin Lunn propose un nouvel opus largement distinct du reste de sa discographie.
L’un des atouts de Panopticon est de proposer des sonorités différentes des groupes habituels de Black atmosphérique. Pour le coup, le terme de « Folk » convient tout à fait, puisque le projet n’hésite pas à inclure des instruments typiques de ces formations : guitare folk, violon, banjo, etc. Ainsi, plutôt que de les implanter dans des introductions ou des interludes, The Scars of Man on the Once Nameless Wilderness se divise tout simplement en deux albums (I et II), le premier dans un style Black atmosphérique, le second dans un style Americana (d’influences folk ou country par exemple). Bien sûr, cela n’empêche pas Austin Lunn de jouer à inclure des bouts de l’un dans l’autre, et inversement. Mais cela veut surtout dire qu’on a enfin un album entièrement dédié à la musique folk dans la discographie de Panopticon, et ça, nous étions nombreux à l’espérer.
Déjà dans sa structure, l’album est bien à part. Mais le fond et la forme se rejoignent dans leur singularité, puisque The Scars of Man on the Once Nameless Wilderness est également un album beaucoup plus intimiste et sombre, en un sens. Le titre le laissait deviner, mais c’est également lié à une impression de catharsis totale et de conviction personnelle qui ressort de ces presque deux heures d’écoute. En témoigne aussi le message en majuscules inscrit sur la page bandcamp de Panopticon, indiquant qu’aucune chronique n’a été sollicitée pour cet album. Bien évidemment, cela n’a pas empêché les articles de fleurir sur la toile, mais le ton est donné : Austin Lunn ne semble pas souhaiter qu’on évalue cet album. Faute d’une relation trop délicate avec un album plus que personnel ?
S’attendait-il à ce que le double album soit finalement si bien reçu ? Message informatif ou non, nombreux sont les amateurs du projet à avoir été entièrement conquis par l’ensemble. Le souci du Black atmosphérique, c’est bien que les groupes misent sur l’atmosphère. Tout est entièrement question de feeling très personnel, mais celui-ci peut également évoluer très nettement en fonction de l’instant et de l’humeur. Combien de fois ai-je découvert un album de Black atmosphérique qui m’a retournée, pour ne plus retrouver un dixième de cette satisfaction le lendemain, ou le cas inverse. Toutefois, pour avoir sondé les avis autour de moi : ce nouvel album de Panopticon semble être un véritable chef-d’œuvre.
Si la première partie, plutôt habituelle, est déjà un excellent album de Black atmosphérique, c’est surtout la seconde partie folk qui surprend. Les morceaux se suivent, en s’imprégnant de différents styles ou en variant le tempo et l’ambiance pour créer des pièces uniques, sincères et qui complètent à merveille la première partie de l’album. Il y a finalement bien assez de titres à retenir pour ne pas s’ennuyer pendant les presque deux heures d’écoute. La guitare lead de « Blåtimen » est aussi fascinante qu’énervante mais on en redemande vite en relançant l’album au début, les riffs violents de « Sheep in Wolves Clothing » contrastent avec des titres plus contemplatifs comme la perle qu’est « Snow Burdened Branches » et son speech introductif poignant. De la seconde partie, on retient l’ouverture « The Moss Beneath The Snow », comme un instant de sérénité qui ouvre une nouvelle porte. La sincérité du chant sur « The Itch » en fait également l’un de mes titres favoris, bien qu’aucun ne puisse égaler « (Cowering) At The Foot Of The Mountain » et son crescendo qui transcende les limites des styles musicaux abordés par Panopticon et crée neuf minutes de pure beauté.
Vous l’aurez compris, il est difficile de décrire et de critiquer ce nouvel album tant il touche aux sentiments personnels et au ressenti à l’instant de l’écoute. A noter que la première partie n’est pas à négliger, mais elle a tout de même tendance à laisser la vedette lorsque débute la seconde partie. L’opus plaira aux fans qui ont toujours trouvé que les parties folk étaient trop peu exploitées sur les autres albums, mais surtout à tout amateur de musique qui saura se fondre dans ces mélodies et ces lignes vocales pleines de sincérité et d’émotion.
1. Watch The Lights Fade
2. En Hvit Ravns Død
3. Blåtimen
4. Sheep In Wolves Clothing
5. A Ridge Where The Tall Pines Once Stood
6. En Generell Avsky
7. The Singing Wilderness
8. Snow Burdened Branches
1. The Moss Beneath The Snow
2. The Wandering Ghost
3. Four Walls Of Bone
4. A Cross Abandoned
5. Beast Rider
6. Not Much Will Change When I'm Gone
7. Echoes In The Snow
8. The Itch
9. (Cowering) At The Foot Of The Mountain
10. The Devil Walked The Woods