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Comme quoi, à écouter encore et toujours les mêmes groupes, sans explorer les styles qui ne nous sont pas familiers, on passe à côté de pas mal de choses… The Oath, vous connaissez, vous ? Ce nom m’était encore totalement étranger il y a de cela un mois, jusqu ‘à ce qu’on me donne ce « Self-Destructed » à chroniquer. Et pourtant, on a pas vraiment affaire à une bande de débutants ! Le groupe Lyonnais est actif depuis maintenant près de douze années, et nous sort ici son troisième opus, deux ans après « 4 » (on pourrait presque faire un loto sur cette phrase), leur précédent méfait. Et comme on ne change pas une équipe qui gagne, c’est au même endroit (le Kohlekeller Studio, connu notamment pour son travail avec Benighted, des voisins du Rhône-Alpes) que ce nouveau cru a été enregistré, et le bail avec le label Italien Code666 a été reconduit...
Honnêtement, les groupes qui nous servent comme recette musicale un véritable fourre-tout, en général, ça me gonfle. Alors quand The Oath annonçait sur son myspace être « à la croisée du death, du black, du thrash et du heavy » (rien que ça !), ça m’a laissé franchement perplexe. Quelques écoutes à peine de cet album auront eu raison de mon scepticisme. Non, pas que le résultat soit extraordinaire, ni surprenant, mais « Self-Destructed » fait preuve de qualités évidentes !
C’est sur un riff très mélodique et un growl bien death que s’ouvre l’album, et le moins qu’on puisse dire, c’est que nos Lyonnais ont mis tous leurs atouts de leur côté : on sent directement le gros travail de recherche effectué sur les compositions, l’effort pour digérer les différentes influences des membres du groupe en un tout cohérent. L’instrumental « Only » est à lui seul un condensé de tout ce qu’est The Oath : passages qui tabassent, alternance entre voix death et black, riffs plus mélodiques, plus froids, rythmiques thrash, solos qu’on croirait sortis d’un album de Maiden, arrangements symphoniques, ambiance plus calme, voire poétique… On dirait, décrit comme ça, que le morceau part n’importe comment, mais ce « Only » est captivant et s’impose comme un des moments les plus agréables de l’album. Ce qui malheureusement n’est pas une constante tout au long de « Self-Destructed ».
Car parfois, on aimerait que le groupe simplifie quelque peu sa tambouille et nous ponde un truc plus efficace. Par exemple, les claviers : si sur certains morceaux, ils contribuent à renforcer l’ambiance (l’orgue sur « Embraced », « White Fields »), sur d’autres ils ne font que saper le travail d’ambiance des autres musiciens (« Alone I Roam »), en tirant dans le sens contraire ! Il arrive donc qu’une ambiance qui se veut sombre soit gâchée par l’apport symphonique. Heureusement, ces derniers sont souvent bien utilisés, et surtout avec parcimonie (on est loin du pompeux d’un Dimmu Borgir !). Mention spéciale aux passages calmes qui parsème le disque, bien foutus, parfois émouvants… mais tout de même prévisibles.
Et on en arrive au second point qui fait que cet album, magré toutes ses qualités, ne m’aura pas fait vibrer plus que ça : sa redondance. C’est plus ou moins les mêmes schémas qui sont utilisés dans la plupart des morceaux, et la surprise ne nous parvient aux oreilles que trop rarement. On a souvent une impression de déjà-entendu lorsqu’on écoute « Self-Destructed », et ce malgré les soli de Manu Da Silva, toujours bien placés et ajoutant une touche épique aux compositions. Le tout est servi par des vocaux du même niveau que tout le reste : c’est très convaincant, mais déjà entendu maintes fois. Quant à la production, je ne sais pas trop quoi en penser : elle est très bonne, on distingue chaque note parfaitement… mais ça sonne un peu trop « propret ». Il faut dire aussi qu’avec ce visuel signé Fursy Teyssier (qui a notamment travaillé pour Alcest), on pouvait s’attendre à quelque chose de beaucoup plus sombre !
C’est le sentiment d’avoir passé un moment agréable qui reste après l’écoute… un moment agréable certes, mais sur lequel on ne se retournera sûrement plus jamais. Il ne manque pourtant pas grand-chose pour faire de ce disque tout juste bien, un très bon album, car le talent est bien là ! Alors, manque d’expérience, erreurs de jeunesse ? Certainement pas, car le combo Lyonnais est composé de zicos expérimentés. Peut-être plus une question de sensibilité artistique… d’autres seront sûrement plus touchés que moi par les compositions de « Self-Destructed » ! Dans tous les cas, je ne peux que conseiller cet essai aux aficionados de metal mélodique qui se délecteront des mélodies de The Oath.
1. End Of The Lines
2. Embraced
3. Alone I Roam
4. Way To Nowhere
5. Only
6. Watch Me Bleed
7. Impossible Cure
8. White Fields
9. I Am Nothing