Non.
En terres nantaises, il y a forcément des projets dont on entend parler si on s'intéresse aux musiques sombres et alternatives, de manière générale : d'Eddy Kaiser à Stinky en passant par Les Hommes Crabes. J'étais déjà très fan du travail d'Eddy Kaiser, d'autant plus touchée lorsque la violoniste et chanteuse Jessica Delot rejoignait parfois la scène ces derniers temps. Il n'y avait alors rien d'étonnant à voir ces différents visages, pourtant issus de scènes variées allant de la musique folk au post-metal sans oublier le hardcore, collaborer pour créer l'entité The Ascending.
Avec ce premier album, le projet nantais porte ici un fruit étonnamment mûr. L'impression qui en ressort est celle d'un groupe qui a porté son idée jusqu'à une forme très aboutie, qui a bossé à fond pour créer un tableau inédit, protéiforme et émouvant. Magnifié par le travail du photographe Corentin Schieb ou encore par le vinyle collector (Frozen Records & Emgalaï aux commandes), l'objet en lui-même est un bijou. On comprend la dimension poétique et raffinée qui se dégage de The Ascending, tout en étant le vaisseau d'une force entre colère spontanée, engagement public et puissance qui permet d'aller de l'avant.
C'est le cumul des facettes qui rend le projet particulièrement mémorable. Mais aussi, bien sûr, la nature même des compositions. Prennent ainsi place tour à tour, parfois ensemble, les différents chants. Les voix d'Eddy, de Clair et de Jessica sont toutes les trois des fréquences qui me sont devenues familières et réconfortantes. Elles font de l'album un véritable cocon, la bulle parfaite pour enrober les mélodies de violon qui ne cessent de me hanter ou encore les notes de basse qui ouvrent la voie aux autres instruments. Le seul bémol reste pour moi le titre « Overture » qui me parle moins dans l'énergie qu'il dégage, mais il y a forcément des sensibilités qui nous touchent plus que d'autres. Je reste persuadée que la prise de risques et l'envie de chercher des sonorités combinées nouvelles est un atout majeur de The Ascending, je leur fais ainsi confiance pour continuer d'expérimenter ces contrastes. J'adore le sentiment d'avoir été bousculée par « Herons » qui ose emprunter d'autres chemins, mais aussi rassurée par d'autres titres qui ont choisi des formules plus simples sans jamais perdre en efficacité. C'est par ailleurs le sentiment général de groupe aux différentes branches, qui cherchent à créer ensemble en transpirant la sincérité, qui accroche l'oreille et l’œil. Après un excellent premier concert, très attendu, au Frozen Fest cette année, je peux confirmer que ce sentiment d'unité est visible et je leur souhaite de le porter loin.
Il me faut bien sûr être transparente et honnête : je connais les protagonistes du groupe, ce qui me donne sans doute encore moins d'objectivité que je n'en ai d'habitude dans mes chroniques. Cependant, il ne faut aucune once d'objectivité pour parler de The Ascending. Il faut de l'empathie, de la mélancolie et un peu de rage.
Tracklist :
1. The Ascending
2. Waiting a Storm
3. Circles in the Same Sky
4. Oblivion
5. Overture
6. Herons