Hugo

Quelques semaines après m’être installé à Bruxelles, quittant ma belle ville de Strasbourg, me voici de retour sur Horns Up pour vous parler de musique live. L’occasion pour moi de découvrir plusieurs lieux culturels importants de la Belgique, avec le Botanique pour le concert de La Dispute au début du mois (mon collègue Raton vous parlait de la date parisienne dernièrement), et désormais l’Ancienne Belgique pour un plateau orienté Hardcore. La date du jour est organisée par l’association Flood Floor Shows, et les concerts se tiennent dans le club, la petite salle de l’AB.

Je n'ai pas réussi à obtenir de photos des différents concerts cette fois. Je vous propose différents extraits musicaux à la place, pour vous faire une idée des groupes !

Feverchild

Raton (toujours lui) en parlait très bien dans un numéro de la bien connue Bagarre, Feverchild est une formation Emo/post-Hardcore en provenance de Gand, très inspirée par des formations du genre Sunny Day Real Estate. Pour la faire simple, on est clairement du côté des musiques émotives, mais moins de celles qui frôlent le math rock (comme c’est souvent le cas avec la scène du Midwest) que celles qui sont plus résolument ancrées dans le hardcore et les scènes alternatives.

J’étais déjà assez impressionné par les différentes sorties studio du groupe, tant les influences américaines sont parfaitement retranscrites grâce à une production au poil. Le live a confirmé ces impressions. Au-delà des différents aspects que j’ai pu évoquer, je trouve que Feverchild produit une musique pas très éloignée de ce qui marche vraiment en ce moment avec le revival alt rock/grunge qui traverse également les musiques extrêmes. Le show est vraiment efficace pour une formation si récente (on voit qu’il ne s’agit pas de la première expérience des musiciens), bien que le tout reste encore assez statique sur scène. Le très bon « Stargazing » est l’un des derniers titres interprétés ce soir, démarrant presque comme un In Bloom de Nirvana, et me laisse croire que ces musiciens belges ont de beaux jours devant eux.

Wrong Man

Je ne connaissais pas Wrong Man, en revanche, également en provenance de Gand. Les Belges ont sorti leur premier EP en janvier dernier, et traversent déjà l’Europe pour quelques dates en compagnie de Militarie Gun. Là-aussi, les différents musiciens ont apparemment un background solide dans la scène HxC belge (de Oathbreaker à Rise & Fall il semblerait), et proposent ici un genre de post-hardcore aux sonorités noise rock, voire carrément garage.

Je n’ai pas grand-chose à redire sur le live, c’est vraiment en place, et le groupe semble avoir déjà une petite fanbase qui connaît les morceaux. En fait, le côté très groovy des compos ne me parle pas forcément, mais y'a plusieurs passages et mélodies assez subtiles qui donnent vraiment de la consistance au tout. Curieux de voir à quoi ressembleront les prochaines sorties du groupe, qui sera prochainement en tournée sur quelques dates avec les excellents Touché Amoré.

Militarie Gun

Militarie Gun est la « tête d’affiche » de cette soirée, et apparaît comme la transition logique après les concerts de deux groupes qui ont un socle hardcore commun, mais qui viennent épouser d’autres influences voisines. En effet, le (post-)hardcore des Américains sait également se faire très rock, en témoigne le superbe morceau d’ouverture « Pressure Cooker » (qui aurait sûrement eu davantage d’impact si joué plus tard dans le set). Si ce titre est initialement une collaboration avec le groupe de power pop Dazy, il est pour moi assez révélateur de la direction vers laquelle se dirige Militarie Gun, soit une musique éminemment tubesque qui ne fait pas tâche aux côtés de formations comme High Vis (les t-shirts sont nombreux dans la salle), Drug Church, voire Turnstile. Trois groupes très différents, mais qui ont tout pour fédérer les foules.

J’avais déjà eu l’occasion de voir la formation californienne lors de l’édition 2022 de l’Outbreak Festival, avec une prestation en demi-teinte la faute à un son brouillon sur la petite scène qui ne rendait pas hommage aux morceaux. Ce soir est l’occasion de profiter de ces différents titres dans de meilleures conditions, quelques semaines avant la sortie du premier album du groupe « Life Under the Gun », dont la sortie est prévue le 23 juin… pendant l’Outbreak Fest ! En effet, le groupe n’a aujourd’hui à son actif que quelques EPs et singles, mais suffisamment de morceaux tout de même pour sillonner déjà les salles européennes.

Globalement, le concert n’a fait pour moi que confirmer tout le potentiel du groupe, des premiers titres où le chanteur nous montre sa plus belle doudoune Northface, à l’enchaînement final de tubes (« Aint No Flowers » et « Big Disappointment » notamment). La plupart des morceaux fonctionnent merveilleusement, et si on n’est pas sur un niveau de sing along très impressionnant ce soir, force est de reconnaître que de nombreux refrains sont repris en chœur par le public. Il y a néanmoins un point noir à mentionner : la durée du set. En effet, le concert n’a pas duré plus de 35 minutes, ce qui est assez classique dans le hardcore, mais relativement frustrant quand les places de concert coûtent 17 euros. On se dit que le groupe aurait pu jouer davantage de nouveaux morceaux pour atteindre les ¾ d’heure de set, ou peut-être est-ce le prix à payer pour un plateau du genre programmé dans une si grande salle.

À dans quelques semaines à Manchester !

Merci à Kristof de Flood Floor Shows pour la soirée, ainsi qu'à l’Ancienne Belgique !