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Série Noire #8 - Høstsol, Kringa, Ritual Death, Carathis, Häxanu...

vendredi 10 février 2023
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Nouvelle année, mêmes rubriques : après la Rubrique Nécro, la sélection death metal de la rédac, on continue ce mois-ci avec son alter ego black metal. Et on entame fort cette deuxième année d'existence pour la Série Noire, avec un bon nombre de sorties dignes d'intérêt ces derniers mois. Voici donc un petit panel de ces albums de fin décembre qui ont parfois le malheur de passer inaperçus au milieu des fêtes de fin d'année, comme des nouveautés les plus récentes en janvier. Une fois n'est pas coutume, cette série s'avère d'autre part très trve - il semblerait que le froid ait donné envie à notre équipe d'écouter beaucoup de raw black lofi et autres sonorités ésotériques. On vous offre tout de même une excursion dans le cosmos avec le black indus de Morbonoct, dans des contrées plus mélodiques avec notemment Carathis et Inherits The Void, et bien plus à découvrir ci-dessous !

Carathis | Häxanu | Leiþa | Ritual Death | Kringa | Рожь| Høstsol | Arnaut Pavle | Morbonoct | Ciemra | Inherits The Void


 

Carathis – Amethyst & Moonstone
Black sympho fantasy – Autriche (Personal Records)

Dolorès : Si vous n'êtes pas encore familier(e) du musicien autrichien Erech Leleth, il est grand temps de jeter une oreille à Ancient Mastery (black mélodique et épique) et Bergfried (heavy pop). Ses projets foisonnent depuis 2021, pour notre plus grand plaisir et bien que je n'en cite qu'une partie. Comme ceux-ci, Carathis est implanté dans un univers narratif très prononcé, où la fantasy a pris toute la place, ne laissant pas d'autre choix que de se laisser guider dans les péripéties des protagonistes.

Avec Carathis, il pousse le curseur du black sympho surchargé, mais un poil raw, au maximum. Dans un équilibre fragile entre sérieux solennel et kitsch assumé, il est difficile de comparer la compilation aux parents du genre musical... En réalité, Amethyst & Moonstone est une compilation qui vient réunir les titres de deux EPs : The Amethyst Fortress (2021) et The Moonstone Temple (2023). Si la première moitié est ultra « va-t-en-guerre », droit au but et épique, les claviers prennent clairement leur ampleur sur la seconde moitié en apportant une dimension beaucoup plus galvanisante qui oscille entre cavalcade et mélodies pop (« The Procession » ne plaira pas à tout le monde et c'est pourtant pour moi le meilleur titre de l'opus !). Deux facettes du même univers ensorcelant, sublimées par la dualité de la pochette créée par Dinno Anugrah (dinnowehad) dans une veine Art Nouveau. Carathis, tout comme les autres projets d'Erech Leleth, laisse surtout entrevoir une grande sensibilité dans ses choix artistiques, qu'ils soient musicaux, thématiques ou esthétiques. A suivre de près !

 

Häxanu – Totenpass
Raw black metal – États-Unis (Amor Fati Productions)

Pingouin : Totenpass est le deuxième album en trois ans du duo américain Häxanu, composé notamment d’Alex Poole, vétéran au CV interminable (Ars Hmu, Chaos Moon, Entheogen, Gardsghastr, Guðveiki, Krieg, Martröð, Nattfärd, Ringarë, Skáphe), et du monsieur qui nous a gratifié il y a quatre ans du seul EP à ce jour de Lichmagick.

On a donc affaire à trois quarts d’heure d'un black metal qui plaira aux amateurs et amatrices de la seconde vague. Le duo maîtrise à merveille le registre raw BM : des riffs en trémolos qui se répètent à longueur de morceaux, un growl écorché et incantatoire, et au milieu de tout ça, quelques nappes de synthé éthéré (notamment sur « Thriambus» et « Threnoidia, » gros temps forts qui éclipsent à peine « Ephòdion », certainement le meilleur morceau de l'album.

On y trouve des relents de Nattens Madrigal, des échos lointains d’Emperor, à tel point que ce deuxième album d’Häxanu vient rejoindre le premier EP de Covetous (Norvège, 2020), dans mes (très) belles surprises récentes en raw black metal.

 

LeiþaReue
Black metal  – Allemagne (Noisebringer Records)

Matthias : On parle beaucoup de Kanonenfieber ces derniers temps, mais Noise, l'artiste derrière le projet au casque à pointe n'en était pas à son premier groupe sous PTSD. Voici d'ailleurs son second album sous le nom Leiþa, sorti chez Noisebringer Records le 13 janvier dernier.

Autant dire que le ton n'est guère plus joyeux sur ce Reue, avec un premier morceau qui s'entame par des sanglots et dont le titre est une date, par ailleurs plutôt récente. Si on ne peut à proprement parler de DSBM vu le style musical assez différent, nul doute que l’artiste nous livre là des textes très personnels, que son chant toujours aux franges du deathcore sert très efficacement. Cet élément vocal bien à lui est d'ailleurs, pour moi, un apport bienvenu de la part de Noise dans un black metal quand même fort conservateur sur ce point. En tout cas, cela colle très bien aux alternances entre passages plus calmes et complètement torturés pour lesquels la langue allemande apporte un certain cachet supplémentaire, et c'est cette somme de facteurs qui donne sa particularité à Leiþa. Pour qui cherche à prolonger l'expérience Kanonenfieber sous une autre perspective, Reue mérite largement qui s'y attarde.

 

Ritual Death – Ritual Death
Black/death metal – Norvège (Shadow Records)

Matthias : Autre side project apparenté à un groupe qui a beaucoup fait parler de lui récemment, Ritual Death n'est autre qu'un nouvel avatar de Wraath, le frontman possédé du projet italo-norvégien Darvaza. Et on ne va pas tourner autour du pot, ça se voit dans l'artwork comme ça s'entend dans les compositions, qui rappellent fort une réinterprétation plus black/death du style assez brut de décoffrage que Darvaza a adopté sur son premier album. Un sentiment d'ailleurs encore plus présent en live. Avec un CV pareil on est en droit d'attendre quelques morceaux de bravoure, et c'est le cas avec un démarrage très rentre-dedans sur « Ancient Devil Worship ». Des pistes telles que « Vermin » arrivent à installer une ambiance de crypte, nourrie par la voix caverneuse au possible du chanteur, et on notera aussi un « Black Metal Terror » qui donne envie d'en découdre dans la-dite crypte. L'ensemble voit toutefois son impact se diluer quelque peu au fur et à mesure de l'album. Personnellement je reviens plus aisément vers la version 100% black.

  

 

Kringa– All Stillborn Fires, Lick My Heart!
Black metal – Autriche (Terratur Possessions)

Circé : Que vous connaissiez déjà Kringa ou non, vous avez sûrement pris une bonne claque récemment en les voyant sur scène aux côtés de Misthyrming, Ritual Death et Nubivagant. Il nous était tout simplement bien impossible de passer à côté de leur dernier album dans cette série noire : All Stillborn Fires, Lick My Heart!, deuxième album du groupe après nombre d'EPs, est en effet paru le 30 décembre dernier. Encore un beau cadeau de l'écurie Terratur Possessions, et un qui se démarque de loin de ses pairs. Enragé, halluciné, Kringa propose des compos étonnament directes et coup de poing malgré leur longueur pour la plupart supérieure à six minutes. On y retrouve un riffing black assez traditionnel, mais aussi et surtout de profondes influences piochant du côté war-black et punk, un amour pour le chaos et la crasse. On se retrouve plongé dans un foutoir infernal qui beugle de tous les côtés et de toutes les manières possibles, du hurlement démoniaque au chant black classique en passant par les déclamations d'ivrogne torché.

C'est dissonant, chaotique, mais surtout frais ; car si on entend souvent ces adjectifs, ils sont rarement employés pour masquer de fausses promesses. Il n'est pas question ici de compromis ou de demi-mesure. Et surtout, si les lives du groupe sont de vraies parties de bonheur, l'expérience album permet de se rendre compte du vrai travail derrière toute la violence brute : le groupe manie ces concepts avec énormément d'inventivité, aucun morceau ne se ressemble et tous expérimentent des enchevêtrements de guitares, de rythmiques et de vocaux différents, allant d'explosions bruitistes aux interludes avant-gardistes non sans rappeler quelques références norvégiennes du black metal expérimental. A mi-chemin entre un Urfaust surénervé, Funeral Mist et un Marduk inspiré, Kringa nous balance à la gueule un album d'une rare inventivité dans la violence et le chaos.

 

Рожь – В​с​ё
Black metal ambiant/chamanique – Russie (Reflection Nebula)

Malice : Рожь signifie seigle en russe, un nom qui évoquerait plutôt les champs infinis d'Ukraine que les steppes arides de Russie. Pourtant, le projet de Vladimir Frith, qui a sorti son deuxième album В​с​ё le 2 janvier, nous vient de Carélie, région sauvage du Nord de la Russie, où les forêts et les lacs s'étendent à perte de vue jusqu'à la Mer Blanche. Une terre sublime où survit encore le chamanisme et les traditions qui précèdent de bien longtemps le pays dans lequel elle est désormais englobée.

Ce chamanisme imprègne la musique de Рожь, avec une sincérité poignante : on ne parle pas ici d'un gimmick, mais d'une démarche artistique totale. В​с​ё a un double sens intéressant : il peut vouloir dire « Tout », mais aussi « c'est fini ». « Трехногая слава », second morceau de l'album, surprend après un premier titre assez « classique » : rien de black metal ici, mais un pur hymne chamanique désespéré, dont on sort vidé. Chaque écoute de ce titre me bouleverse, me rend presque incapable de poursuivre l'écoute - « c'est fini », В​с​ё. Un son de pluie prend le relais et heureusement, « Истина » est plus libérateur, revient à un black atmosphérique traditionnel, mais particulièrement bien fait. La voix de Vladimir Frith ramène à Wiegedood, l'honnêteté en plus. Puis l'homme reprend ses incantations chamaniques en seconde partie de morceau et le fait avec une beauté qui ne déparerait pas sur les meilleurs titres de Wardruna. L'album se termine sur deux morceaux époustouflants, tout simplement, et qui vont plus loin encore : « Аминь » voit le vocaliste s'essayer au chant de gorge tandis que derrière se dessine un titre de funeral doom. Les dernières minutes de Вс​ё sont en chant clair et sont belles à pleurer. Рожь est une expérience musicale fascinante, sincère et, ça ne gâche rien, parfaitement exécutée et enregistrée. L'un des albums de 2023, j'en suis persuadé.

  

 

Høstsol  Länge Leve Döden
Black metal – Finlande/Suède/Norvège (The Sinister Initiative)

Malice : Je ne vais pas y aller par quatre chemins : j'ai entamé l'écoute de ce stsol en traînant un peu les pieds. Les « supergroupes », c'est tout de même rarement une réussite, quel que soit le CV des musiciens réunis. En l'occurrence, Hø​stsol réunit Cernunnus (Manes), Kalmos (Ajattara, ex-Barathrum), l'extraordinaire Rainer Tuomikanto (Grave Pleasures) et... Niklas Kvartforth. Le vocaliste de Shining est l'autre raison pour laquelle j'étais peu optimiste : si Shining a pu sortir de véritables joyaux dans son style si particulier, Kvarforth me paraît depuis quelques années devenir une caricature de lui-même, tant sur scène que sur album.

Mais bordel de bordel, qu'il est bon. Voilà ce qu'on finit par se dire sur ce Läng Leven Döden qui m'aura pris complètement par surprise. « As Seen Through the Eyes of Prophet » lance très bien l'album mais c'est surtout dès « Det Som en Gang Var (det kommer aldrig igen) » que le chant en suédois permet à Kvarforth de rappeler qu'il est l'un des meilleurs vocalistes de la scène. Canalisé, probablement, par les pontes qui l'entourent, il se contente de déverser ses meilleurs glaviots depuis bien longtemps. La prestation de Tuomikanto derrière les fûts est hypnotisante (ces cymbales !), les lignes de guitare simples mais lumineuses de Cernunnus fonctionnent idéalement – même si elles sont peut-être trop mises en retrait derrière la paire rythmique. Contrairement à tant de collaborations, stsol sonne comme un véritable groupe, qui ne réinvente pas la poudre mais la fait parler avec brio. Cinq (longs) morceaux, qui prennent le temps de poser leurs ambiances (le duo basse-claviers sur la partie centrale de « Länge leve den ansiktslöse mördaren », avec Kvarforth susurrant comme il sait si bien le faire) mais savent aussi lâcher les chevaux (les riffs de « Din skördetid är nu kommen », où Kvarforth est encore une fois brillant). Un vrai bon moment.

 

 

Arnaut Pavle – Transilvanian Glare
Trve black/thrash – Finlande (Amor Fati / Mystiskaos)

Circé : Dans la catégorie « nom de groupe qui fait hausser les sourcils », je demande Arnaut Pavle. C'est tout de même plus classe (et ça prend tout son sens), si je vous dit qu'il s'agit là du nom d'un Serbe qui serait devenu un vampire à sa mort au XVIIe siècle et aurait ainsi transformé une bonne partie de son village. Vu l'absence totale d'information sur le projet musical, qui en est pourtant à son deuxième album, on peut même imaginer qu'Arnaut a émigré en Finlande ces derniers siècles et vient de se décider à faire de la musique. Enragé par tous ces posers qui foutent des claviers, de la trompette, du chant clair, des rythmiques Hello Kitty et autres jolies petites fioritures dans leur black metal, notre ami Arnaut le vampire décide de nous sortir des hymnes au bon vieux temps (car oui, il était bien entendu au premier rang à ce concert de Darkthrone en 1996), dont, le 20 janvier dernier, ce fort subtilement nommé Transilvanian Glare. Il s'agit là d'une valeur sûre : on sait ce qu'on va entendre avant d'appuyer sur play, et on n'est pas déçu.e.s. Les guitares grésillent, la batterie passe constemment des blasts ininterrompus comme du d-beat propice au hochement de tête agressif, et les riffs oscillent eux aussi entre longues mélodies sinistres et hypnotiques et saccades thrashy allant taquiner les origines punk du black metal. Chaque auditeur et auditrice de Darkthrone ou d'Aura Noir se sent comme à la maison de la première à la dernière note ; c'est familier, entranant, sans chichi ni fioritures. Une vraie petite machine à remonter le temps avec un aller simple pour les 90s en Scandinavie, notre vampire serbo-finnois (à vous de décider) maîtrise l'art du black/thrash non dilué, certifié efficace et blasphématoire.

  

 

Morbonoct – Чорна безодня
Black metal indus/cosmique – Ukraine/Pologne (Autoproduction)

ZSK : Une pochette qui dépeint un monde extraterrestre très particulier. Un logo sur fond d’une lune noire qui est tout autant particulier. C’est déjà écrit, avec Morbonoct on va avoir le droit à quelque chose d’original. Projet d’un seul homme - un ukrainien exilé en Pologne - Morbonoct n’en est pas à son coup d’essai vu qu’un premier album, Anmet, était sorti en 2021 (et avec une pochette beaucoup plus classique). Mais il posait déjà les bases que l’on peut attendre de Morbonoct au vu de l’artwork de Чорна безодня (ou Chorna Bezodnya si vous préférez), un black metal forcément « cosmique ». Même si c’est un peu plus complexe que ça.

Car le black metal de Morbonoct est déjà pas mal moderne, bien loin des standards lo-fi et raw de Darkspace et consorts, avec par exemple une basse bien audible. Il est bien sûr proposé dans une couche de divers éléments électro, ou plus classiquement de synthés. Et l’ensemble penche parfois davantage vers du black indus, rappelant légèrement ses compatriotes de Chapter V:F10 au passage. Mais on retrouve une excentricité et des envies d’expérimentation qui rappellent ce que pouvaient faire certains groupes scandinaves au début des années 2000, ou d’autres noms qui ont suivi partout sur le globe (comme Gorgonea Prima par exemple). Bref, il faut aimer ce genre de délire…

Et visuel et musique vont à l’unisson vu que Чорна безодня va nous proposer un black indus/cosmique résolument… extraterrestre, avec des ambiances vraiment très singulières et ce dès le début de « Космогонічний смуток ». Trois longs morceaux sont au programme, et il faut s’accrocher, mais le dépaysement vaut le détour. Presque expérimental, et malgré des influences palpables ou un air de déjà-entendu du moment qu’on a creusé ce genre de formations décalées, Morbonoct ne ressemble qu’à lui-même et ce deuxième album est vraiment entraînant. Même s’il ne dépasse pas vraiment son prédécesseur (à part pour un meilleur son, notamment la batterie), et que cela reste un projet ultra-underground du bandcamp game (en téléchargement libre en plus) aux compos parfois naïves, Чорна безодня est une curiosité à découvrir pour tout amateur de metal extrême qui a voyagé très loin dans l’espace-temps.

 

Ciemra – The Tread Of Darkness
Black metal – Bélarus (Avantgarde Music)

ZSK : Toujours dans les starting-blocks pour dénicher la perle rare dans des sous-genres un minimum originaux, Avantgarde Music nous présente sa nouvelle trouvaille : Ciemra du Bélarus. Mais cette fois-ci, l’illustre label italien semble avoir cédé à un appel facile : celui du « black à capuche ». Avec les options « line-up anonyme » et « son assez moderne » en plus. Du cliché, du cliché, du cliché… mais on a envie de faire confiance à une écurie très en forme ces dernières années (et qui garnit d’ailleurs continuellement ma besace pour les rubriques et même les chroniques). Alors qu’attendre de ce premier album nommé The Tread Of Darkness ?

L’ouverture sur les sept minutes de « Ciemra » donne le ton : Ciemra proposera un black metal au tempo soutenu, un brin introspectif et occulte, presque le contrepied de Gaerea finalement, lui aussi répondant à la triplette de clichés dépeinte plus haut. Ciemra n’est donc pas le Gaerea bélarusse mais va aussi tenter de s’en sortir en bonifiant quelques recettes bien connues. Le point bonus : Ciemra possède une chanteuse, qui fait sacrément bien le taf, rappelant d’ailleurs une certaine Kriegtalith de Darkestrah. Et les moins cultivés y verront aussi une ressemblance vocale avec Angela Gossow de Arch Enemy… mais en fait, on ne peut pas non plus leur donner totalement tort.

Si « Ciemra » démarrait bien The Tread Of Darkness, le soufflé va hélas retomber un peu vite. Si quelques moments plus remuants tirent leur épingle du jeu (« Vomiting Void », « A Night for the Death », l’excellent « Winter » aux riffs tranchants) et que quelques surprises sont présentes (comme l’apparition ici et là de chant clair masculin), l’art noir de Ciemra est vite un peu plat et redondant, avec des morceaux multipliant les compos mid-tempo et les arpèges dark. Malgré la production claire et puissante (bien que le mastering soit étonnamment faible), The Tread Of Darkness ne décolle jamais vraiment ou se réveille trop tard (« Serpent’s »). Mais ce qui est proposé est assez rafraîchissant et finalement prometteur, une fois qu’on est allé au-delà des clichés visuels. Il ne reste plus qu’a espérer que Ciemra ait le chemin de carrière inverse que Second To Sun en matière de black metal « moderne » : poussif au début, efficace ensuite.

 

Inherits The Void – The Impending Fall Of The Stars
Black metal mélodique – France (Avantgarde Music)

ZSK : Oui ok, je suis définitivement le VRP d’Avantgarde Music ici. Mais pour le coup c’est du français, alors on pardonne la pub intempestive. Pas de capuche ou de line-up anonyme ici, Inherits The Void est un one-man band tenu par un Clermontois qui montre son visage, et donne son nom, Antoine Scholtès. Pas de black metal moderne non plus au programme, bien au contraire car Inherits The Void pratique plutôt un style très traditionnel et même franchement old-school, car tout ici transpire le black metal suédois des 90’s. Mais a-t-on encore besoin d’un énième Dissection-worship… ?

De toute façon ça ne sera pas le cas vu que Inherits The Void a quand même une part de personnalité. Si son black metal est particulièrement mélodique, il prend tout de même une tournure souvent épique, sans trop d’artifices pour autant si ce n’est quelques synthés. Il lui arrive aussi d’avoir quelques accès un peu plus agressifs le rapprochant de Dark Funeral et consorts, même si The Impending Fall Of The Stars s’avèrera encore plus mélodique que son prédécesseur Monolith Of Light (2021). Pas forcément original, mais ce n’est pas vraiment ce qu’on viendra chercher ici.

On est donc parti pour encaisser 43 minutes d’un black metal mine de rien assez intense, qui ne perd jamais sa verve malgré les nombreux plans mélodiques, quasi omniprésents, et souvent très inspirés. Quitte à faire de The Impending Fall Of The Stars un album assez linéaire (pas aidé par un chant assez monocorde), ou aucun morceau vraiment fort ne se dégage pour porter le tout, si ce n’est le plus long du disque placé en avant-dernière position, « While the Night Seizes of the Burning Sun », prolongé par la conclusion archi épique qu’est « Oracle of A Forgotten Grief ». Inherits The Void doit encore creuser et affirmer sa personnalité mais The Impending Fall Of The Stars est déjà un bel album qui attirera à coup sûr les regards et l’oreille avisée des amateurs du black metal le plus mélodique et raffiné, digne du bel âge du genre.