Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Projet danois lancé en 2010, Hexis a fièrement passé le cap de la décennie et s'est affirmé au fil du temps comme un groupe solide mais qui, à mon sens, peinait à se démarquer pleinement. La sortie de leur troisième album chez Debemur Morti marque une nouvelle étape dans la carrière du groupe.
Les racines Hardcore et Black Metal d'Hexis ont cohabité depuis leur première sortie, mais sans pleinement fusionner, se nourrissant l'une l'autre sans jamais se lier en profondeur. Aeternum vient avec brio sceller le mariage entre les deux pôles de la musique des Danois et avec panache, s'il-vous-plaît. Le premier élément qui permet d'enfin opérer cette fusion est un travail monstrueux sur le son : si les albums précédents avaient déjà des productions de qualité, ici la compacité atteinte donne un effet mur sonore qui sied aussi bien aux parties Black metal qu'aux excursions Hardcore. A titre d'exemple, le morceau d'ouverture, Letum, donne le ton d'entrée de jeu avec ce démarrage tout en tapis de double et en hurlement. Ce premier contact est foudroyant, en moins de deux minutes, Hexis vous tient déjà à la gorge. Si ce premier titre donne un ton très blackisé, la suite de l'album trace un sillon beaucoup plus difficile à cerner, toujours à la frontière entre les genres. Aeternum développe des thèmes lancinants qui rapprochent du Black metal mais d'où suinte la rage et l'énergie primitive et frontale d'un Hardcore furieux. On pourrait même trouver un penchant post-Black et/ou postcore à l'ensemble, notamment sur les titres plus longs où le tempo s'embourbe (Exhaurire, Vulnera).
Hexis navigue donc sur la crête de la violence, à la fois haineuse et rageuse, parvenant à brouiller les pistes sans perdre l'auditeur. Aeternum est un album dense, compact dont l'écoute peut être un poil éreintante en fin de parcours. Mais avec son alternance entre titres brefs et cinglants (la doublette Interitus/Tacet) et d'autres où l'avancée se fait plus sinueuse, les Danois parviennent à nous amener avec eux jusqu'au bout. L'un des autres points forts de l'album est le chant, pour le coup très typé Hardcore : assez monolithique, mais pas dénuée de variations, la voix du chanteur renforce l'aspect ultra-agressif de l'album. Et comme le reste de la production, elle est mixée avec une volonté claire de faire le plus de dégâts possibles. La seule chose un peu pauvrette concernant la production est l'usage un peu simple et convenu d'arrangements entre certains titres, d'outro à base de nappes ou de cordes qui certes permettent de respirer un peu mais d'une manière si attendue que l'effet n'apporte pas grand-chose.
Aeternum casse des bouches, c'est un fait. Aeternum est à ce jour la meilleure sortie d'Hexis, tout au moins de mon point de vue. Et enfin, Aeternum parvient à l'équilibre que ses prédécesseurs semblaient chercher. Autrement dit, c'est encore une excellente signature pour Debemur Morti et un album qui touchera aussi bien les amateurs de Black metal moderne que les cogneurs brutaux auditeurs du Hardcore le plus sauvage.
Tracklist de Aeternum :
01.Letum
02.Divinitas
03.Exhaurire
04.Interitus
05.Tacet
07.Nunquam
08.Vulnera
09.Captivus
10.Memento
11.Amissus
12.Aeternum