KillTown DeathFest 2018 - Jours 1 & 2
Pumpehuset - Copenhague
Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Je me rappelle encore d’un des plus gros dilemmes de ma jeune vie en 2014 lorsque j’avais dû choisir entre la première édition du Fall of Summer et la dernière édition du KillTown DeathFest… Et, bien que je ne regrette pas mon choix d’avoir assisté au quatre éditions du Fall of Summer, j’ai en revanche toujours regretté de n’avoir jamais pu faire une seule édition du KillTown.
Fort heureusement pour moi et beaucoup d’autres, l’infatigable Daniel a finalement choisi de déterrer son défunt festival en cette sainte année 2018. Contrairement à d’autres organisations, où les problèmes sont plutôt d’ordre financier lorsqu’un festival est contraint d’arrêter, Daniel avait choisi de mettre fin au KTDF pour la simple raison qu’il était arrivé à court de groupes intéressants à faire jouer (anciens comme nouveaux). Mais il faut dire que depuis 2015, la scène Death Metal mondiale a vu naitre et renaitre de nombreux projets ; et pas mal d’albums de ces dernières années marqueront sans nul doute l’histoire du Death Metal lorsqu’on évoquera plus tard les « années 2010 ». C’est donc l’occasion pour Killtown Bookings de nous proposer une résurrection du KTDF avec tout un tas de groupes tous plus terribles les uns que les autres, dont certains encore jamais venus en Europe. Voyez plutôt !
Jour 1
Après un vol depuis Paris – dont la moitié des passagers était constituée de types en noirs avec des t-shirts dont vous vous imaginez déjà l’effigie –, nous arrivons donc à Copenhague pour enchainer pas moins de quatre jours de Death Metal sans pause aucune. La salle, portant le doux nom de Pumpehuset, se trouve à même pas dix minutes à pieds de notre airbnb et se trouve en plein centre-ville proche de toute commodité. On aperçoit d’ailleurs de loin les fameux jardins de Tivoli, aka le plus vieux parc d’attraction du monde.
Le lieu du festival est donc un complexe composé d’une petite salle de 400 personnes et d’une grande salle à l’étage de 600 personnes. L’entrée nous conduit dans une modeste cour avec bars et restauration, et même une petite scène extérieure où se produiront quelques groupes de début de journée. La circulation est le principal point faible, surtout lorsqu’un groupe joue sur la seconde scène. Il est assez difficile de se frayer un chemin jusqu’à l’étage ou jusqu’à la sortie tant les gens sont massés au même endroit. Les stands de merch sont également peu nombreux, là encore pour une question de place je pense.
Je prends donc mes repères dans ce petit site lors du très bon concert de Reptilian en ouverture. Depuis la console, le son dans cette seconde salle est excellent, du moins pour cette première prestation, et le jeu de lights également ! Je n’assiste pas à tout le concert, mais le peu que je vois est fort convaincant. Le petit groupe norvégien donne tout ce qu’il a sur scène et sonne encore plus Punk qu’en studio. Les gars sont vraiment à fond, notamment le guitariste de droite. Malheureusement le public est encore un peu frileux en ce début de festival donc pas tellement d’ambiance en fosse. Passons maintenant à ma première vraie attente du week-end…
Cemetery Urn
Se manger le premier set européen de Cemetery Urn dès le second slot du festival, ça fait tout un effet. À l’instar d’une pléthore d’autres groupes ce week-end, Cemetery Urn donne en effet ce soir sa toute première date européenne. Et bien que nous soyons pas mal de fans à se presser devant la Main Stage, il n’y a tout de même pas grand monde dans cette salle principale pour accueillir les Australiens.
C’est sur une scène ornée de pierres tombales et de grilles dignes de portails de cimetières que le groupe arrive. On ne pouvait imaginer meilleur décor. Et la fumée mêlée aux lights bleues ou rouges rend le tout encore plus prenant. Le quatuor déboule sur le titre éponyme du nouvel album et enchaine direct sur un titre du précédent. Malheureusement pour moi, leur set a l’air d’être quasi-exclusivement centré sur leurs sorties les plus récentes, ce qui est compréhensible. Cela n’enlève rien à la puissance du groupe en live, mais je m’attendais à bien plus de titres du premier album. Urn of Blood est presque totalement passé à la trappe et c’est fort dommage quand on connait la violence et le groove de certains des titres.
Mais je ne boude pas mon plaisir, Cemetery Urn en live colle parfaitement à mes aspirations : un Death Metal à cheval entre la lourdeur ricaine d’un Rottrevore ou d’un Funebrarum et la bestialité locale des Abominator et consorts. Mis à part les guitares un peu en retrait, le son est globalement assez bon pour le set des Australiens, et les gars sont charismatiques sur scène malgré leur apparente impassibilité. Je déplore toujours un manque cruel de titres du premier full-length, mais les autres albums comportent leur lot d’échanges de soli absolument excellents. Celui de droite nous en met d’ailleurs plein la vue, notamment pendant Death’s Trubulent Fire et le final sur Down the Path… Dommage que les festivaliers soient encore si peu nombreux en ce début de journée. Mais globalement, cela reste un premier concert fort satisfaisant malgré ces quelques détails. Il n’y a plus qu’à espérer la venue d’Ignivomous pour une éventuelle édition 2019 ! Mais revenons dès à présent dans la petite salle du bas…
Hyperdontia
Dans cette série de jeunes groupes prometteurs de la seconde moitié des années 2010, Hyperdontia est l’un des plus récents. Et ce n’est pas peu dire, il s’agit là de leur tout premier concert ce soir. Avec un EP à son actif et un album à paraitre, le groupe est composé de tout le gratin des scènes danoise et turque. Je vous la fait courte, vous avez entre autres des gars de Decaying Purity, Burial Invocation ou Engulfed côté turc, et de Taphos, Phrenelith ou Undergang côté danois. Je n’ai pu encore écouter qu’une seule fois le full-length à paraitre, mais, tout comme sur l’EP, la musique d’Hyperdontia représente tout ce que l’on peut attendre d’un groupe « Dark Descent », à savoir un Death Metal sombre et lourd qui distille aussi bien ses influences américaines qu’européennes. Dans notre cas, c’est principalement Morbid Angel qui vient à l’esprit, mais pas que !
J’arrive tant bien que mal dans le fond de la salle alors que le groupe entame Teeth and Nails et le constat est sans appel : il s’agit pour l’instant du meilleur son de cette première journée. Depuis les escaliers, non loin de la régie, on perçoit parfaitement tous les instruments autant que les vocaux putrides de David Mikkelsen. Outre le batteur qui sautille sur place pendant ses skank beats, c’est vraiment le frontman d’Undergang qui attire le plus l’attention durant ce show. Libéré de ses devoirs de guitariste, le gars se lâche complètement sur scène et headbangue sans arrêts tout en prenant des poses de zombie et en faisant des grimaces horribles. Même en étant à l’étroit avec les autres musiciens sur cette seconde scène, le vocaliste est vraiment à l’aise. En même temps, il est un peu à la maison, et il s’agit ici du premier des quatre concerts qu’il va donner tout au long du week-end avec ses différents groupes.
Mis à part quelques larsens désagréables en fin de set, le son est vraiment excellent au fond de la salle. Les deux titres de l’EP sont évidemment joués, et je découvre plus amplement les morceaux du premier album sur scène. Tout comme leurs confrères finlandais de Gorephilia, les influences Morbid Angel semblent parfaitement digérées, et les nouveaux morceaux sonnent même encore plus personnels, du moins en live. Là encore, le public semble assez réservé malgré le nombre important de personnes présentes, mais ce n’est pas vraiment un problème. Après l’excellent Majesty, c’est Aura of Flies qui a l’honneur de clore ce premier set des Turco-Danois. Cela n’aura duré que 30 petites minutes mais Hyperdontia vient pour l’instant de livrer la meilleure prestation de la journée, et pour un tout premier concert du groupe, c’est une performance !
Necrowretch
Je vais la faire courte tant vous devez en avoir marre que je parle de Necrowretch en live. Toujours très peu de monde dans la grande salle, le son n’est vraiment pas terrible – certainement le moins bon du festival en ce qui me concerne –, setlist habituelle mais présence scénique toujours au top. Comme à l’accoutumée, je prends mon pied sur la triplette d’ouverture et la doublette de fermeture (tous extraits du dernier album). Et le premier pit du festival est enfin lancé sur Goat-headed. Malgré le peu de monde, les personnes présentes semblent apprécier, c’est déjà ça… Contrairement à ce que je pensais, Malik n’est pas à la basse malgré sa présence avec Hyperdontia lors du set précédent. C’est donc toujours Wen’ de Cadaveric Fumes qui s’en occupe. Le son reste vraiment le principal problème. Dès fois trop de batterie, des fois pas assez de chant, le son des grattes est aléatoire, bref ce doit être l’une des moins bonnes fois où je vois le groupe sur scène. Mais bon, j’aime tellement leur musique que je me contenterai de ça pour cette septième fois. Maintenant faisons une pause alcool !
Blood Incantation
Lorsqu’on parle de Death technique, deux écoles viennent souvent à l’esprit. La première est celle des Necrophagist-like et son lot de « technical wankery » (ou branlette de manche) ; la seconde est celle des héritiers de Gorguts et consorts avec en général un son assez dense et des compositions plus ambiancées. Cependant, à travers l’histoire du genre, certains combos tels que Demilich ont réussi à s’écarter de ces sentiers battus. Blood Incantation fait partie de cette catégorie. Et y parvenir dans une scène plus saturée que jamais au cœur des années 2010, c’est d’autant plus exceptionnel ! Après avoir raté leur tournée avec Spectral Voice ainsi que toutes leurs autres apparitions en festivals européens, je trépigne donc d’impatience de voir enfin sur scène l’un des groupes de Death Metal les plus intéressants de ces dernières années. Pour ceux qui ne connaitraient pas encore, jetez-vous sur l’EP / Compilation de 2015 et sur le full-length de 2016. Blood Incantation mêle le Death Metal sombre et ambiancé typique des productions Dark Descent à un florilège de compositions à tiroirs toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Et, contrairement aux autres écoles TechDeath citées plus haut, cela n’est jamais démonstratif. Tantôt catchies, tantôt fouillés, les morceaux dégagent toujours une vraie ambiance et les vocaux ultra caverneux sont eux aussi reconnaissables entre mille. Mais fini de jaser, voyons si le rendu live fait honneur aux compositions studio…
Le quatuor de Denver arrive devant un parterre déjà conquis. La grande salle est comble, un vrai plaisir pour un groupe aussi jeune. Ce n’est pas dans n’importe quel festival qu’une chose pareille serait possible ! Et sans préambule, cela commence direct sur l’éponyme de Starspawn. Le terrible album des Américains sera quasiment joué en entier ce soir, à l’exception du titre instrumental. Et pour mon plus grand plaisir, nous avons en plus droit à une bonne partie d’Interdimensional Extinction, dont l’énorme Vth Tablet en début de set. Après un son assez mitigé dans cette grande salle pour les précédents groupes, celui de Blood Incantation est tout simplement parfait ! Toutes les infimes variations et mélodies sont perceptibles, du moins dans les premiers rangs, et les vocaux du génial Paul Riedl sonnent exactement comme en studio. Quel régal ! Le public est en plus au diapason de la musique du groupe. Pas de neuneus en train de piter, ou de gens qui parlent ou crient pendant la prestation. L’intégralité de l’audience est en train de se prendre une claque monumentale, cela ne fait aucun doute.
L’attitude de Riedl sur scène est également remarquable. Ses quelques speechs entre les morceaux sont assez concis pour ne pas faire retomber l’ambiance, et il garde en plus une voix basse à reverb’ quasi-extraterrestre pour annoncer certains titres. En dehors de ça, lui et ses comparses se déplacent juste ce qu’il faut, sans trop en faire mais sans être trop statiques non plus. Ils headbanguent même en rythme de manière synchronisée sur plusieurs passages catchies. Un jeu de scène totalement adéquat avec la musique à la fois puissante et protéiforme du groupe. Et pour couronner le tout, le jeu de lumières est tout simplement le plus admirable du week-end. La fumée en contrebas est éclairée par des lights vertes dignes d’Alien tandis que des spots bleutés ou rougeâtres viennent surplomber tout le haut de la scène. On est vraiment dans l’espace sur tous les plans !
La pièce maitresse, en studio comme en live, est évidemment l’ultime Vitrification of Blood. Et ce sont bel et bien les deux parties qui sont interprétées ce soir, pour 20 minutes de voyage astral des plus inoubliables. Les parties lancinantes et atmosphériques sont contrebalancées par ces riffs typiques de Morbid Angel qui déboulent toujours au bon moment. Mais, comme si nous n’étions pas déjà sur orbite, le groupe termine son set sur un titre encore jamais enregistré mais qui s’annonce déjà comme l’un de ses plus extraordinaires morceaux : Giza Power Plants ! Presque aussi ambitieux que l’énorme titre précédent, ce nouveau morceau est la meilleure conclusion possible pour un set comme celui-ci. J’ai encore l’hypnotique lead central qui me trotte en tête à l’heure où j’écris ces lignes… Vous l’aurez compris, on ne pouvait rêver meilleures conditions pour un set de Blood Incantation. Dès la première journée de festival, la barre est déjà placée très haut. Cela va être extrêmement dur pour les groupes des prochains jours d’arriver à ce niveau de perfection. Je vous spoil d’entrée de jeu : il s’agit de mon concert du week-end !
Jour 2
Galvanizer
Contrairement à ce que j’avais noté, les concerts commencent une demi-heure plus tôt en cette seconde journée. J’arrive donc sur le site alors que Galvanizer interprète un morceau de l’EP, le show semble avoir débuté depuis déjà un petit moment. Bien que ce ne soit pas ma priorité, je ne voulais pas rater une deuxième fois les Finlandais après la fois au Finnish Maniacs 2015. Je salue d’ailleurs l’organisateur Immu, qui se presse déjà dans les premiers rangs pour revoir ses compatriotes en live.
Le trio inaugure aujourd’hui la petite scène de la cour extérieure devant un parterre encore bien clairsemé. Le son est très bon sur cette « Byhaven stage » faite de rondins de bois ; et le groupe a orné l’arrière d’un backdrop rappelant les pochettes « pizza » de la meilleure période de Carcass. Je découvre donc en live le premier full-length des Finlandais paru cette année. Les gars semblent avoir délaissé le simple hommage aux démos de Disgrace, Xysma et Lubricant pour remonter directement aux sources Carcassiennes de cette musique. En tout cas, cela transparait clairement en live. Cependant, certains titres, comme l’éponyme de l’album, possèdent encore de grosses influences finlandaises dans les mélodies. J’émets toujours quelques réserves sur la voix du bassiste-chanteur, encore trop grossièrement grognée. Néanmoins, les passages à deux voix quand le guitariste l’accompagne sont bien plus probants. Les trois jeunes musiciens donnent tout ce qu’ils ont malgré la pluie battante qui fait fuir peu à peu une bonne partie du public. Et le groupe clôt son set sur deux morceaux de l’EP alors que la pluie, en grande ironique, s’arrête également…
Taphos
Taphos font partie de cette récente vague « Dark Descent Death Metal » qui n’en finit plus de proliférer ces dernières années. Bien que les Danois ne soient pas chez le label susnommé, leur musique comporte tous les ingrédients de ce fameux cocktail. Contrairement à certains autres de ces groupes du festival, les influences sont ici plutôt européennes qu’américaines, avec notamment une plus importante quantité de leads inquiétants et tourmentés. Les quatre jeunes danois arrivent sur le titre d’ouverture de leur récent full-length et mettent d’entrée tout le monde d’accord. Bien que très sombres et nuancées, les compos de Taphos s’offrent aussi leur lot de passages catchies que ne renieraient pas certains Suédois des années 2000 (Kaamos ou Verminous entre autres). Les vocaux bourrés de reverb’ du frontman ont légèrement moins de puissance qu’en studio, mais ne sonnent pas moins démoniaques pour autant. Mes yeux sont une nouvelle fois rivés sur le batteur et son jeu si particulier. Lors de nombreux passages rapides, il switch en effet à droite sur une rythmique tom-basse / caisse claire ultra groovie qui change vachement du combo hi-hat / snare habituel. Et le tout en restant hyper énergique dans son jeu de scène. Une bonne partie de l’album est passée en revue, avec encore une fois Ocular Blackness et Dysfori en guise de court interlude. Tout comme au Chaos Descends en juillet dernier, Taphos est le jeune groupe idéal pour attaquer une journée de Metal extrême. Pas la plus marquante des prestations du week-end, mais parfaite pour se mettre en jambe pour le marathon qui se profile.
Pissgrave
Le premier – et, jusqu’à présent, unique – full-length de Pissgrave avait marqué les esprits lors de sa sortie en 2015. Et le groupe, malgré ses divers « dramas » avec Pete d’AngelCorpse, jouit aujourd’hui d’une certaine popularité dans le milieu underground. Je me rappelle encore à quel point l’album des Américains avait été comparé à du Revenge à l’époque. Cependant, en dehors des effets vocaux et de la densité sonore globale, les compos de Pissgrave sonnent résolument Death Metal. Et nous allons en avoir la confirmation en live.
Inaugurant aujourd’hui la Main Stage, le quatuor arrive directement sur Suicide Euphoria, titre éponyme de l’album. Comme pour Cemetery Urn la veille, on aurait apprécié un meilleur mixage des guitares, mais le vrombissement caractéristique de leur musique est effectivement bien rendu. L’absence d’effets vocaux est contrebalancée par l’ajout de deux micros collés l’un à l’autre pour le chant du frontman. Ses vocaux sonnent donc tout aussi étouffés et inhumains qu’en studio. La quasi-totalité de l’album est passée en revue durant ce court mais intense set. Des morceaux ultra denses et éreintants comme Mass Cremation jusqu’aux titres plus groovies et catchies comme Second Sorrowful Mystery (durant lequel le bassiste est particulièrement fou à regarder).
Cependant, le slot de début de journée et la place en Main Stage ne siéent définitivement pas à Pissgrave. Le public est encore trop dispersé et cette trop grande scène ne convient pas à un groupe de ce calibre, surtout pour une prestation courte et intense comme celle-là. Je regarde donc de loin la fin du set et court me placer dans la seconde salle pour le groupe suivant, que j’attends de pied ferme !
Ascended Dead
Parmi tous ces « nouveaux » groupes du festival, il y en a un que je suis depuis maintenant bientôt 5 ans : Ascended Dead. Depuis la sortie de leur premier EP, les Américains ont parcouru bien du chemin et je suis extrêmement heureux de les voir enfin prendre leur envol, surtout au vu de la qualité de leur premier full-length paru l’an dernier. Plaisant tant aux fans de Black bestial que de Death technique, ce Abhorrent Manifestation est une véritable bouffée d’air frais dans la scène « Dark Descent Metal » actuelle. Le groupe a maintenant un son bien à lui, et voici venu le temps de nous montrer ce que ça vaut en live. Placé au premier rang, je trépigne d’impatience !
Malheureusement, la prestation ne va pas s’avérer inoubliable. Je suis pourtant le premier à péter un câble lorsque les Américains entament leur set par les deux premiers titres du full-length. Le second, Blood Thirst, est en plus le morceau de l’album le plus violent en live, un pilonnage intensif du début à la fin. Mais qu’est-ce qu’un concert d’Ascended Dead sans un son adéquat ? Eh bien pas grand-chose… Le régisseur est complètement à la ramasse et ne parviendra pas à améliorer la sonorisation du combo californien. Il faut dire que la densité du son d’Ascended Dead ne doit pas être des plus simples à sonoriser. Mais dans cette seconde salle, c’est une vraie bouillie sonore de A à Z. Et les demandes du guitariste-chanteur au régisseur ne changeront malheureusement rien.
Il faut dire que les quatre gaillards sont en plus extrêmement saouls sur scène, notamment le frontman qui titube à plusieurs reprises derrière son micro et annonce quasiment à chaque morceau « we are Ascended Dead ». Oui, on sait, ne t’inquiète pas ! Je suis en plus assez troublé par l’attirail des quatre musiciens. Ils ont vraiment la dégaine des Chicanos de Sadistic Intent sur scène. Leggings cuir, longs bracelets à clous, etc. Une allure complètement « leather & spikes » qui n’est pas tellement ce que j’aurais imaginé pour un groupe comme celui-ci. Et cet attrait pour le style latin est confirmé en fin de set avec une improbable reprise de Christ’s Death de Sarcofago totalement sortie de nulle part. Le second guitariste finit même par quitter la scène lors de ce final, serait-ce à cause du son ? Ou du fait qu’il n’arrive plus à jouer les morceaux ?
Bref, mis à part une première moitié excellente pour les fans (notamment avec l’énorme Inexorable Death en milieu de set), ce n’est pas du tout ce que j’attendais d’un show d’Ascended Dead. Le son, bien qu’il n’ait pas totalement ruiné la prestation, du moins si on connait les morceaux, est tout de même exécrable ; et l’attitude des gars sur scène ne me convainc pas plus que ça. Ce n’est vraiment pas ce que j’aurais pu attendre d’un groupe tel que celui-ci en live…
Phrenelith
Après une petite pause, revenons devant la seconde scène pour ce qui va s’avérer être l’un des moments forts de cette journée. Il s’agit là de la deuxième prestation du week-end de David d’Undergang, et celle-ci ne passera pas inaperçue. Forts d’un unique album qui s’était avéré être l’une des nombreuses claques Death Metal de 2017, le quatuor arrive devant un parterre déjà conquis. Et la seconde salle est pleine à craquer pour l’ouverture sur l’énorme Crawling Shadows…
Même s’il n’est pas encore totalement au point, le son est bien meilleur que pour Ascended Dead et la configuration sur scène est parfaite. David Mikkelsen partage le chant avec l’autre guitariste, tous deux situé sur les côtés avec le bassiste au centre. Je le répète mais nous sommes extrêmement serrés dans cette seconde salle. Le groupe jouant à domicile, les fans se font extrêmement nombreux pour cette prestation. En plus des énormes Deluge of Ashes et surtout Dysmorphosis (point d’orgue du concert), nous avons droit aux deux titres du nouvel EP. Je n’étais même pas au courant qu’ils en avaient sorti un, et ce ne sera que plus tard que j’apprendrai qu’il s’agissait en fait d’une sortie spéciale et limitée pour cette édition du KillTown DeathFest. C’est bête car ces deux titres sont parmi les plus surpuissants du show des Danois ce soir. Je tenterai de me le procurer plus tard si les spéculateurs Discogs ne sont pas encore passés par là…
L’alternance des deux vocaux est parfaitement exécutée aujourd’hui, et le riffing menaçant des Danois rend hyper bien en live. Je déplore seulement une chose, et pas des moindres : l’absence d’Eradicated dans la setlist. Ce titre est pour moi le plus poignant avec son riffing monolithique, et il s’agit en plus d’un des plus connus de l’album. Un comble qu’il ne soit pas joué sur scène ! Heureusement, cela ne m’empêche pas d’apprécier cette prestation comme il se doit. Après un featuring du chanteur de Spectral Voice, le set se termine sur Defleshed in Ecstasy dans la liesse générale. Très clairement l’un des meilleurs moments de ce festival !
Grave Miasma
Désolé pour les fans, mais il s’agit là d’une de mes rares pauses de la journée, j’en profite donc pour me caler un peu dans la cour avant le concert suivant. Je n’assiste donc qu’à Erudite Decomposition du set de Grave Miasma. Bien que j’apprécie leur musique, ce n’est vraiment pas le groupe que j’attends le plus du festival et ils sont assez mal placés dans cette journée ultra chargée. Le « déjà-vu » passe forcément derrière les groupes inédits, ce sera donc sans moi pour cette fois. Je mentionne juste que le peu du concert auquel j’assiste me permet aisément d’affirmer une chose : il s’agit du meilleur son qu’on aura sur la Main Stage de tout le week-end, et de très loin ! Dommage que la flemme ait pris le dessus…
Triumvir Foul
Quand des gars issus de la scène underground Black US actuelle décident de se lancer dans le Death Metal, ça promet en général quelque chose d’intéressant. Et c’est le cas de l’énigmatique projet Triumvir Foul, dont le premier album paru fin 2015 avait bouleversé bien des bilans et des tops albums de cette année-là. Mais pour moi, la véritable surprise est dans le fait que le combo de de Portland se produise à présent en live. Comment les musiciens vont-ils faire pour restituer une musique aussi dense sur scène ? Verdict ce soir, pour ce qui est leur première date européenne, et également l’un de leurs premiers concerts tout court.
Le set commence de manière idéale sur Asphyxiation, suffocante pièce d’ouverture du dernier disque durant laquelle le frontman restitue à la perfection ses hurlements torturés. Après la prestation d’Ascended Dead sur cette seconde scène, j’avais très peur du son pour un combo de l’intensité de Triumvir Foul. Mais, outre la guitare droite que je n’entends que très peu, c’est globalement excellent, à ma grande surprise – notamment le son de batterie qui est tout bonnement parfait !
Le rendu live sonne évidemment moins Teitanblood que sur disque, le groupe disposant de rythmiques bien plus marquées que les géants espagnols, mais l’ambiance est toujours au rendez-vous ! Les gars jouent en plus dans une obscurité quasi-totale, ce qui rend leur aura encore plus mystérieuse. Ils nous réservent d’ailleurs pour ce set les morceaux les plus rentre-dedans, pour la plupart issus du second album. J’avoue avoir une préférence pour le premier disque en studio, mais les titres du second sont vraiment les plus puissants en live. Mention spéciale à Disemboweled Pneuma et son intro à la Reek of Putrefaction. Et pour mon plus grand plaisir, les Américains finissent leur set sur l’énorme Tower of Basmu qui clôt le premier album. Moi qui avais beaucoup d’appréhension quant à une prestation live de Triumvir Foul, eh bien je suis pleinement convaincu !
Mortem
Voilà enfin le grand moment. LE groupe que j’attends le plus du festival, et l’une de mes plus grandes attentes live de toute cette année 2018… Ah bah non. Visiblement le groupe s’est fait refouler à l’aéroport. Pire annulation de toute ma vie. Même la playlist Heavy 80 concoctée par le DJ dans la seconde salle ne parviendra pas à me redonner le sourire. Je cours noyer mon chagrin dans l’alcool…