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Il y a fort longtemps je me souviens avoir demandé à Mattias Eklundh le leader de Freak Kitchen le pourquoi du comment du nom de son groupe. Il avait répondu avec un pragmatisme déroutant qu'il aimait ces deux mots alors il les avait mis ensemble et voilà. Depuis, chaque fois que je fais face à un nom de groupe qui consiste en un mélange de termes incongrus, je me dis que voilà des musiciens qui avaient ni envie de faire comme les autres, ni envie de s'embêter. Et c'est le cas de The Pineapple Thief. Drôle de patronyme, non ? Et cela fait plus d'une dizaine d'années que ce groupe anglais traîne son ananas avec lui. Et avec des amis comme les membres d'Anathema et Porcupine Tree, on situe musicalement avant même d'avoir posé l'oreille sur Someone Here Is Missing, leur huitième album. Bien sûr, on sait que le réseau n'est pas tout mais on sait aussi qu'en Angleterre, on garde souvent les pépites sur l'île, histoire de ne pas partager ce que l'on a de meilleur avec le reste du monde. Autre point en leur faveur, leur pochette a été réalisé par un des maîtres du genre : Storm Thorgerson, à qui l'on doit entre autre The Division Bell ou Dark Side of The Moon de Pink Floyd, des pochettes de Dream Theater et j'en passe. D'ailleurs cet homme post-it est bien énigmatique mais attire le regard : perdu littéralement dans ses pensées qui le recouvrent.
Si cet homme regarde dehors en se demandant quand l'être qui lui manque va arriver, l'auditeur lui veut savoir ce qui se trouve à l'intérieur, sonder les intentions du groupe ou tout au moins de son compositeur principal et chanteur Bruce Soord. Neuf titres, un équilibre assez harmonieux entre titres courts de trois- quatre minutes et moments plus progressifs avec les huit minutes minimum. Bref on a de quoi déguster sur Someone Here Is Missing. Et la dégustation commence par une tarte : Nothing At Best part fort avec sa rythmique tordue par la guitare mais aussi un effet électronique qui partagera l'affiche avec la distorsion sur tout le titre. En appui mais aussi en marque de fabrique, ici on ne fait pas dans le simple et la facilité, TPT rajoute des couches et alterne les ambiances pour accrocher l'oreille de l'auditeur. Et ces effets se retrouvent sur Preparation for Meltdown où ils agressent un peu plus.
TPT soigne vos oreilles en limitant la violence métallique ou rock et en alternant passages doux à base d'acoustique. On retrouve parfois le schéma populaire du couplet calme et du refrain énergique, avec quelques ponts et quelques soli histoire de pimenter le tout. Show a Little Love n'a d'ailleurs aucun mal à s'extraire de ce reproche et montre la maîtrise du groupe avec les différentes tendances dont il se réclame. On pourrait dire qu'ils sont progressifs dans une des acceptions du terme : ils progressent à travers les genres.
Un reproche pourrait leur être cependant fait : les effets d'instruments à cordes et certaines mélodies comme sur Someone Here Is Missing ne transcendent pas vraiment leur musique et sans vraiment tomber dans la facilité, ils s'éloignent de leur but original tout comme The State We're In, moment vraiment plat. À ce niveau le soufflet retombe, et parfois on a du mal à accrocher comme sur Wake Up The Dead, tout en sons étouffés, mais en lisant le titre et avec un peu de compréhension, on peut saisir le but artistique et le côté très construit, pensé, rationalisé du titre. Et du coup, on finit par accrocher. Tiens c'est encore une définition du prog : à force d'écoutes progressives, on comprend le but de l'artiste.
Pour être franc, j'ai apprécié l'ensemble de l'album mais je n'arrive pas vraiment à jauger de sa durée de vie. Trop rock, voire débordant de pop, parfois trop obscur et manquant d'une véritable âme prog. Le travail de construction fait par The Pineapple Thief est palpable mais il me semble soit incomplet, soit volontairement éventé, allégé pour permettre à l'auditoire de s'élargir. Dommage car Someone Here Is Missing peut maintenant se résumer à l'histoire de sa pochette : le groupe avait choisi une illustration mais elle a été impossible à réaliser car trop ambitieuse. Le groupe avait sans aucun doute de grandes ambitions mais ils se sont eux-mêmes coupés les ailes.
1. Nothing At Best
2. Wake Up The Dead
3. The State We’re In
4. Preparation For Meltdown
5. Barely Breathing
6. Show A Little Love
7. Someone Here Is Missing
8. 3000 Days
9. So We Row