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Raton et la bagarre #15

jeudi 28 avril 2022
Raton

Amateur de post-musique, de breakdowns et de gelée de groseilles.

Alors même que je m'engage dans le précédent épisode à reprendre un rythme décent et à publier les Bagarres en début de mois, voilà que je me retrouve à la fin du mois d'avril pour parler des sorties de février et mars. Qu'importe, la sélection est aujourd'hui plus que juteuse.

Ces deux mois, et particulièrement mars, ont été l'occasion de voir la sortie de nombreux albums terriblement attendus par les étoiles montantes les plus stimulantes de la scène : Vein.fmSoul GloDrug Church ainsi que le retour inattendu de Blind Girls. À l'ombre des patrons, c'est aussi une foultitude de projets ultra rentre-dedans qui ont pu fleurir, avec une pleine brouette de terreau à mosh : GridironVolcanoForeign Hands ou encore XweaponX.

La saison appelle aussi au retour des concerts et les fans franciliens de hardcore ne tiennent plus en place car ils et elles peuvent désormais compter sur trois forces vives différentes. Les militants insatiables et inspirants de Arak Asso prévoient des plateaux complètement dingues avec des groupes régulièrement mentionnés ici (Cauldron, SPY, Restraining Order, Magnitude, Warfare) ; les tauliers de Paris Hardcore Shows s'occupent de la partie bêta pour se taper la truffe (No Pressure, Sunami, Pain of Truth, Three Knee Deep, Life's Question) ; et les petits nouveaux de Eiffel Assault Shows s'apprêtent à se faire une place de choix avec une date Sorcerer x Kruelty et une date hallucinante en partenariat avec Arak Asso : Zulu x Dare x Scowl x Rough Ground. Le reste du territoire n'est pas oublié avec des grosses énergies à Lyon, Rennes ou Nantes. Et rappelez-vous toujours que la scène vit surtout par les concerts et que c'est en allant voir nos groupes de hardcore qu'on créé un véritable élan et qu'on permet à des nouveaux groupes d'exister.

 

Soul Glo – Diaspora Problems
Hardcore / Hip-hop – USA (Epitaph)

Comme tous les groupes qu'on chronique depuis longtemps sans qu'ils reçoivent le succès mérité, lorsqu'ils accèdent à une reconnaissance critique et populaire, on ressent toujours un mélange de fierté et de frustration. Avec Soul Glo, j'ai tant de fois répété que la démarche artistique et politique du groupe était nécessaire que je ne peux pas décemment bouder mon plaisir de les voir célébrés un peu partout.

C'est la quatrième fois (ici, et aussi ici) que Soul Glo apparaît dans une Bagarre, mais la première fois que c'est pour un album. Je n'ai jamais été un grand fan de leur LP précédent, "The N**** in Me Is Me", sorti en 2019, qui me sonnait trop disparate et manquant de véritables bangers. Mais à partir de "Songs to Yeet at the Sun" c'est un sans faute où chaque style et chaque émotion explorée par le groupe transpirait la sincérité, l'efficacité et l'urgence.

Le passage à l'album longue durée après ces trois formidables EPs est donc un grand défi. Très largement relevé par le groupe de Philadelphie. Dans la continuité des propositions précédentes, Soul Glo confirme avec "Diaspora Problems" une direction clairement hardcore ou les phrasés hip-hop se mêlent plus harmonieusement avec l'instru saturée. A l'exception du très bon "Driponomics" qui fonce dans le hip-hop indus à la .clipping sans inclure les éléments hardcore.
Quant aux genres périphériques (screamo, powerviolence, thrashcore), ils sont mieux digérés et intégrés dans une recette plus fine et subtile. Seul le saisissant "John J" emprunte une route ostensiblement screamo avec les chants hallucinés des guests Zula Wildheart et Kathryn Edwards (Thirdface).

D'ailleurs si tous les featurings de cet album semblent aussi pertinents, c'est que Soul Glo étend la radicalité de son art aux personnes qui figurent sur l'album. Le groupe est marqué par un discours politique radical sur la situation des afro-américains, les perspectives créatrices de la communauté et les intersections entre discriminations raciales et précarité économique ou inégalités de santé. Ce n'est donc pas surprenant que toutes les personnes invitées soient issues de la communauté afro-américaine et participent à leur niveau à une parole nécessaire d'émancipation.

La férocité du groupe semble être à son paroxysme, comme sur "The Thangs I Carry", parfait dans son équilibre entre désespoir et agressivité.  Et comme pour rendre hommage à ses productions passées, Soul Glo repasse à un titre de morceau tout en majuscules sur "GODBLESSYALLREALGOOD", probablement l'un des meilleurs morceaux du disque. Sur "Diaspora Problems", toute la force de Soul Glo est démontrée : une énergie militante hallucinante portée par une rage chaotique et une instrumentation plurielle, du mélancolique au batailleur old school.

 

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Gridiron – No Good at Goodbyes
Beatdown / Rap metal – USA (Triple B)

La première fois que je vous parlais de Gridiron, c'était dans la Bagarre #7 pour vous faire l'apologie éhontément stupide de leur premier EP, paru fin 2020. Pour vous refaire le contexte, Gridiron c'est Tyler Mullen de Year of the Knife, les deux guitaristes de Never Ending Game et d'autres joyeux drilles habitués des moulinets beatdownisés de la côte Est. Vous comprendrez donc que ça fait bien longtemps que le cerveau de nos petits camarades s'est échappé par leur nez durant un énième mosh pit.

Si le premier EP mettait l'emphase sur un beatdown de rue, avec les riffs obligatoires de Slayer et des références appuyées au hardcore de Pennsylvanie, de Krutch à xRepresentx en passant par No Retreat, leur premier album confirme un tournant ostensiblement rap metal. Le chant est très majoritairement rappé sur des instrumentations sanguinolentes, entre metalcore et beatdown de patapouf barbare. Ça pourra inquiéter certain.e.s d'entre vous, mais rassurez-vous, Gridiron est à la pointe de son art et pas un seul morceau ne souffre d'une éventuelle inefficacité. Tout est admirablement calibré pour imprimer ses phalanges sur des joues semi-consentantes dans la fosse. Les oreilles hardies auront même reconnu un riff chipé à Bolt Thrower sur "Brothers In Arms (12th Man)".

Comble des efforts dans la bêtise, au point que ça en devient hilarant, Gridiron invite trois de leurs copains : Brody King, catcheur et chanteur dans God's Hate, Jason Petagine chanteur de Mindforce, Pillars of Ivory et Out for Justice et pour finir en beauté, Michael Smith, guitariste chez Hangman et chanteur de Pain of Truth. Vous l'avez deviné : pas un pour rattraper l'autre et compter au-delà de 12.

 

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Vein.fm – This World Is Going to Ruin You
Metalcore – USA (Closed Casket / Nuclear Blast)

"Errorzone", le premier disque de Vein, avait plus ou moins mis tout le monde d'accord. Metalcore chaotique, nourri aux influences nu metal vieillies en fûts, le groupe de Boston trouvait un juste milieu entre le revival de sonorités début 2000 et une nouvelle scène dont il a contribué à poser les premières pierres. 

Mais le premier disque peinait à dépasser un écueil que le second ne réussira pas mieux à éviter : l'homogénéité. Les disques de Vein.fm (leur nouveau nom depuis 2020) partent dans tous les sens et ont tendance à perdre l'auditeur avec des transitions aux fraises, des tracklists bizarrement construites et une difficulté évidente à gérer les progressions.
Ce défaut culmine avec ce nouvel album, "This World Is Going to Ruin You". La première moitié défonce les portes du saloon avec un metalcore ultra-saturé et dissonant. Mais d'un coup, sur le quatrième titre, alors que tout ce qui précédait n'était que hurlements et explosions crispées, un refrain en voix claire arrive soudainement, assuré par le grand Geoff Rickly de Thursday. S'il n'est pas de mauvais goût, il contraste très curieusement avec le reste de la démarche artistique du groupe.

Même constat avec "Wherever You Are", interlude menaçant qui tombe comme un cheveu sur la soupe après la pétarade à deux cents à l'heure de "Lights Out". Le morceau suivant, "Magazine Beach", propose une sensibilité metal alternatif qui, encore une fois, peine à se mêler au metalcore urgent.
Ce genre d'exemples constellent le disque : les platines nu metal de "Inside Design", le featuring du rappeur BONES sur "Orgy in the Morgue", l'esthétique éthérée de "Wavery", etc. Alors qu'ils auraient pu donner à l'album cet agréable côté aventureux, ils le rendent pataud, balourd et souvent incohérent ; comme si les morceaux avait été collés entre eux sans grand soin.

L'auditeur.trice est donc constamment chahuté.e entre différentes ambiances contradictoires, parfois réussies mais si contrastées qu'il est compliqué de s'y retrouver. À l'instar du (trop) long ultime morceau "Funeral Sound" qui porte pourtant de bonnes idées.

 

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Blind Girls – The Weight of Everything
Emoviolence – USA (Zegema Beach)

Blind Girls fait partie de ces groupes dont on ne parle pas assez, des groupes qui se font piquer la vedette par des moins méritants (si tant est que le mérite puisse exister en musique) ou des moins brillants.
Le projet australien avait sorti son premier album, "Residue", en 2018, qui était immédiatement devenu une sorte de mètre étalon pour le revival emoviolence. Stature assez personnelle, car il faut avouer que c'est surtout Loma Prieta et Lord Snow qui revendiquent ce titre. Mais comme ces deux derniers ont tendance à me laisser assez indifférent, je me suis rabattu sur Blind Girls, Nuvolascura et Ostraca.

Quoiqu'il en soit, avec un deuxième album que personne n'attendait vraiment, Blind Girls vient remettre l'église au milieu du village en livrant un pavé de 21 minutes d'emoviolence revêche. Comme sur le premier opus, c'est le chant de Sharni Brouwer qui porte le disque. La chanteuse vocifère par-dessus le déferlement de dissonance, furieuse et glaçante d'émotion.
Mais si le chant est aussi saisissant de passion, c'est surtout grâce à la grande dextérité et la versatilité des guitares de Julian Currie et Luke Sweeney. S'inspirant des jeux de texture du post-rock, des arpèges math et de l'angularité des riffs screamo, les deux musiciens parviennent à transmettre énormément de choses par delà le chaos sonore, comme l'illustre à merveille le titre "Robots Can't Tick Boxes".
"The Weight of Everything" est un album impressionnant, loin de démériter par rapport au premier et qui, j'espère, donnera au groupe la crédibilité et l'attention qu'il mérite très largement.

 

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Drug Church – Hygiene
Post-hardcore / Rock alternatif – USA (Pure Noise)

Autant le dire de but en blanc : je ne suis pas un grand fan de Drug Church. Je reconnais leur énergie nonchalante ainsi que leur capacité à composer des tubes solaires, mais globalement ça m'emmerde dans les grandes largeurs. "Cheer" avait ses moments, mais tout finissait par se ressembler sur trente minutes souvent bien monotones. Heureusement l'EP "Tawny", paru en juin 2021, me plaisait davantage avec ses petites sonorités post-punk et une couleur un brin plus mélancolique.

Ca augurait donc du bon pour "Hygiene", mais à priori c'est râpé. Ce quatrième album est une nouvelle étape dans la transformation du son de Drug Church vers quelque chose de plus lumineux et de moins rugueux,. Le premier album des Américains était bien plus hardcore, mais petit à petit les sonorités rock alternatif et post-hardcore sont devenus majoritaires, comme en témoignent les refrains plus lisses et accrocheurs de ce disque, sur "Super Saturated" par exemple.

Plus mélodique, le groupe se rapproche avec "Hygiene" de ce que peut déjà proposer Fiddlehead, tout en gardant des gros tubes à l'allure d'hymnes comme "Million Miles of Fun", indéniablement réussi. Mais à part ce grand moment de bravoure, peu d'éléments retiennent mon attention. Peut-être dois je m'avouer que ce groupe n'est juste pas pour moi.

 

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Foreign Hands – Bleed the Dream
Metalcore – USA (DAZE)

Si DAZE est habitué à sortir la crème de la stupidité à breakdowns, on retrouve parfois d'autre styles tout aussi intéressants. C'est le cas de Foreign Hands qui sort avec "Bleed the Dream" sa première production depuis trois ans. Les Américains formulent un hommage évident au metalcore pluriel, mélodique et riche des années 2000 à la Poison the Well ou Skycamefalling (deux groupes exceptionnels trop souvent oubliés).

Chaque morceau comporte plusieurs sections, des changements de rythme, de riffs et de types de chant. Le plus surprenant c'est qu'un groupe ne maîtrise habituellement pas tous ces registres. Mais Foreign Hands maîtrise le metalcore à dissonance, le metalcore mélodique plus onirique, le chant scandé avant les breakdowns sauvages et même le petit chant clair aux touches emo de "A Cardiac Winter" (impossible de ne pas y voir l'influence de "The Opposite of December").
On pourrait reprocher au groupe de trop jouer le jeu du worship, sauf qu'il le fait avec autant de talent que d'aisance et que je n'ai définitivement pas l'impression d'écouter une resucée d'un disque de l'époque.

 

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Volcano – Fool 2 tha Game
Beatdown – USA (DAZE)

Comme mentionné juste au-dessus, DAZE est un label habitué au hardcore de voyou avec des sorties plus nigaudes les unes que les autres : All Due Respect, Out for Justice, Momentum, Ends of Sanity... la fine fleur du beatdown et du metalcore, quasi-exclusivement de la côte Est.

Et Volcano en est le nouveau représentant. Dès les premiers riffs étouffés en mid-tempo et la batterie claquante façon batterie de cuisine, on sait où on met les pieds. Le chant saccadé à la Rapetou du noyau dur ne vient que confirmer les premières intuitions : Volcano est un groupe qui se partage les neurones comme une denrée rare. Les fans de Never Ending Game, Out for Justice, Gridiron et Pain of Truth se sentiront à la maison face à cette délicieuse stupidité viscérale.

Le front au sol, Volcano avance les poings en avant. Un metalcore beatdownisé, lent et crasseux, aux riffs poisseux qui sentent la sueur à travers les débardeurs camouflage et à la batterie perforante, assassine. Vous ne serez donc probablement pas surpris.e.s d'apprendre que deux membres de Sanguisugabogg (death visqueux), dont le batteur, sont dans Volcano.
En somme un disque qui sonne l'heure d'imprimer ses semelles sur les joues de ses petit.e.s camarades de jeu. Pas vraiment une ôde à la finesse et à la mesure, mais qu'est-ce qu'on se marre.

 

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Venom Prison – Erebos
Death mélo / (Deathcore) – Royaume-Uni (Century Media)

On pouvait s'en douter, Venom Prison confirme son éloignement des sphères hardcore pour se rapprocher du death metal mélodique. On en sentait déjà les prémices sur "Samsara" et sur les nouveaux morceaux de "Primeval", mais cette fois c'est confirmé : "Erebos" est un disque de melodeath.
Et pas un mauvais, il faut l'avouer, mais je ne peux pas cacher qu'avec cette orientation, Venom Prison me parle moins qu'avant. Les quelques touches deathcore ne viennent pas vraiment relever un mélodeath, certes intense et vibrant, mais alourdi par des gimmicks d'écriture (beaucoup de phrases scandées jusqu'à l'usure) et de composition. Il faut toutefois reconnaître au disque une grande variété pour 50 minutes, avec beaucoup de changements de rythme, des passages en chant clair intelligents et beaucoup d'idées parsemées (le riff final de "Technologies of Death" pour n'en citer qu'une).

Mais surtout, allez lire la très bonne chronique de Pingouin qui en parle avec plus d'éloges et de détails.

 

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XweaponX – Demo
Metalcore – USA (auto-prod)

Straight edge lives strong. On aura du mal à affirmer le contraire face à la qualité du revival metalcore straight edge 90s qui sévit autant aux Etats-Unis qu'en Europe. Au mieux XweaponX ne vous dit rien, au pire leur nom vous fait pouffer de rire. Laissez-moi vous dire à quel point vous avez tort.

Une petite lumière doit s'allumer quand on lit "Louisville, Kentucky" sur le Bandcamp du groupe. La ville est devenue un carrefour du hardcore moderne depuis le succès éclatant de Knocked Loose. Ça tombe bien, les guitariste et chanteur Isaac Hale et Bryan Garris font aussi partie de XweaponX. Bryan a cédé le micro au petit nouveau Dave pour s'occuper de la basse et c'est son petit frère qui prend la batterie.

Contrairement à Knocked Loose et Inclination, XweaponX livre un metalcore straight edge définitivement old school, avec le jeu de batterie traditionnel et une guitare pesante qui cède moins que ses comparses à l'appel du breakdown sauvage. C'est contenu et maîtrisé, même si c'est parfois un peu sage et que j'aurais apprécié des passages plus personnels.
Mais c'est surtout résolument straight edge : le groupe le répète dans quatre titres sur cinq et en adopte tous les codes stylistiques dans les paroles. Fidélité, engagement, résolution, trahison des pairs, discipline, tout le cahier des charges sXe est respecté. Et c'est même comme ça que se clôt l'EP à la fin du dernier break : "I'M STRAIGHT EDGE IN SPITE OF YOU" (je suis straight edge malgré toi).

 

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Warfare – Doomsday
Hardcore – USA (Triple B)

Loin d'être la sortie la plus marquante de la sélection, l'album de Warfare est quand même une sucrerie pour celles et ceux qui aiment le hardcore frénétique, à l'ancienne et lancé à pleines turbines, façon vieilles casseroles attachées au pot d'échappement.

D'autant plus que le groupe n'est constitué que de grands vétérans de la scène hardcore de Boston (principalement). Si la figure la plus connue est la star Justice Tripp, chanteur de Trapped Under Ice et Angel Du$t, des membres de Fury ou Trash Talk composent également le fabuleux line-up de Warfare.
Dans une approche touka touka vieille école, les cinq zouaves déroulent un hardcore peu surprenant et peu créatif, mais à qui on ne demande pas franchement de l'être. La pochette tape-à-l'oeil, les featurings de Brody King (God's Hate) et Chris Ulsh (Power Trip) ainsi que le mastering par Will Killingsworth indiquent tous la même chose : une pure volonté de faire du hardcore rapide, nostalgique, sans vraiment rien en attendre de plus et sans prétendre assurer une quelconque relève.

Et parfois, cette humilité et cette immédiateté font du bien à être rappelées dans le hardcore.

 

Defacto en scripture – Sardonic Entropy Nexus
Screamo – USA (Middle-Man)

J'aurais aimé pouvoir vous en faire une entrée détaillée, mais c'est un tel bazar que je préfère vous le laisser là et vous laisser en faire ce que vous voulez. Pour la faire courte : Edie Quinn, la personne derrière l'excellent label Middle Man Records et la moitié des groupes de screamo américains actuels (Coma Regalia, Déraciné, etc.) décide de faire un album ALL STAR de screamo avec littéralement tout le monde. Accompagné de Tom Schlatter à la basse (Hundreds of AU et beaucoup d'autres projets), Edie (qui s'occupe de la batterie) a envoyé toutes les lettres d'invitation qu'il a pu pour composer le plus beau panorama de personnes qui font la scène dans toute sa diversité : hommes, femmes, cis ou trans, racisées ou non.

Parmi les plus connu.e.s : Pierce Jordan de Soul Glo, Jeremy Bolm de Touché Amoré, Seth Babb de Funeral Diner, Megan Cadena-Fernandez de Foxtails, Steph Maldonado de Lord Snow, Logan Rivera de Gillian Carter ou encore Kathleen Stubelek de Circle Takes the Square.
Mais ça n'en est qu'une fraction car l'album compte 28 morceaux et quasiment autant de personnes derrière le micro. L'album est évidemment décousu, même si ça aurait pu être pire, et ne marque que par l'ardeur de sa mission et la puissance de son message (ce qui est déjà pas mal).

 

Que vous en revouliez ou pas, voici ma charmante déchetterie aux disques qui n'ont pas passé la sélection royale, mais qui méritent tout de même votre auguste intérêt.

  • Alors là, ne vous attendez pas à de la grande poésie. SPY, les rois de la majuscule dans le hardcore, s'associent à Maniac, autre groupe de hardcore à mosh,  pour un split sur Triple B Records. Sept minutes de boucan à larsens et touka touka sans grande surprise, mais avec un indéniable plaisir régressif.
  • Les Britanniques de Chalk Hands, après un EP et un split, sortent leur premier album et c'est assez brillant. Du screamo varié, qui a pris du post-rock autant que du post-hardcore, avec plein de couleurs différentes comme pour aller parler aux fans de Dreamwell et Birds in Row (oui je l'ai dit).
  • Les petits zinzins seront ravi.e.s de pouvoir écouter le premier LP de p.s.you'redead qui, comme son nom l'indique, est un groupe de sasscore chaotique à la sauce revival MySpace. Le projet new-yorkais aura tôt fait d'être rangé aux côtés de SeeYouSpaceCowboy car même style et tous deux menés par une femme trans, mais p.s.you'redead approche le sujet d'une manière différente et avec talent, sans être un énième tapage de nerfs.
  • Si cette sélection est trop bête pour vous, il vous reste bien le nouvel album des Britanniques progressifs de Rolo Tomassi. Le hardcore se fait un peu plus discret dans la recette mais nul doute que ça vous parlera quand même.
  • En France, les Lyonnais de Boucan (meilleur nom de groupe) viennent de sortir leur premier longue durée. Majoritairement instrumental, il oscille entre noise rock et post-hardcore à basse apparente. Support your local scene, vous connaissez la rengaine mais c'est comme appeler sa grand mère, on le fait pas suffisamment.
  • Viva Belgrado a sorti le deuxième épisode de sa série d'EPs "Paralelos / Meridianos". Le premier voyait le groupe revenir à du screamo plus frontal que leurs essais post-hardcore récents. Mais ce second fait davantage vache maigre, avec un seul titre inédit, même si très bon, "Pena Sobre Pena", et une reprise acoustique raccourcie d'un titre du dernier album. Mais rien que pour le premier morceau, qui rappelle les meilleures heures du début du groupe, l'écoute de cet EP est recommandée pour les fans.
  • @mes straight edge sûr·e·s, il y a le nouveau projet floridien de metalcore xHourglassx. Ça a été déniché par Pingouin donc ça peut pas vraiment être mauvais (suivez-le sur Bandcamp, il est trop fort).
  • Pour votre dose d'emoviolence, il y a le premier album des Israéliens d'Atameo. Je ne l'ai pas trouvé particulièrement marquant, très classique dans son approche (ça s'appuie évidemment sur Orchid), mais c'est bien envoyé.