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5 ans.
C’est la période qu’il aura fallu attendre entre la sortie de « Y Correra Tu Sangre », la toute première démo d’Impureza, et ce premier album. Avec déjà 4 démos et 2 splits (dont un avec les Polonais d’Hellspawn et les Italiens de Hateful), il s’agit donc du premier véritable album des Orléanais. Et je ne vais pas y aller par quatre chemins : cette galette est pour moi une révélation, un gros coup de massue dans la gueule (ça veut dire que j’ai aimé, pour ceux qui auraient encore des doutes sur mes penchants sado-maso), et tout simplement le meilleur album death que j’ai eu entre mes oreilles en cette année 2010 !
Le style d’Impureza puise principalement dans deux styles pourtant opposés : le death metal (voire le brutal death) et… le flamenco. Alors je vois déjà le Philippe Lucas qui est en vous se plaindre : « Le flamenco f’est pour les gonzeffes, les tafioles, moi j’fuis pas une danfeuse qui tortille du cul ! » (plus dur à imiter par écrit qu’à l’oral le Philippe). Et c’est là que vous avez bien tort : Impureza puise ses mélodies dans la culture hispanique, nous propose de magnifiques passages flamenco, mais les zicos sont toujours là pour nous rappeler qu’ils sont là pour envoyer du lourd !
Lorsqu’on mélange des styles radicalement différents pour faire original et se créer une identité à part, c’est vrai que le risque est d’en faire trop, quitte à faire passer le metal au second plan. Mais les quatre compères d’Impureza ont tout compris, et les touches de flamenco sont utilisées avec parcimonie, tantôt en introduction, tantôt pour faire le pont entre deux passages death.
Ce qui impressionne au final, c’est surtout cette aisance dans le passage d’un genre musical à l’autre : on ne voit rien venir, tout coule de source et finalement, l’essai du melting-pot des influences telles que Morbid Angel ou Immolation couplées au flamenco est amplement transformé !
Le tout est tellement bien exécuté qu’on s’imagine aisément Antonio Banderas et son masque de Zorro tailler en pièces le Sergent Garcia (passage brutal), puis sauver une « linda doncella », lui faisant dans la foulée l’amour sauvagement (pont flamenco)… et là, des mécréants arrivent, Zorro se retire (sans oublier de signer la donzelle de la pointe de son épée) et la boucherie reprend de plein pied (reprise du passage brutal) !
Dans la démarche, il m’est impossible de ne pas évoquer Nile : même façon d’intégrer des mélodies exotiques au brutal death, mêmes interludes utilisées avec précision… Mais Impureza va encore plus loin, puisque les vocaux (au passage, impressionnants) sont entièrement chantés dans la langue de ce cher Don Diego de la Vega ! Je ne peux donc malheureusement pas vous dire de quoi les textes parlent, étant à l’époque du collège/lycée uniquement motivé par la (superbe) paire de « tetas » de la prof d’espagnol (ce n’est pas un mythe !)… Mais au final, que l’on comprenne ou pas, l’effort est louable, d’autant plus que le phrasé espagnol renforce cette sensation d’exotisme, déjà présente grâce aux mélodies.
Les Orléanais, qui ont également bien soigné l’artwork de leur disque, ont même été jusqu’à se trouver des surnoms qui collent au groupe ! C’est ainsi qu’Impureza est composé de Lamas, Guillermo, Rafael et Lionelito (désolé fallait que je les cite au moins une fois, je trouve ça trop drôle !).
On se laisse prendre dans l’univers des « muchachos », on headbangue, un grand sourire sur la gueule, sur les rythmiques prenantes de « Marranes », et l’introduction de l’excellent « Las Iglesias del Odio » donnerait presque envie de sortir la tenue de flamenco pour exécuter quelques pas de danse ! Chaque instant de l’album se savoure, et chose rarissime dans la musique aussi brutale, s’assimile avec une grande facilité. « La Luz de la Luna Negra » en est le parfait exemple : il suffit d’écouter ce chef d’œuvre de plus de 6 minutes une seule fois pour mémoriser les riffs, notamment grâce aux mélodies hispanisantes , et à ce break imparable suivi de rythmiques écrasantes ( à 1 : 10, puis à 4 : 20) qui feraient sauter dans tous les sens un cul-de-jatte ! (morceau d’ailleurs disponible sur le Myspace du groupe)
Plus j’écoute cet album, et plus j’ai l’impression de tenir entre les mains The Next Big Thing ! J’espère ne pas me tromper (j’avais eu cette même impression pour Pitbulls in the Nursery, on l’attend toujours le deuxième !), car les Antonio Banderas du metal français le mériteraient amplement. A noter la production signée Stéphane Buriez qui fait honneur aux compositions du groupe (malgré une batterie un peu synthétique, mais honnêtement on s’en fout, ça envoie point barre !), comme d’habitude.
A acheter d’urgence et à savourer en se gavant de churros !
1. El Gitano Maldito
2. Marranes
3. La Luz de la Luna Negra
4. Besar la Mano Del Infame
5. Las Iglesias Del Odio
6. Il Corre La Sangre
7. La Checa Del Perverso
8. En el Desierto de la Creencia