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Album

04 décembre 2020 - ZSK

Depravity

Grand Malevolence

LabelTranscending Obscurity Records
styleDeath Metal
formatAlbum
paysAustralie
sortiedécembre 2020
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Le temps est propice à un petit disque défouloir, mmh ? On se replonge donc dans la pure brutalité avec le second album de Depravity, groupe que l’on avait découvert il y a 2 ans avec la sortie de leur premier méfait, Evil Upheaval. Les aéroports sont globalement au ralenti mais Depravity ramène un peu d’Australie chez nous. Enfin il s’agit surtout d’un groupe qui arbore toutes les couleurs du monde vu que son Death-Metal sonne autant polonais qu’américain voire même italien. Avec Evil Upheaval nous avions donc découvert un groupe qui brassait large, brutal et technique, classique et moderne, lourd et dynamique. Une recette attendue mais qui fonctionnait à merveille. Deux ans plus tard, pas grand-chose n’a bougé, déjà au niveau du line-up qui est toujours le même autour du batteur Louis Rando (Impiety), toujours chez le label indien Transcending Obscurity, et toujours avec un mix & master aux Hertz Studios ? Je n’ai pas pu trouver ou confirmer l’info mais on reconnaît quand même la patte de sonorisation si chère à l’inénarrable studio polonais. C’est d’ailleurs cette mention « studios Hertz » qui m’avait fait pencher sur le cas de Depravity il y a deux ans, et on savait bien ce qu’on allait y trouver. Le groupe continue maintenant son petit bonhomme de chemin avec un deuxième full-length, Grand Malevolence, qui à l’image à nouveau de sa pochette, ne trompera pas sur la marchandise : c’est du Death-Metal bien cossu et remuant qui nous attend.

Doit-on s’attendre à des évolutions avec ce genre de groupe bien rentre-dedans ? La réponse n’est pas forcément non. Mais si bien sûr on se retrouve dans la lignée de Evil Upheaval, Grand Malevolence va néanmoins montrer un Depravity qui va aller encore un poil plus loin : plus brutal, plus moderne, plus sombre, plus fort, plus tout finalement. On note un léger pas vers plus de noirceur, même si les Australiens ne vont pas aller aussi loin que ce que les suisses de Near Death Condition avaient fait entre The Disembodied - In Spiritual Spheres et Evolving Towards Extinction. On note donc également un léger pas vers plus de modernité, mais Depravity ne va certainement pas se transformer en groupe tendance Deathcore, même si on peut toujours le rapprocher d’un Trigger The Bloodshed par exemple. On note aussi un léger rééquilibrage vers plus de brutalité, le tempo s’abaisse toujours à certains moments mais quand Depravity bourre, il ne le fait généralement pas à moitié. Ses influences sont toujours larges, se ressentent à chaque instant même si faire un name-dropping serait finalement fastidieux, mais son style urgent et sans compromis mais toutefois technique est déjà devenu une marque de fabrique. 11 morceaux pour presque 50 minutes (10 de plus que Evil Upheaval), c’est peut-être beaucoup pour ce genre de groupe qu’on ne peut pas réellement qualifier de progressif, mais si on veut un défouloir qui ne se calme que très peu, c’est du caramel. Et quand les musiciens sont inspirés et en forme de compétition, autant dire qu’on en aura pour son argent (ou pour rentabiliser son abo à Spotify et consorts).

Les hostilités débutent par "Indulging Psychotic Thoughts", et en l’espace de quelques secondes, on se croirait replongé dans le Kingdoms Disdained de Morbid Angel. Cela va donner le ton d’un album un poil plus sombre mais qui ne néglige pas la brutalité, bien au contraire. Ce morceau d’ouverture passe déjà par toutes les humeurs, entre lourdeur légèrement ésotérique, gros accès de brutalité, et incursions techniques ou modernes, avec d’ailleurs quelques vocaux criés. Le morceau-titre embraye le pas de la même manière et on confirme déjà que Depravity est en grande forme, et va tenter de confirmer et dépasser Evil Upheaval. La majeure partie du temps, il cogne donc très dur avec masse de morceaux frontaux et de compos massives ("Invalid Majesty", "The Coming of the Hammering", l’expéditif et bien nommé "Barbaric Eternity", "Epitome of Extinction"), le genre de Death bien brutasse qui va c’est sûr réveiller vos instincts primaires. La lourdeur est aussi au rendez-vous, entre quelques ralentissements ici et là et des morceaux plus rampants comme "Trophies of Inhumanity" et "Castrate the Perpetrators", le temps de travailler quelques ambiances d’ailleurs (on aura même le droit à un final acoustique pour "Castrate the Perpetrators", la seule véritable respiration du disque), mais Depravity repart bien vite au combat derrière (à l’image de "Trophies of Inhumanity" dont la seconde partie est à nouveau plus véloce). Deux composantes classiques de ce genre de Death-Metal mais Depravity parvient tout de même à surprendre un tantinet, notamment avec ce morceau très moderne qu’est "Cantakerous Butcher", où l’on partirait presque dans des compos plus mélodiques et des breakdowns et où le chant crié est à l’honneur, mais on est plus dans le registre d’un The Black Dahlia Murder que du Deathcore. Ouf.

Inspiré, ne faiblissant techniquement que rarement (avec masse de solos enflammés) et s’offrant d’ailleurs un final d’album assez mordant entre le plus technique "Hallucination Aflame" et la conclusion plus épique et très touffue qu’est "Ghosts in the Void", Depravity s’offre avec Grand Malevolence une belle performance. Après, il n’est toujours pas très original, même si c’est toujours bon signe quand on évoque 66 groupes différents sans pour autant mettre un ou deux noms précis pour pouvoir dire « c’est un clone/suiveur de… ». Dommage malgré tout que ce Grand Malevolence soit assez linéaire, sans véritable morceau de référence même si l’album démarre bien sur la doublette "Indulging Psychotic Sounds" - "Grand Malevolence", que les bien brutaux "Barbaric Eternity" et "Epitome of Extinction" ne sont pas en reste, et qu’on retiendra avec satisfaction la palette technique d’un "Hallucination Aflame". Ultra-efficace quand il bourre menu, Depravity convainc un peu moins sur les compos plus lourdes, ce qui engendrera une petite baisse d’intensité sur le milieu d’album avec "Castrate the Perpetrators" et le plus anecdotique "The Coming of the Hammering". Grand Malevolence n’est donc pas encore un album parfait, il confirme surtout les dispositions du groupe après Evil Upheaval, et montre les possibilités d’évolution d’un groupe qui petit à petit repousse ses limites. Si vous ne vous étiez pas penchés sur le cas du groupe australien il y a deux ans avec Evil Upheaval, autant dire que c’est le bon moment, tout le monde a de la frustration à évacuer en ce moment et ce genre de Death-Metal sans compromis arrive à point nommé. Il y a plus « bête et méchant », et Depravity sera probablement trop moderne pour certaines oreilles, mais en termes de Death-Metal qui ratiboise, ce groupe sans prétention fait le taf et, comme on le dit trivialement, « défouraille et nettoie vos cages à miel ». Emoji « Signe des cornes avec les mains ».

 

Tracklist de Grand Malevolence :

1. Indulging Psychotic Thoughts (4:08)
2. Grand Malevolence (3:25)
3. Invalid Majesty (4:17)
4. Cantankerous Butcher (4:43)
5. Trophies of Inhumanity (5:03)
6. Castrate the Perpetrators (5:02)
7. The Coming of the Hammering (5:34)
8. Barbaric Eternity (3:04)
9. Hallucination Aflame (3:51)
10. Epitome of Extinction (4:36)
11. Ghosts in the Void (5:24)

 

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